Autoportrait Claude Berri L�o Scheer

Prix éditeur 15.00 euros

Quand Van Gogh se peint enturbann� d�un chiffon mis�reux dissimulant son oreille sanglante, que cherche-t-il � repr�senter ? Voit-il une simple facette int�ressante de son faci�s que son g�nie excit� illumine sur une toile, ou est-ce une folie qu�il combat comme pour chasser les d�mons qui le ruinent ?

Autoportrait n�est pas un mot � la port�e de n�importe quelle starlette. Il est l�instrument combin� de l�honn�tet� et de la dignit�. Il a ceci de noble qu�il propose un choix entre ce que l�on est vraiment ou ce que l�on voudrait �tre. C�est la psychanalyse du psych�. Elle s�impose dans une vie comme une �tape initiatique dont la conscience est la clef.

Et quand Claude Berri se livre, ce n�est pas les paillettes de Cannes ni les joies du show-business qu�il expose comme autant d�anecdotes dont les journaux sp�cialis�s et les biographies post-mortem se font l��cho. Il se livre, entier, et regarde son v�ritable reflet. Il laisse saigner son c�ur.

� Jusque-l� je filmais ma vie, maintenant je vais l��crire �

Les yeux dans les yeux, sans sourciller, son regard franc nous invite dans sa vie. Et on y entre. Tonitruant d�abord, un plongeon dans l�univers du cin�ma. Le bruit de la pellicule en �veil dicte le moindre de nos pas. A l�aff�t des petites histoires... on guette ce que cet Autoportrait ne doit pas nous apporter. Puis retentit le "Coupez". On comprend. On comprend simplement la vie d�un homme, �crite noire sur blanc. Sans fautes. Claude Berri ne triche pas ; il pleure dans les r�gles de la litt�rature. Il raconte sa vie pour revivre � nouveau. Un autoportrait aux formes d�exutoire. Alors comment ne pas ouvrir de grand yeux �bahis quand une vie ponctu�e de d�c�s s�offre tr�s impudiquement � nous. Il perd un fils et l�amour de sa vie et les pages sont encore coll�s de ses larmes.

� Si l�auteur a r�ussi, le c�ur du lecteur bat au m�me rythme que le sien �

Entre films et d�pressions, ce producteur dont la premi�re r�alisation sera couronn� d�un Oscar ajoute une carte talentueuse � son myst�rieux esprit artistique. Claude Berri �crivain ne peut sonner faux. Phrases incisives � la fois po�tiques et toutefois explicites rythment un humour d�sopilant et parfois cynique. En face de sa psychanalyste et avec l�aplomb de cet homme impressionnant, il � lui offre un bonbon qu�elle refuse. Elle n�aime pas le sucr�. Ils sont sans sucre. Si je lui avait offert un bonbon au saucisson, elle l�aurait accept�. Elle va moins chez le p�tissier que chez le charcutier. (�) C�est l��vidence m�me. C�est un m�tier qui m'aurait plu, psychanalyste ! �.

Rong� par une unique question � ai-je le droit d��tre heureux ? �, c'est bel et bien seul que Claude Berri fera taire ou non ses d�mons. Et si Van Gogh s�est coup� l�oreille dans un acc�s de folie, cela prouve bien que les g�nies sont condamn�s � demeurer �ternellement tristes. En ce qui concerne Autoportrait : Mazel Tov.


Benjamin Brunette