Quel peut bien �tre le lien entre Leonora Carrington, artiste peintre et �crivain surr�aliste des ann�es 60-70, compagne de Max Ernst � la fin des ann�es 30, et Felix Astor, 23 ans, jeune po�te slameur et intr�pide de nos ann�es sauvages ? Eh bien on parle peu d'eux. De l'une, on ne parle presque plus, voire jamais, et de l'autre, on ne parle pas encore. Avec quelques g�n�rations d'�cart, ils cultivent pourtant le m�me mot d'ordre : r�enchanter le r�el.
A l'heure o� la litt�rature bat de l'aile dans un r�alisme inqui�tant, morbide et n�vros�, � l'heure o� des courants litt�raires comme " La nouvelle Fiction " essayent malgr� tout de survivre et de se faire entendre (lire � ce propos le recueil de Jean-Luc Moreau paru chez Crit�rion, en 1992, intitul� � juste titre " La nouvelle Fiction " et regroupant entretiens et anthologies d'auteurs comme Fr�d�ric Tristan, Georges-Olivier Ch�teaureynaud, Hubert Haddad, Marc Petit�), � l'heure o� la notion du temps a presque fait le tour des publications en un si�cle sans pour autant retrouver de r�elle br�che vers l'espace aventureux du romanesque � proprement parler (hormis les cas de la nouvelle Fiction et quelques exceptions), il serait judicieux de jeter un �il sur ce qu'offrent ces deux noms-l��
" Le jour o� Carmella me fit pr�sent d'un cornet acoustique, elle aurait pu pr�voir les cons�quences de sa g�n�rosit� " : l'incipit du " cornet acoustique " d�j� en dit long et emp�che d'en dire davantage tant on serait tent� de raconter l'histoire rocambolesque qui s'offre � nous dans une g�n�rosit� narrative amus�e et amusante. Allez trouver des narrations g�n�reuses de nos jours, et surtout des amusantes car amus�es : il vous faudra vous lever t�t ou chercher dans les chemins de traverse, les sentiers non battus, bref, dans un quelque part qui r�serve quelquefois de bonnes surprises. D'ailleurs, le quelque part est l'enjeu majeur de ce roman : lieu o� habiter, o� trouver son rythme de vie ad�quat, o� cultiver un certain� oui, osons le mot, bonheur. Ou une certaine joie, � la rigueur. Et la joie, quand on la fait transpara�tre dans un humour aussi absurde que hilarant, n'est jamais vraiment loin de nous. Ce quelque part, pour la narratrice, c'est la Laponie. Eh oui, quand on se trouve dans un pays ressemblant fortement au Mexique alors qu'on r�ve du grand Nord, il y a de quoi �chafauder les plans les plus cocasses. Surtout quand on a 99 ans et la verve malicieuse de Leonora Carrington� A vous de jouer maintenant. Mais sachez que si vous ne trouvez pas " Le cornet acoustique ", " Le cornet acoustique " viendra � vous !
Idem pour Felix Astor, qui est venu � nous lors de la soir�e consacr�e � notre magazine, en partenariat avec la revue Technikart, et ce au haut lieu parisien d�nomm� " La Fabrique ", le mardi 26 juin dernier. Parmi quelques jeunes auteurs, trentenaires et relativement m�diatis�s tels Vincent Ravalec ou Guillaume Dustan, une forte t�te, inconnue peut-�tre, mais �tonnante par sa pr�sence et sa capacit� � se faire �couter (et non seulement entendre), a fait jour dans l'ambiance nocturne o� les mots rivalisaient avec le volume sonore de la musique et des brouhahas intempestifs. Forte t�te d'o� sortit une voix qui a r�ussi � d�clamer son texte, sans peur, sans reproche, et surtout sans papier. En s'emparant du micro F�lix s'est empar� de sa vie. Son �lan r�unissait la sinc�rit�, l'intelligence et l'engagement que n�cessite une telle performance orale. Une performance que le mouvement du SLAM multiplie � tour de gorges, entre la m�moire et les tripes, l� o� la po�sie ne prend plus de poses mais se pose. Devant nous, soudain r�veill�s, car interpell�s par ce que porte la voix qui nous parle. Une voix qui a quelque chose � dire, quelque chose � montrer, une image vivante et vibrante de l'hommage rendu � l'h�ritage litt�raire. Quelque chose � d�couvrir � sur www.slameur.com, par exemple.
La po�sie est loin d'�tre morte ou corrompue, qu'on se le dise bien ! Des gens comme F�lix sont l� pour nous le rappeler.


Bibliographie : Le corne

Richard Dalla Rosa