Singes savants tabass�s par deux clowns Georges-Olivier Ch�teaureynaud Grasset

Prix éditeur 18.00 euros

Fantaisies romantiques et contes moraux au menu d�un bel
ar�opage de mots choisis et de tournures cisel�es. Les singes
savants font de belles grimaces.

S�appeler Georges-Olivier Chateaureynaud et devenir �crivain
pourrait se r�sumer � la question : ai-je du style ou pas ?
Disons le tout net : oui, le gaillard n�en manque pas. D�licieusement po�tique � pas trop -, partag�
entre fulgurances et jolis pragmatismes, il fait mouche. Cette
belle plume, Georges-Olivier Chateaureynaud la gigote dans �
singes savants tabass� par deux clowns �, recueil de nouvelles
dont la sourde beaut� laisse parfois pantois en ces temps de
disette stylistique.

Chronologie oblige

Le recueil s�ouvre mollement avec � la seule mortelle �, conte moral sur la perte de l'innoncence et � les ormeaux �,
pagnolesque en diable. Mais le meilleur reste � venir : neuf
oscillations justes entre un quotidien surr�el et un fantastique
en demi-teinte. Le tout dessinant une folie pastel, d�licate
comme un tableau d�Odilon Redon. Car Georges-Olivier
Chateaureynaud pratique subrepticement l�art du glissement,
m�lant le surann� et le moderne en une esth�tique bancale et
charmante. Il superpose des r�manences tr�s XIXe, dans la
nouvelle phtisique � tigres adultes et jeunes chiens �, � un XXe si�cle �vident et cruel (� une sensationnelle attraction �). Et puise le fantastique � sa source : les morts reviennent � la vie dans les � civils de plomb � et le destin r�de pr�s d� � Ecorcheville �. Enfin, par deux fois, dans � la rue douce � et � les s�urs t�n�bres �, Georges-Olivier Ch�teaureynaud sacrifie � ce qui devient un exercice impos� : la � Traumnovelle �, histoire d�initiation onirique � la vie, ch�re � Schnitzler.

La nouvelle est-elle l�an�mie du roman ?

Le continuum de Georges-Olivier Chateaureynaud n�est que tr�s
l�g�rement disjoint du n�tre. Suffisamment n�anmoins, pour
appr�cier ce que l�esprit d�un �crivain a de plus pr�cieux : sa
folie apprivois�e. En litt�rature, les petites incongruit�s font les
grands transports. Comme un galet rond et lisse rebondit sur un
lac quand il est lanc� d�une main sure. �a s�appelle le talent.
Alors, s�il est encore des gens pour penser que la nouvelle est
un genre de roman hypotrophi�, un oisillon d��uvre, mettez ces
onze petits ricochets entre leurs mains.

Laurent Simon