#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Cosmopolis, nous nous sommes tant aim�s

 Cosmopolis
Don DeLillo
Actes Sud
Prix éditeur
17.00 euros

Cosmopolis, traduit de l�am�ricain par Marianne V�ron.

Il est certains auteurs desquels on attend beaucoup. Ils sont peu nombreux, tant il est vrai que le romancier de g�nie vivant est une esp�ce � la reproduction aussi incertaine et parcimonieuse que celle du panda en captivit�. Ils �crivent plut�t anglais, espagnol ou russe que fran�ais. Avec eux, c�est � la vie, � la mort : les �motions violentes ressenties � la lecture de leurs oeuvres sont comme des br�lures au fer rouge. William, Philip, Gabriel, Carlos, Vassili, Michel (*)...On les aime, tout simplement.

Don DeLillo �tait, jusqu�� il y a peu, un membre indiscutable de cette petite famille fictionnelle d��lection. Don la parfaite m�canique, qui pondait de loin en loin un roman �blouissant. On pouvait compter sur lui. � chaque fois, 800 ou 1000 pages vertigineuses o� il passait � la moulinette, les uns apr�s les autres, les mythes contemporains d�une certaine mythologie Am�ricaine. Libra, Mao II, Outremonde, Americana, pour ne citer que ces quelques-l�, �taient des r�ussites impressionnantes � tous niveaux : ambition vertigineuse des th�mes abord�s, virtuosit� de la langue asc�tique et obs�dante, pens�e subtile et profonde. Un grand romancier, en somme.

C�est dire toute la d�ception ressentie � l�issue de la lecture de son dernier opus. La relative minceur du volume est certainement � prendre comme un avertissement. Le signe et le symbole d�un tarissement, d�un dess�chement. L�ambition du propos est toujours l� : Cosmopolis ne propose rien de moins que de d�crire une apocalypse d�un type nouveau. Une apocalypse capitaliste. Naturellement, Manhattan s�impose comme le lieu privil�gi� pour observer cet Armaggedon. Un multimilliardaire affubl� d�un pseudonyme digne d�une production Falcon (Eric Packer !) veut se faire couper les cheveux. Install� dans une interminable limousine blanche, il sp�cule sur le cours du yen pour tuer le temps alors qu�un embouteillage monstrueux l�emp�che de rejoindre son Figaro. Des choses plut�t �tranges lui arrivent sans l'�mouvoir. Eric est tellement perdu, figurez-vous. Des cam�ras le filment sans rel�che, il croise sa fianc�e, le yen ne cesse de monter, ses gardes du corps le pr�viennent que sa vie est menac�e...Bref, Eric a beau �tre jeune, s�duisant et (tr�s) riche, �a ne va pas fort. En parall�le, DeLillo nous d�crit d�une fa�on qu�il imagine pertinente et puissamment �vocatrice l�explosion soudaine de la bulle sp�culative, enfon�ant au passage pas mal de portes grandes ouvertes. En guise d�ultime r�v�lation, nous apprenons que Wall street, tous ces gens qui gagnent tellement d�argent, c�est vraiment vilain. Pas �tonnant que les choses tournent mal ! Heureusement, il y a une justice, une justice immanente m�me, et tous ces horribles exc�s seront punis...

C�est assez triste, mais on pourrait r�sumer le roman ainsi en �tant � peine caricatural. En lieu et place de la subtilit� habituelle de DeLillo, se substituant � ce talent unique qui est (�tait ?) le sien pour composer un r�cit d�une grande complexit� par toutes petites touches, on se retrouve confront� � une analyse aussi fine qu�un d�bat au caf� du commerce. DeLillo n�a rien de nouveau ou d�original � dire sur le sujet. La brutalit� des grands financiers de Wall Street, la f�rocit� de cette entit� pulsionnelle et autodestructrice qu�est le capitalisme mondial ont d�j� �t� infiniment mieux d�cortiqu�es. Citons Tom Wolfe. Le portrait � la hache d�Eric Packer fait un peu piti� quand on se rappelle ce qu�un Brett Easton Ellis a r�ussi avec des personnages similaires. DeLillo utilise des id�es re�ues comme lignes fondatrices de son r�cit, se vautre � maintes reprises dans les clich�s les plus �cul�s. La musique d�senchant�e de sa langue s�est mu�e en une parodie schizophr�ne de Ballard, Burroughs, K.Dick ou Beckett, selon les cas. Souvent accul� par le d�s�quilibre intrins�que de son r�cit, qui h�site toujours sans jamais trancher entre l�univers mental de son h�ros et une peinture plus cosmogonique du grand cataclysme boursier, DeLillo tente vainement de se tirer d�affaire en assenant maints aphorismes d�une incroyable lourdeur. On a presque du mal � y croire.

Et pourtant. Pr�tentieux, manich�en et creux, voil� quelques adjectifs qui pourraient assez bien d�crire le naufrage qu�est Cosmopolis. Bien s�r, un ratage par une telle pointure reste toujours infiniment meilleur que pas mal d�autres romans commis par de plus obscurs plumitifs. Bien s�r, au vu de son parcours �blouissant, la s�v�rit� est plus grande en cas de d�ception, que l�on ressent comme une vraie trahison matin�e de d�pit amoureux. Mais les raisons de douter s�accumulent, ce ratage faisant suite au d�j� peu convaincant Body art. On peut d�s lors se demander l�gitimement s�il n�y a pas le feu � la maison DeLillo, ou tout au moins un s�rieux passage � vide. Le g�nial Italo-am�ricain du New Jersey semble s��tre perdu de vue. On attend d�sormais la suite. Avec impatience, toujours, mais aussi inqui�tude. Dans l�intervalle, on tachera de se r�p�ter, comme un mantra destin� � chasser le mauvais sort, que le pire n�est jamais certain.

Par Jer�me Farssac

(*)Styron, Roth, Garcia Marquez, Fuentes, Axionov, Tournier.



 
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