#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Le clone triste

 La possibilit� d'une �le
Michel Houellebecq
Fayard
Prix éditeur
22.00 euros

Encore rat�. Houellebecq n�aura pas eu la cons�cration de
l��lite mais continue � avoir celle du public, alors que La
possibilit� d�une �le
est son chef d��uvre...
Possiblement.


Daniel1, Daniel25� Entre eux, 24 g�n�rations de clones
imposant � chaque fois une dilution hom�opathique �
l�humanit� : la derni�re mol�cule est pourtant dans le corps de
Daniel25. Infiniment dilu�e mais toujours pr�sente, l��me,
comme un �ther, r�siste � toute dichotomie. On pourra
reprocher ce qu�on veut � Michel Houellebecq mais pas son
�troitesse de plume : il voit loin et large, le pitch de La
possibilit� d'une �le
s'en ressent.
A contrario, tous les rets que l�inhumain auteur tend � son �
h�ros �, Daniel, sont plus que triviaux. D�cr�pitude physique,
n�cessaire d�nivellation de la verge, gravit� de la paupi�re
et de la bajoue, nombril dardant les pieds� Michel Houellebecq
aime bien travailler dans l�arch�type et l�air du temps. Daniel est
l�urbain qui n�a pas connu de guerre ni de privation, et dont le
cynisme s�est joliment �panoui, telle une fleur malade dans le
velours tendu par ses parents et le conformisme contraint d�une
soci�t� en retour d�utopie comme il y a des retours de flammes.
Comique populaire de son �tat, sorte d�improbable chim�re
entre Desproges et Bigard, l�immense succ�s de Daniel tient �
la fois sa vulgarit� de bon aloi et � un sens suraigu du
communautarisme. D�o� le fameux � Broute moi la bande de
Gaza (mon gros colon juif) �, d�j� pass� dans les vannes grand
public. Mais si Daniel est dangereux, ce n�est que pour
lui-m�me. Etre dot� de cette arme terrible qu�est la r�flexivit� et
ne pouvoir la retourner que contre soi, aboutit au suicide
narcissique et n�a finalement qu�une conclusion : la souffrance
puis la mort de l��go, cet oisillon par� comme un aigle pour
briller au travail ou trouver un partenaire sexuel.

Messie des communs
Pauvre Daniel, Christ des poutres apparentes, envoy� au devant
de la Mort de ses organes, tritur�, d�falqu�, fractur� et� sauv�
par la religion. Attention pas n�importe laquelle. Pas ces
monoth�ismes de fond de mill�naires que Daniel/Michel
consid�re(nt) comme d�indiff�rentes passades : � peine
certaines de leurs messies, doutant de l�homme, th�saurisant
sur les espoirs de r�demption et de plaisirs c�lestes comme
autant de VRP en cr�dit � revolving �.
Non, foin de peuple �lu ou de troupeau b�lant. Cette religion est
une vraie, une belle qui tient ses promesses comme une arme :
celle de Ra�l et des �lohims. A la port�e du simple cotisant : la
vie �ternelle, sous forme de double h�lice ADN congel�e et la
survivance de l��me par le � downloading � m�moriel. Pour la
premi�re fois, une religion a la capacit� de combler les espoirs
qu�elle suscite. Le relativisme clinique de Michel Houellebecq
n�en demandait pas tant pour dilac�rer ce qui restait de
spiritualit� dans nos soci�t�s occidentales. M�me l�islamisme
ne sera l�h�raut que pour un temps bref, selon lui, de cette
certaine id�e de la religion qui nous valut les croisades
chr�tiennes. Les gens finiront par se lasser. Tout simplement.
Idem le sexe, alpha et om�ga de nos soucis, qui ne sera
finalement plus qu�un loisir avant de sombrer sous les plats
horizons.

A la fin, r�vons.
Il est entendu que Houellebecq est immens�ment
cosmologiquement m�me, nihiliste et, cons�quence physique
�vidente, froid et plat comme une limande congel�e. Mais
paradoxalement, cette froideur est le sympt�me d�un sentiment
humain, trop humain : la m�lancolie. Pas celle de l�ali�n� ou du
saint, mais au contraire celle du lord apposant son visage fin �
la fen�tre couverte de pluie, celle de l�artiste face � sa
d�r�liction. Transpos�e, elle est dans La possibilit� d�une
�le
la tristesse de l�homme pench�e sur sa queue
d�sesp�r�ment flaccide. Toute soci�t� n�a que les d�sespoirs
qu�elle m�rite et � beaucoup d��gards, Houellebecq ne fait que
nous rendre la monnaie de notre pi�ce soci�tale. Le monde
houellebecquien � 500, 1000 ou 2000 ans du n�tre n�est que la
r�surgence d�une rivi�re souterraine, aussi vieille que l��me. Le
� mal du si�cle � que pointait Chateaubriand est pour
Houellebecq celui d�une esp�ce. Les hommes du futur ont
vaincu tout sentiment � force d�aplanissement c�r�bral, reste le
� d�sir du d�sir �, qui, inocul� � Daniel25, procure � La
possibilit� d�une �le
une fin en suspension, moins
inexorable que ne laisse penser la machinerie nihiliste mise en
�uvre au fil du livre. Si m�me Houellebecq se laisse aller au
r�ve, tous les espoirs sont permis.

Laurent Simon



 
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