#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Comment je me suis disput�... la vie d'Elias

 On s'habitue aux fins du monde
Martin Page
Le Dilettante
Prix éditeur
19.00 euros

Oscillant entre saillies burlesques et aphorismes profonds,
Martin Page fait de son quatri�me roman une tragi-com�die
r�jouissante qui n�est pas sans rappeler l�univers d�un certain
Arnaud Desplechin. Confirmation d�un talent.



Le jeune Martin Page - il vient d�avoir 30 ans � persiste et signe.
Son premier roman, Comment je suis devenu stupide,
avait �t� justement remarqu� en 2001 pour sa plume ac�r�e et
l�humour grin�ant dont il �tait impr�gn�. On s�habitue aux fins
du monde
prouve que l��crivain n�a rien perdu de son acidit�.
Cette fois, Page met en sc�ne Elias, jeune producteur
successful, qui voit soudain les bases fondatrices de sa vie
s��crouler en quelques jours. Ca commence par l��trange
couple qu�il forme depuis 6 ans avec Clarisse, charmante jeune
femme au demeurant, mais qui a pris cette mauvaise habitude
de biberonner au whisky d�s le r�veil. Alors qu�Elias semble
�tre parvenu � d�tourner Clarisse de la bouteille, il se r�v�le
avoir un souci : �Et puis Clarisse me trompe.
_ L�idiote. Tu en es s�r ? Qu�est-ce qui te fait croire �a ?
_Le fait qu�elle ait un amant a �veill� mes soup�ons.�

Elias se fait logiquement plaquer et la s�rie noire continue.
Manuel Caldeira, r�alisateur mondialement connu mais surtout
ami cher d�Elias, avec qui notre h�ros fatigu� devait partir en
tournage, lui d�molit le portrait sans explication, et c�est un autre
ami proche, - mais ambitieux, donc tra�tre - Victor, qui prend la
place convoit�e d�Elias. Ce dernier se retrouve avec le dossier
de Margot Lazarus, �crivain dont la vie personnelle encombr�e
de drames amoureux sold�s par des suicides rat�s, int�resse
beaucoup la bo�te de production o� il travaille.

Le roman tourne autour d�Elias, le parcours de cet homme qui
�est comme un miroir (�) tout le monde se regarde en lui et
on ne le voit pas�
�. A mesure que son existence se
d�construit, que ses certitudes s�effritent, que ce qu�il croyait �tre
le socle de sa solidit� s�effondre, le personnage d�Elias gagne
au contraire en relief, sa d�construction environnementale
devenant le fondement de sa construction intime. C�est de toute
fa�on statistique : on ne peut que remporter de nouvelles
victoires quand on a tout perdu�
L�auteur entoure son h�ros mal en point de personnages hauts
en couleurs � une actrice rat�e qui r�ve toujours de r�les
inoubliables, un petit malfrat qui se rach�te une conduite et se
pique de devenir sc�nariste, un d�tective us�, etc - o� chacun
balade ses n�vroses � travers une existence assez terne, que
Page d�peint avec justesse, sans forcer le trait : �Parfois, on
se fait peur � avoir tant de forces, �a a quelque chose de
monstrueux qu�on ait r�ussi � vivre.�

Il n�oublie pas non plus de brocarder l�univers o� �volue tout ce
petit monde, celui du cinema, celui des faux semblants. A coup
de formules lapidaires telles � La premi�re r�gle d�une
actrice est : ne mourrez pas en �t�. Les journalists sont en
vacances, votre mort passerait inaper�ue�
, ou de description
sans concession comme celle de la relation d�un producteur
avec ce qu�il ach�te : �L�id�al est de tomber sur quelqu�un
d�avide, alors tout s�illumine, la com�die devient franche, la
rencontre d�une personne qui poss�de un ch�que et d�une
personne qui d�sire un ch�que. Comme un coup de foudre�
,
c�est encore dans cette phrase, peut-�tre, qu�il est le plus juste :
� Si tu aimes le cin�ma, il ne fallait pas en faire Zo�. Il fallait
acheter un ticket et entrer dans la salle�
. C�est, de fait, la
solution la moins douloureuse car faire le choix, comme les
personnages de Page, de vivre par et pour ce monde de
l�illusion est un vrai sacerdoce : les Lumi�res n��clairent que de
rares �lus et peuvent s��teindre � tout moment�

Au final, une v�ritable sympathie nous attache peu � peu � Elias
et ses petits camarades, � qui on aurait presque envie de tendre
la main � travers les pages et d�emmener prendre un verre
fraternel. Comme le r�alisateur Arnaud Desplechin
(Comment je me suis disput� ma vie sexuelle, Rois
et Reine
etc) dont il partage la vision tragi-comique de
l�existence, Martin Page a su cr�er un univers romanesque dont
l�humanit� profonde �clate � chaque instant malgr� un
environnement semblant toujours au bord de l�implosion, o� les
personnages, qu�ils soient en rupture avec la soci�t� ou au
contraire s�y confondent, sont touchants de v�rit�.
Martin Page prouve avec On s'habitue aux fins du monde
qu�il est l�un des plus talentueux mais aussi l�un des plus tristes
des quelques clowns que comptent la sc�ne litt�raire actuelle.

Ma�a Gabily



 
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