#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Tant que nous vivons

 Tant que nous vivons
Maruja Torres
M�taili�
Prix éditeur
18.00 euros


� Depuis ce moment-l�, il n�y a rien de toi que je ne me sois pas appropri�. [�] Ton �me �largit mon �me. � (p.28-29) Depuis la lecture de Douleur de femme, Judit est entr�e en litt�rature comme d�autres, moins ath�es qu�elle, entrent en religion. Depuis cette r�v�lation, la jeune fille des quartiers pauvres souhaite rencontrer l�incarnation de sa foi, l�auteur de ce roman et de sa conversion : Regina Dalmau, c�l�bre romanci�re, dansant avec sa cinquantaine sur un air de tango espagnol, tr�buchant sur un vide qu�elle ne vit pourtant pas venir : la disparition de toute inspiration. Quand cette jeune fille d�vou�e, qui s�approcha d�elle � la fin d�une conf�rence, lui fit part de son culte, elle, d�esse � ses yeux, accepta une entrevue. Et quand l��crivain d�cela chez l�enfant le mod�le pour un roman qui renouerait enfin avec les senteurs du succ�s et un parfum de jeunesse, elle d�cida de l�embaucher comme secr�taire. Pour retrouver cette aur�ole dont elle �tait la seule � conna�tre la perte.

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait

Reporter puis chroniqueuse pour El Pa�s, Maruja Torres met en sc�ne dans Tant que nous vivons les douloureux ferments de la cr�ation litt�raire, les liaisons dangereuses du r�el et du cr�� et dispense quelques pr�ceptes de vie qui, face au grand d�fi de la feuille blanche � noircir, acqui�rent une dimension plus que psychologique. Et pourtant. L�auteur peut certes nous rappeler de grandes paroles philosophiques comme le � connais-toi toi-m�me � socratique ; elle a beau conseiller, par la parole de sa Regina de papier, tout auteur en devenir (� Transforme ta douleur en litt�rature � p.192, � Fouille � l�int�rieur de toi-m�me, dans ton pass�, dans ce qui constitue ton essence � p.258) ; la grande �pop�e de l�intime douleur de l�auteur laisse finalement place au r�cit sinc�re mais dispers�, inabouti, des tourments d�une quinquag�naire. Et Paulo Coehlo s�impose, bien malgr� nous, comme une comparaison plausible, tout contexte urbain de l�intrigue mis � part : � Les jours de f�licit� qui nous sont accord�s, quand nous les repoussons, se retournent contre nous chang�s en ann�es de tourments, car c�est ainsi que se venge le bonheur quand il est d��u � (p.142).

C�est que Torres aurait pu composer une symphonie du mal de Muse. Or - et son roman t�moigne cependant de son honn�te capacit� � mettre en sc�ne un tel questionnement - elle a choisi de multiplier les pistes en les empruntant toutes � la fois : le portrait psychologique de Regina para�t inachev� ; ses difficult�s de c�ur sont r�duites au d�cor ; la peinture du milieu social de Judit, aussi plaisante soit elle, nous abandonne � notre d�sir d�approfondir.

Et la rencontre que Regina s�impose avec elle-m�me semble finalement �tre le corps de ce roman, qui fait surgir � la surface ses �checs en amour et en amiti�, la douleur r�confortante qu�elle a � se pencher sur son pass�, les lettres de cette femme qui lui a insuffl� le plaisir d��crire. Si la mise en abyme de ces lettres conf�rent au r�cit une telle intimit�, c�est que chacun peut s�y retrouver� et t�moigne de ce que l�autopsie du travail cr�atif a �t� abandonn�e. La litt�rature n�en est cependant pas moins absente : la belle m�taphore de la pi�ce noire o� sont enferm�s les grands classiques et le courrier de Teresa exhibe, en une image, le terreau cach� que tout auteur utilise pour cultiver sa cr�ativit�. Et le roman de Torres se fait vade mecum : Stendhal, Cervant�s, Proust� autant d�auteurs lus par Regina, s�rement par Torres, � lire (si ce n�est d�j� fait) pour nous. Rien que pour cette image, on ne peut n�gliger le roman.

Presque rien sur presque tout

Mais l�intrigue, dont la sc�ne finale confine au rebondissement de roman policier, ne se d�roule pas dans une logique cons�cutive, ne donne pas acc�s au drame intime de la femme m�me s�il le montre� finalement promet de beaux d�veloppements mais s�interrompt � leur exposition (le constat de solitude de Regina aurait ainsi pu engendrer de jolies pages sur l�irr�ductible isolement de l�auteur). Le travail sur le style (et les notamment les jeux sur les discours direct et indirect), les changements de focalisation (parfois omnisciente, parfois avec Judith, dans une alternance qui trouve son explication en fin de roman) attirent l��il. La sc�ne finale d�un auteur parlant pour la premi�re fois de litt�rature avec son agent� apr�s vingt ans de collaboration, t�moigne d�un sens complice de l�observation du petit monde des lettres. Mais, on s�en rend compte � l�accumulation de ces remarques h�t�rog�nes: en ouvrant le livre, on pensait �tre emport� dans l��pop�e de la cr�ation ; en le fermant, on s�est promen� un peu partout, sur la sc�ne du petit th��tre des lettres espagnoles, au milieu de la rencontre des g�n�rations d��crivains, dans la psychologie des jeunes filles presque en fleur�

Qui aime le papillonnage suive Judit et Regina. Qui n�aime pas�


Olivier Stroh



 
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