#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Prix St Valentin 2002

Prix St Valentin - interview du laur�at, Thierry Luterbacher


Le prix Saint-Valentin ? Vous n�avez pas entendu parler du prix Saint-Valentin, et de ses deux initiateurs Marie-Laure Lavenir et Thierry Nahon ? Cela fait pourtant quatre ans qu�il existe, et qu�il tend � faire parler de lui de mani�re exponentielle. On a m�me cr�� une Acad�mie Saint-Valentin � l�occasion.

L�id�e est n�e d�une rencontre, d�une envie folle comme le disent si dr�lement les deux pr�c�dents. Marie-Laure, jeune femme pleine de talent, d�originalit�, charg�e de communication notamment dans le milieu litt�raire, romantique � souhait (elle, pas le milieu), d�cide de cr�er un prix du roman. D�cern� si et seulement si on tombe amoureux de sa fa�on de parler d�amour. Thierry, cr�atif et travaillant plut�t dans l�audiovisuel, se joint � elle, et monte le Saint-Valentin Film festival �les rendez-vous du film d�amour�. C�est dit : on c�l�brera le laur�at de la meilleure histoire d�amour.

Ils constituent un jury de gens de lettres et des arts, autour d�un prestigieux parrain, Patrick Poivre d�Arvor, et d�un Pr�sident diff�rent ann�e apr�s ann�e. En 1999, Ysabelle Lacamp remet � Virginie Despentes le prix, pour Les jolies choses. L�ann�e suivante, c�est Jacques Salom� qui r�compense Cet amour-l� de Yann Andr�a, r�cit de sa passion avec Marguerite Duras. C�est Charles Baxter et son Festin d�Amour qui remporte le prix 2001 (un stylo-sculpture de bronze et d�argent con�u par Michel Audiar, pi�ce unique d�une valeur de 3500 euros).`

Deux romans prim�s sont b�n�fici� de l�adaptation cin�matographique. Les laur�ats b�n�ficient de plus d�une promotion autour de leur livre (bandeaux gagnants, organisation de signature, mise en avant dans les librairies partenaires du prix). Les �tapes de la remise du prix se font en trois temps : annonce de la s�lection au cours d�un petit d�jeuner de presse, annonce du vainqueur lors d�un cocktail, remise du prix au cours de la Grande Nuit d�Amour, soir�e cette ann�e organis�e dans les magnifiques salons du Ritz, sur le th�me de l�Argentine. Car c'est bien ce qui s'est pass�... cette ann�e, le Ritz Paris a choisi de s�associer au Prix Saint-Valentin. Sans doute l'un des plus beaux �crins parisiens pour cette c�l�bration de la litt�rature amoureuse, arros�e ce soir l� par la cuv�e �Tr�sor�, de Bouvet-Ladubay (Saumur Brut), autre grand partenaire du Prix.

La Grande Nuit est une f�te bien sp�ciale, lors de laquelle on �change des num�ros rouges et verts au hasard, o� les couples se forment (� titre d�exemple Emmanuelle Gaume, qui y rencontra son Valentin actuel). Cette ann�e le Ritz a offert, comme cadeau de tombola, un week-end pour deux personnes dans une de ses plus belles suites, avec d�ners et petit-d�jeuners.

Le jury 2002 a �t� pr�sid� par Ursua Freiss et son �poux St�phane, et compos� de Marie-Christine Barrault, Catherine Enjolet, Emmanuelle Gaume, Ivry Gitlis, Ysabelle Lacamp, Anthony Palliser, Jacques Salom�, Pierre Vavasseur, Jean-Baptiste Tuzet, Christian Vincent, Daniel Vigne et Marl�ne B�lilos.
Pour la s�lection finale de cette ann�e : Un cerisier dans l�escalier de Thierry Luterbacher, O� es-tu ? de Marc L�vy, Les vies denses d�Emilie Fr�che, Le galant de Paris de Fr�d�ric Cl�ment, et le livre de Katherine Pancol Et monter lentement dans un immense amour.




Entretien avec le laur�at 2002, Thierry Luterbacher (�ditions Bernard Campiche), histoire de savoir ce qu�il pense de tout �a.

Vous �tes plus �crivain, peintre ou sc�nariste, ou encore metteur en sc�ne ?

J'ai besoin de toutes ces activit�s, elles forment un ensemble. Toutes partent finalement du m�me d�sir : celui de dire, de cr�er. Tout a commenc� pendant un r�ve d'enfant, apr�s avoir lu Le Grand Meaulne. Je me suis r�veill� et dit qu'il fallait absolument que je trouve un moyen de retenir ce r�ve. Je me suis mis � dessiner : le r�ve a �t� fix�, conserv�. J'ai d�cid� que mon m�tier ne pouvait �tre que cela. Ecrire, peindre, mettre en sc�ne, peu importe du moment que les choses sortent et restent.
Alors il y a des moments o� je suis plus dans un mode d'expression qu'un autre, et c'est vrai que pour l'instant l'�criture compte �norm�ment pour moi...

Un cerisier dans l'escalier est votre premier roman ?

C'est le premier publi�. J'en ai �crit beaucoup d'autres, que je n'ai jamais cherch� � mettre au grand jour. J'avais besoin d'�crire, pas de publier ! Alors ils sont l�, remis�s dans une armoire. Ce roman est le premier que ma femme ait trouv� bon. Elle est ma premi�re et plus grande lectrice...

Et votre plus grand critique...

Elle m'a dit qu'il fallait que j'en fasse quelque chose. Je n'ai rien fait dans les r�gles de l'art. Je refusais de passer par tous les affres dits "traditionnels", qui consistent � envoyer des manuscrits � tous les �diteurs. Je l'ai donc envoy� � un �diteur fran�ais, Actes Sud, et � un �diteur suisse, Bernard Campiche. On m'a dit que deux envois, c'�tait comme ne rien faire... le publication fut d'autant plus inattendue.

Et quand vous avez termin� ce roman, vous avez senti qu'il y avait une diff�rence avec les autres �crits ?

J'ai eu la sensation qu'il s'�tait pass� quelque chose de particulier, j'ai ressenti une esp�ce de chaleur. Comme quand vous vous trouvez dans une pi�ce inconnue, et que vous trouvez l'endroit pr�cis du lieu o� vous �tes � l'aise, � votre place. Ma femme et mon meilleur ami ont confirm� cette impression...

Qui a �t� elle-m�me reconfirm�e par la remise du prix St Valentin... Quid du prix Georges-Nicole ?

Il s'agit d'une r�compense jug�e sur manuscrit. Elle b�n�ficie d'une excellente r�putation en Suisse, et m'a permis de trouver un �diteur et de gagner 3000 francs suisses. Le manuscrit prim� a g�n�ralement un tr�s bon accueil � sa sortie. J'ai obtenu un autre prix, �mouvant parce que local, le prix de Litt�rature du canton de Berne.

Qu'est-ce que �a a chang� pour vous, tous ces prix ?

Pour le prix Saint-Valentin, c'est un peu trop t�t pour le dire ! Mais je ne pense pas que cela change quoi que ce soit � mon �criture, ni au reste. J'ai toujours �crit, sans la publication et sans les prix. Avant m�me d'avoir sorti le Cerisier, j'avais d�j� commenc� l'�criture d'un autre roman.

Vous �tes plut�t confiant...

C'est peut �tre l'�ge ! Je vais avoir cinquante-deux ans, et la fr�n�sie, je l'ai v�cue dans les ann�es 60 et 70, de mani�re tout � fait excessive. Je suis � la fois serein, je relativise et je prends de la distance vis � vis de tout ce qui se passe autour de moi. Je pense avoir un regard plut�t amus� et complice sur les choses, et garder les pieds sur terre ; par exemple sur la bousculade de cam�ramans et de photographes de lundi soir, lors de la remise du prix... Enfin, il y avait PPDA et c'est surtout lui qui les attirait ! J'ai observ� tout cela assez calmement, moi qui venais de mon petit village montagnard de deux cent habitants, sans �tre effray� outre mesure puisque je connais la vie parisienne pour l'avoir v�cue pendant pr�s de dix ans.

Mais c'�tait tout de m�me plaisant, cette r�compense !

Vous savez, je ne suis pas le genre de personne � faire des kilom�tres pour aller dans la confiserie chercher sa part de g�teau. Mais bien s�r, je ne la refuse pas si on me l'am�ne ! M�me jeune, je n'�prouvais pas ce besoin... Je voulais juste changer le monde, je suis un peu rest� un vieil anar avec des r�ves plein les yeux... qui veut lutter contre toute forme d'injustice. Ce qui compte pour moi, c'est l'�ducation de mes enfants, montrer les choses essentielles de la vie d'un homme : �tre ce que l'on enseigne, se battre pour ce que l'on croit et d�fendre les plus faibles...

Pourtant vous ne d�fendez pas beaucoup ce pauvre Miche, l'amoureux malheureux de votre roman...

Je ne le descends pas non plus et surtout je ne le juge pas ! J'ai beaucoup de tendresse pour lui, il conna�t les tourmentes de l'amour, mais il est �mouvant dans sa tourmente, il est � la fois victime et h�ros de l'histoire. C'est un homme qui sort de sa grisaille en d�couvrant l'amour.

Vous pensez qu'il faut avoir connu la grisaille pour pouvoir appr�cier les tourments de l'amour ?

Non, ce qui nous sauve dans l'existence, c'est la part d'enfance que vous avez su conserver en vous. La grisaille, c'est une invention des adultes.

Le titre "Un cerisier dans l'escalier" : c'est pour montrer que l'on peut �chapper � l'enfermement de la cage d'escalier, � ce qu'elle a d'obscur et de non-vivant ?

Une mani�re de montrer que m�me dans un escalier, dans une vie r�sign�e ou � l'�cart du monde (Miche et Lulu), une petite graine de lumi�re (Fadhila) peut faire �clore la beaut� du hasard... J'ai aim� explorer le c�t� terne de certains destins qui peut changer du tout au tout en n'importe quel endroit et n'importe quelle circonstance simplement gr�ce � la rencontre avec une femme. Le bonheur peut prendre racine dans les terres les plus arides.

Lulu a cette prescience incroyable : il sait qu'il ne faut pas qu'il s'attache � cette femme inconnue.

Je ne fais pas de plan quand j'�cris. Rien n'est pr�m�dit�. L'itin�raire de mes personnages suit le fil de mon imagination qui part d'une image : ici la place Godillot plong�e dans la nuit avec la lumi�re qui balafre la rue. Je d�couvre l'histoire en m�me temps que mes personnages.

La fin est donc venue � la fin.

Au bout d'un temps, j'avais plusieurs sc�narios de fin en t�te. Je garde constamment des bouts de papier sur moi, pour �crire la moindre des id�es qui me vient (il retourne ses poches et montre ses bouts de papier...) imm�diatement. Je ne peux pas attendre, je prends des notes � n'importe quel instant du jour ou de la nuit. Ces traces deviennent parfois quelque chose...

Lucien Luthier, votre h�ros ?

C'�tait une �vidence pour moi d�s le d�but : un homme tranquille. Qui avait d�laiss� le monde, s'�tait fait d�laisser par lui. Il ne demande rien � personne, et souhaite que personne ne lui demande rien. Il rencontre Fadhila au troisi�me �tage de son immeuble et ne lui propose que sa pr�sence. Son regard qu'il croise l'emp�che de simplement rentrer chez lui, m�me s'il n'arrive pas � lui parler, � la d�couvrir, � lui poser des questions. Ce n'est pas un bavard.

Fadhila est un personnage un peu irr�el, insaisissable...

C'est pour �a qu'il ne veut pas tomber ! Et elle poss�de un peu le m�me instinct de survie que lui. A la diff�rence qu'elle se cogne avec le monde pour le dominer, alors que lui l'ignore. Elle veut �tre libre de pouvoir aller et venir comme elle le souhaite, de continuer � frapper � sa porte quand elle en a besoin ou envie. Fadhila est d�sarm�e devant Lucien malgr� elle, et se prot�ge. Elle ne comprend pas pourquoi Lucien lui offre sa pr�sence, son silence, sans rien demander en retour, sans l'interroger.

Dans le roman, il y a deux types d'amour : celui, passionn�, que voue Lucien � Fadhila, et celui, plus tendre et plus calme, de Fran�oise surnomm�e Framboise.

Fran�oise, il la rencontre quand il est au fond du gouffre. Elle lui tend la main, alors qu'il semblait achev� de solitude et de d�sespoir. Elle le rassure par sa simple pr�sence, alors que Fadhila reste comme l'�toile de Brel... Fran�oise le r�concilie avec le monde.

Un peu � l'image de la cerise qui est en hauteur, plus inaccessible, et de la framboise, qu'on se baisse pour cueillir facilement sur son passage !

Ah, mais les framboises des bois peuvent �tres dangereuses ! A cause de leur emplacement (le bord des chemins) et de leur altitude (tr�s basse), les renards l�vent la patte dessus. En manger peut engendrer de terribles maladies...
Pour tout vous dire, Framboise vient d'un petit mot de mon fils, qui n'arrivait pas � prononcer correctement le nom de l'institutrice de son �cole enfantine, Fran�oise, qu'il aimait beaucoup...

J. L. N.



 
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