#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Origines

 Origines
Amin Maalouf
Grasset
Prix éditeur
21.00 euros

Habitu� au fil de son �uvre � sillonner l�histoire et les personnages de l�Orient, (Khayyam, Mani), l�auteur cette fois s�exhibe en narrateur : apr�s faire le tour des siens entre Beyrouth, Alep ou Le Caire, il part � la recherche de ses oncles partis outre-Atlantique, la plupart aux Etats-Unis. Et de voyageur historien, il devient investigateur de par le monde

Si la vie du grand-p�re Boutros, rest� au Liban, est le champ d�exploration privil�gi�, c�est son fr�re Gebrayel, parti � dix-huit ans de sa contr�e natale et devenu citoyen am�ricain, qui hante l�auteur. Il ignore tout de la vie de cet � oncle d�Am�rique � qui, s�installant � Cuba, fit fortune dans le commerce et c�toya les plus grands dignitaires de l��le. Et Amin Maalouf d�enqu�ter sur cette branche familiale pr�s d�un si�cle apr�s, de d�couvrir les charmes et incongruit�s de l��re castriste, et de tomber amoureux d�une �le aux habitants si aimables.

Car Amin Maalouf se retrouve d�sormais seul � recueillir et recouper les informations �parses sur les �mes et activit�s d�une famille que la distance et les querelles familiales ont att�nu�es ou effac�es. Volontairement ou non. Et dans ce laborieux travail d�investigation, il conna�t l�amertume de n�avoir su ou pu profiter de la m�moire des siens : � je passai le reste de la journ�e � me reprocher d�avoir laiss� s��teindre tous les anciens de ma famille l�un apr�s l�autre sans avoir jamais pris la peine de recueillir leurs paroles. Et � me promettre de ne plus en rencontrer un seul sans le faire parler abondamment � (p.32). Parce que aujourd�hui encore, peu �coutent et passent du temps avec les gens plus vieux.

Cette qu�te offre aussi l�occasion de peindre une famille dans le temps, dont les origines remontent aux deux p�les de la M�diterran�e : Le Caire et, toujours plus � l'ouest Constantinople avec les embranchements grecs se perdant dans les si�cles ant�rieurs. Si l�auteur �voque ceux partis d�Orient aux quatre coins du globe (Soudan, Australie, Br�sil, France), il se concentre sur l�histoire des siens entre 1880 et 1930, et n�exclut pas � l�avenir de prolonger son enqu�te en aval et amont de la p�riode : � nous, les �mes nomades, avons le culte des vestiges du p�lerinage. Nous en b�tissons rien de durable, mais nous laissons des traces. Et quelques bruits qui s�attardent" (p.269). Cependant les diasporas levantines (libano-syrienne et �gyptienne) du d�but du XXi�me si�cle, m�l�es aux Turcs de l�Empire ottoman, comptent moult descendants (diamantaires d�Afrique du Sud ou d�Anvers, chanteurs comme Shakira ou Dalida, le pr�sident argentin Menem, etc). Ces voyages sans origines, sans dates: immigrations sous l�empire gr�co-romain d�orient, �migrations suite aux Croisades, et plus loin dans le temps encore, ces marchands du pays de Canaan � la conqu�te de la M�diterran�e, depuis les cit�s florissantes d�Ougarit et Byblos aux ph�niciens de Tyr et Sidon�

Premi�re richesse du Liban : l�Homme

� la faveur de l�histoire des siens sur ces cinq d�cennies, le livre d�ploie aussi les soubresauts d�une contr�e sous administration ottomane puis fran�aise, en un temps o� le Liban se r�sumait � une cha�ne de montagnes littorales aux sommets enneig�s, le Djebel Liban, ou montagne blanche. � l��poque, les gens se sentaient autant Syriens qu�Ottomans. Autant anglophiles que francophiles. � partir de lettres �parses et de t�moignages oculaires, Amin Maalouf recense les id�es, les modes et les personnalit�s qu�il d�crit ainsi : � la v�rit� est rarement enterr�e, elle est juste embusqu�e derri�re les voiles de pudeur, de douleur, ou d�indiff�rence ; encore faut-il que l�on d�sire passionn�ment �carter ces voiles � (p.165).

Son grand-p�re paternel, Boutros, le principal personnage du livre et qui signe alternativement Pierre ou Peter selon la nationalit� de ses interlocuteurs, se pr�sente comme un homme avis� et cultiv�, juriste et enseignant du primaire. Il porte un regard juste sur son temps : � Un sultan a abdiqu�, un autre est mont� sur le tr�ne, mais le pouvoir s�exerce toujours de la m�me mani�re. Nous sommes une nation volage, que le vent des passions entra�ne par-ci, par-l� � (p.397)� Et parlant de ses compatriotes : � tu d�couvriras qu�ils ont des qualit�s nombreuses et ne souffrent que d�un seul mal : l�ignorance � (p.120).
Comment ne pas songer avec nostalgie, � ce temps o� les diff�rentes communaut�s religieuses vivaient en harmonie ? Tout juste rel�vera-t-on la concurrence, d�loyale parfois, entre les diverses schismes chr�tiens, et les efforts soutenus de missionnaires am�ricains (d�j�) actifs, qui inspirent � Boutros cette sentence : � les gens suivent tant de chemins, croyant arriver jusqu�� Lui, mais ils finissent par L�oublier, pour adorer leur chemin lui-m�me (p.426) �.

Mais le grand-p�re, homme int�gre et fier, d�fend ses principes dans une soci�t� tr�s ritualis�e : son refus de porter un couvre-chef et celui de baptiser ses enfants pour qu�ils puissent librement choisir leur confession � leur majorit�. Autant sources de scandales, malgr� le respect qu�il inspire pour ses autres qualit�s, qu�il assume sans jamais baisser les bras ni courber le dos, jusqu�� la mort de Gebrayel. Jusqu�� ce que la myopie des siens, les calamit�s du premier conflit mondial, et les incoh�rences de la tutelle fran�aise ne l��puisent.

R�volt� � ses heures, mais sans mots d�plac�s en public, Boutros est aussi po�te, po�te solitaire. C�est parce qu�il s�exprima dans une dizaine de cahiers, y consignant minutieusement ses impressions et pens�es, ses �lans et cris du c�ur, qu�Amin Maalouf put sonder son grand-p�re et remonter le puzzle des siens. Mais demeurent des zones d�ombre, ainsi quand Boutros, qui eut une vie de c�libataire puis de famille �panouies, �crit :
� J�ai pass� ma vie � parler d�amour,
� Et il ne me reste de mes amours que mes propres paroles�"
.

Claudio Sepulveda
� LBESR, 2004



 
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