#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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 Cette vie mensong�re
Giuseppe Montesano
Cette vie mensong�re
Prix éditeur
18.00 euros

Natif du Sud de la botte italienne, Giuseppe Montesano
sonde de nouveau les profondeurs de Naples et de ses
autochtones, domin�s par une hi�rarchie sociale
symptomatique de l�ambigu�t� d�une soci�t� contemporaine qui
peine � trouver ses valeurs propres. Oscillation entre une
nostalgie d�un pass� riche mais r�volu, et les pauvret�s des
perspectives futures.


" O� commence la vie, l� finit le temps. " Comment ne
pas
�tre � la fois intrigu� et attir� par une petite annonce qui se cl�t
par une telle affirmation ? Surtout si l�on s�appelle Roberto, que
l�on cherche � �chapper aux mesquineries familiales sans pour
autant aspirer � embrasser une carri�re de livreur de pizzas.
Plus encore si l�on se trouve fr�quemment assailli par une "
sensation de vide en toute chose
" � laquelle l�on souhaite
rem�dier.
En r�pondant � une cette invite, le jeune homme se retrouve
subitement adoub� par un obscur artiste qui souhaite en faire
son secr�taire particulier. Ce d�nomm� Cardano, �poux d�une
fille Negromonte, la plus riche famille de la ville, m�prise au
plus haut point cette lign�e de parvenus incultes. Aussi est-ce
sur le mode du dandysme qu�il a choisi de vivre, opposant les
vers de Baudelaire au risible dialecte que sa belle famille
s�obstine � employer. Faisant l��loge du style et de l��l�gance �
l�encontre des pr�occupations terre � terre de la majorit�
environnante, s�enfermant dans un mysticisme aliment� par
diff�rentes substances

Propices � l�onirisme�

Ne vivant que la nuit, il entretient ainsi un d�calage permanent
entre l�univers au sein duquel il se complait et la r�alit�
environnante qu�il cherche visiblement � fuir.
Les contingences mat�rielles ne savent toutefois �tre
�ternellement �lud�es. D�autant que ses caprices requi�rent un
certain et co�teux entretien. Contraint de rejoindre la villa
Negromonte, il entra�ne Roberto dans son sillage.
R�gie sur le mode communautaire, la vie de ses diff�rents
membres s�anime au rythme des caprices du vieux p�re
invalide. Cette demeure d�un autre temps devient le th��tre
quasi unique d�une action en lieu cl�t. Au mysticisme po�tique
des d�buts succ�de un certain burlesque dans la peinture qui
est faite de cette famille " hupp�e ". Un temps seulement. Car
c�est avec une certaine gravit� que Montesano tourne en
d�rision l�inculture des bourgeois qui se r�fugient dans
l�accessoire (portable, Internet, d�tails insolites que la narration
fait surgir de temps � autre tels des anachronismes d�routants)
pour affirmer leur ad�quation avec la modernit�, au d�triment du
soutien d�une ambition honorable d�un programme de
d�veloppement social et culturel.
Si " le dieu de ce si�cle est la richesse ", ils en sont les
premi�res victimes. Ceux l� m�me qui seraient en mesure
d�ambitionner un changement en gaspillent les potentialit�s
sous l�effet de la cupidit�. Au lieu de cela, ils se mettent � la t�te
d�une vaste entreprise de " r�trogradation " consistant � pervertir
les vestiges d�un authentique pass� pour en tirer le maximum
de profits. Adieu Naples, statues et amphit��tres. Bonjour "
Eternaples
" : un soup�on de reconstitution, quelques
confettis, beaucoup de paillettes et une promesse de travail
pour tous. Rem�de � la mis�re environnante ? La population
pauvre semble bien croire � cette gigantesque mascarade
proph�tis�e par Guy Debord dans sa Soci�t� du
spectacle
. Mais pour combien de temps ?

Alors que la ville s�effondre � au propre comme au figur� � et
que Roberto ne se reconna�t plus dans les critiques st�riles et
mortif�res de Cardano, ni dans la conception galvaud�e du
progr�s que ses contemporains s�efforcent de mettre en �uvre,
il ne songe plus qu�� tout quitter, avec la seule qu�il juge encore
pure. Il y a quelque chose de fellinien dans cette d�sillusion et
ce chaos final. Fuir, certes, mais de quoi et vers quoi ? Existe-t-il
un ailleurs plus prometteur ? Il est tentant de l�esp�rer mais un
peu vain d�y croire semble-t-il. Nulle dolce vita en perspective.
Car ce n�est pas d�une vie quelconque, de celle d�un quidam
parmi tant d�autres dont il est ici question, mais bien de cette vie,
celle des Negromonte mais aussi de la n�tre, nous renvoyant
cruellement aux leurres qui nous entourent ainsi qu�� nos
propres mensonges. Bas les masques donc ! � nous de trouver
de (bonnes) raisons d�esp�rer sans vivre reclus sur un pass�
soit-disant mythique et dont la nostalgie annihile toute
entreprise et action digne de ce nom, susceptible de composer
un avenir radieux.

Laurence Bourgeon



 
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