#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Retourner l'inf�me

 Retourner l'inf�me
Alexandre Bergamini
Zulma
Prix éditeur
8.00 euros

Pour son premier roman, Alexandre Bergamini a fait fort : il
est parvenu � concilier un sens de l'abject tr�s prononc� avec
une po�sie d�goulinante de lyrisme. Quand l'inf�mie torture et
d�go�te au-del� du supportable, peut-on enfin acc�der � la
r�demption ?



Par moment, le r�alisme des descriptions arrache des
grimaces. Les corps et les cris qui nous ont toujours �t�
familiers deviennent, tout � coup, des formes �trang�res et
inqui�tantes. On ne reconna�t plus les gens de tous les jours.
On se sent gamin, na�f, on se sent sale. En fait, les ombres
anonymes qui hantent les all�es de ce cin�ma poussi�reux ne
sont mues que par une chose commune : la pulsion
autodestructrice du d�sir. Le narrateur, ombre parmi les
ombres, se compla�t � d�tailler l'inf�me et ses corr�lats : la
scatophilie, le sexe qu'on devine non prot�g�, l'amour... Entre le
narrateur et ses partenaires de quelques minutes, il n'y a
aucune autre forme de religion. Soyons franc : sans �tre
particuli�rement prude, ni totalement d�sint�ress� par les
descriptions de corps en mouvement, on sent parfois poindre
l'incertitude : Bergamini sait-il vraiment ce qu'il fait ?Bien que
faisant preuve d'une plume incontestable, d'une facult� � cr�er
une unit� dans la narration et d'une r�elle po�sie r�sidant dans
le choix de chaque mot, on a cependant le sentiment
qu'Alexandre Bergamini s'est peut-�tre un peu trop l�ch�. On
aurait presque tendance � dire que ce genre de r�cit ne m�ne
nulle part... Puis on relit les petits chapitres, en d�sordre, et
l'unit� est toujours l�, bien ordonn�e.
Petit � petit, le narrateur n'appara�t plus aussi incompr�hensible,
les hommes de ce cin�ma marseillais commencent �
s'�paissir, � r�cup�rer du sens, � prendre de l'�tre, et les
s�quences ne s'av�rent plus aussi d�gueulasses. L'effet de
surprise est pass�. Et finalement, le sentiment premier - le
d�go�t - laisse place au second, plus constructif - la r�flexion. Si
si...

Dans Retourner l'inf�me, la douleur va jusque dans les
murs et les si�ges du vieux cin�ma porno : on se cherche dans
la p�nombre, on se scrute sans se voir, puis on s'allonge aux
c�t�s de l'inconnu. On se course dans les couloirs, on se
retrouve dans des chiottes immondes, mais on y va. Un lieu de
drague comme un autre si l'on veut bien : il n'y a que la solitude
qui transpire. Les s�cr�tions qui maculent la moquette, la salet�
des murs, les images de cul qui d�filent sur l'�cran, tout devient
tr�s vite d�suet quand la petite affaire est finie. On se rhabille, on
retourne � l'ext�rieur de l'inf�me. Quel est le but pour le lecteur,
direz-vous, de vivre en direct de telles sc�nes de solitude ? On
se r�f�rera au titre et on r�pondra qu'il y a dans ce petit livre une
r�elle invitation � r�fl�chir, et � r�interroger les �vidences. M�me
s'il s'agit de plus encore : une invitation � ne presque pas
r�fl�chir, finalement ! Entre les lignes, on finit par prendre en
consid�ration ce que Bergamini nous dit, pour qu'un jour,
peut-�tre, on y trouve une �vidence, quelque chose d'utile.
Trouver du plaisir dans la souffrance... Un d�bat qui soul�ve les
passions et les estomacs. Les r�cits qui traitent de la mis�re
sexuelle, du sadomasochisme ou de l'abandon de soi dans des
conditions d�plorables ont toujours suscit� la controverse :
comme si tout le monde avait quelque chose � dire, � ajouter �
l'oeuvre, pour se prouver que ses arguments ont un fondement.
Qu'on est normal, aussi, quelque part. Qu'on est bien loin de
tout �a, surtout. Mais l'est-on vraiment ?

Les hommes qui peuplent les pages de ce long po�me sont
des all�gories avant d'�tre des personnages. Les d�jections
physiques ne sont souvent que des projections mentales. En
d�finitive, dans la mochet� des faci�s et dans la laideur des
lieux, la beaut� n'est jamais loin. L'appellation de "roman" est
trompeuse... Car il s'agit bien de 56 strophes. Une question
subsiste, n�anmoins : tous les lecteurs se verront-ils emport�s
plus loin que le texte ? Les gays, en particuliers, se sentiront-ils
r�duits � de simples comportements pulsionnels ? Qu'on se le
dise : en prenant l'inf�me et en le retournant, Bergamini va
mettre les nerfs en pelote. Il s'appr�te � jouer avec les �mes.
Mais n'en d�plaise aux mauvaises langues qui n'y verront que le
salace : cette histoire d�senchant�e a sa place dans le
continuum de la litt�rature... C'est peut-�tre m�me une oeuvre
unique.

Julien Canaux



 
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