Infid�lit�(s) Christine Sagnier Balland

Prix éditeur 18.00 euros

"Ce diamant offert comme pour marquer un territoire." Claire, sson mari, leurs deux enfants. Des jumeaux, bien s�r. Le r�ve de toute femme : deux pour le prix d�un et si l�un d�c�de, il reste l�autre. Et Marc, ce cher Marc. Toujours absent et adorablement insignifiant dans la vie sexuelle de sa femme. Epoux fid�le � son travail et sa ma�tresse, laquelle ressemble � Claire, le flegme d�un corps jeune en plus. Bref, un couple mari� comme on en produit tant d�autres.

Mais au-del� de ce sch�ma insipide , se cache du sexe, du vrai, de � l�aur�ole jaun�tre � et du � sexe mouill� �.
Car Claire s�ennuie. Elle veut partir, les laisser tous. Le couple s�enfonce dans le n�ant du quotidien et Claire pour le combattre, couche, � jupe relev�e jusqu�� la taille, corps cass� en deux sur le dossier d�un canap� �. Comme un homme, elle ne cherche que son plaisir.

Etrange Claire qui ne r�ve que de plaire physiquement. Elle ne veut ni jeu, ni s�duction, mais simplement suivre le premier homme qui la regarde, � qu�importe qui il est, qu�importe ce qu�il pense, il la regarde et cela suffit �. Elle ne veut pas de discussion, juste � �liminer les circonstances � et le suivre. Parall�lement, Marc, en mari infid�le commun, vit une relation suivie avec Alice, sa ma�tresse, � qui il offre des fleurs lorsqu�il doit se faire pardonner. Sans s�en rendre compte, il ne fait que calquer sa vie sur sa liaison, les enfants en moins. C�est un romantique pourrait-on dire, alors que Claire r�agit en m�le : tirer un coup et rentrer � la maison comme si de rien n��tait. Une nouvelle Bovary ne r�vant que de chevauchements et d�escapades. Pas de passion, de pr�ambule, juste du sexe. Elle se fait prendre dans l�arri�re boutique d�un libraire sans m�me �ter sa culotte. Cru, mais pas vulgaire, il reste une once de pudeur pourrait-on rire. Mais attention, il ne s�agit pas de pornographie ni m�me d��rotisme, ce n�est qu�un appel au viol qui cache le d�sespoir d�une femme qui s�ennuie.

Et �a, Christine Sagnier, l�auteur, l�a bien compris. Ses phrases courtes, le dynamisme de son texte nous font haleter avec Claire. Telle cette phrase, � Du bout du doigt, l�homme dessine l�ourlet de ses l�vres. D�une pression, il les entrouvre. Claire enroule sa langue autour de son doigt. �
La vie de famille est d�crite avec des mots de tous les jours, � Claire est assise dans la cuisine. Elle fume une cigarette alors que les enfants finissent leur repas �. On vit Claire, on s�ennuie avec elle dans sa petite maison de banlieue et on ne peut lui en vouloir de fuir ses enfants et ce mari qui ne comprend rien. Un soir, en rentrant tard, apr�s l'une de ses aventures, elle lui criera � Mais tu travailles, je sais. Et comme tu travailles, tu entends que je sois l�, pr�cis�ment, tous les soirs, � t�attendre. Les enfants propres, la maison�propre. Ta vie�propre � Mais lui ne peut comprendre, trop enfonc� dans son carcan. Il conna�t � peine ses enfants et ne fait que s�endormir � bouche ouverte � comme un � poisson mort � essayant mollement d�aller vers une �pouse d�j� perdue.

Infid�lit�(s) d�crit, comprend et ne juge pas. Livre-r�alit�, chacun ses d�fauts et chacun sa fa�on de les aborder. Pire que de quotidien, il s�agit d�une vie comme on en croise tous les jours. On ne lit pas un ennui, pas que du sexe, mais un premier roman o� l�auteur se met dans la peau d�un homme � travers une femme. Une vie d��ue, un ailleurs � reconqu�rir pour r�sultat tr�s sympathique. Affaire � suivre.


Carine Pigny