#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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L'�dition en proc�s

 L'�dition en proc�s
Sylvain Goudemare et Emmanuel Pierrat
L�o Scheer
Prix éditeur
18.00 euros



Point sur l'�dition "judiciaris�e"


Les proc�s ponctuent la vie litt�raire comme les za�roises font un pas boulevard Ney. Avec peur et esp�rance. D�un c�t�, elles craignent le camion de police. De l�autre, elles voient l�aubaine d�une voiture qui r�trograde. Quelquefois, les flics sont l� pour payer. Apr�s tout, l�ordre moral est un client puissant. Les derniers proc�s litt�raires ont profit� march� du livre. Camille Laurens, pour L�amour, roman, Louis Skorecki pour Il entrerait dans la l�gende et Nicolas Nicolas Jones-Gorlin pour Rose-Bonbon ont respectivement content� m�diatiquement P.O.L., L�o Scheer et Gallimard. D�un point de vue �conomique, le fait est plus discutable. Si Camille Laurens s�en sort bien (en mars dernier, elle finit par gagner son proc�s face � son ex-mari), Names-Gollin a �cop� d�une mise sous blister de son livre qui sera d�sormais vendu accompagn� d'un avertissement et L�o Scheer accuse le coup. 7.500 euros d�amende pour le petit �diteur de la rue de l�Arcade. Voil� de quoi plomber l�aile d�une entreprise volontaire, et, par ses risques �ditoriaux, relativement fragile.

Ces m�mes �ditions ont, depuis, lanc� une p�tition demandant un amendement de l'article 227-24 du Code P�nal (ex-outrage aux bonnes moeurs) afin qu'il ne puisse s'appliquer aux oeuvres de fiction ou litt�raires. Et pour parachever leur campagne de salut public, ces m�mes �ditions publient un pr�cis historique pertinent, L��dition en proc�s, par Sylvain Goudemare et Emmanuel Pierrat.

Un acte de d�fense qui attaque

L� o� l�on pourrait s�attendre � une volont� pol�mique de l��diteur, les auteurs se limitent � l�illustration de la � judiciarisation de l��dition �, lent processus couvrant le XX �me si�cle. Indiscutablement, c�est un bel acte de d�fense. Mais c�est aussi un remarquable acte d�attaque. �Notre �poque semble obs�d�e par le retour du "mal" dont elle a les plus grandes peines du monde � expliquer l�origine et le sens.� Etre �crivain, ce n�est pas seulement �crire. Aragon le �rouge� et le Baudelaire �sans cravate, col nu, la t�te ras�e, en vraie toilette de guillotin� en savent quelque chose pour avoir �t� contraints � l�insulte supr�me de la justification. Mais ceci n�est qu�un probl�me de hi�rarchie et de conception. Doit-on reprocher � un �crivain ses positions politiques, soient-elles stalinistes ? Doit-on en bl�mer un autre � propos de ses d�sirs, soient-ils transgressifs ? L�Histoire, blanche et m�canique, se r�p�te dans un �lan livide, l�che et terrible. Un jour, il faudra faire un choix franc, soit-il critiquable. Un jour, pour cesser les fourberies, il faudrait abandonner nos tergiversations les plus pures. C�line, Morand, Montherlant. Arr�ter de se demander qui de l�homme ou de l��crivain nous devons lire. Calaferte, Houellebecq ou Nabe. Il faudra lacer un bandeau noir sur nos yeux inquisiteurs pour dire qu�il n�y a que le style qui vaille. Que le reste n�est pas litt�rature. Goudemare et Pierrat rapportent ainsi les propos Hubert Juin dans le Figaro du 20-22 juin 1973 : � Et je sais bien, moi, pourquoi la po�sie g�ne tant de nantis de tous bords : c�est qu�elle t�moigne pour l�impatience, et que l�impatience est la plus terrible des vertus. Elle veut le corps pour le corps. (�) Il restera toujours un po�me, f�t-ce au dernier jour du monde. � Placer le style au-del� des narrations. Au-del� des � histoires � qui ne font qu�agiter les braves soumis � l�ordre immuable et fratricide de nos lois � car l��criture est bien la s�ur de notre civilisation.

Mais L��dition en proc�s ne d�taille pas seulement les proc�s d�intention. Le document �claire sur la loi Lang, l�affaire � Bordas contre Bordas �, ou le dossier Montherlant-Grasset� l�objectif est avant tout didactique. Quelles sont les jurisprudences ? Quelles sont les limites de la propri�t� intellectuelle fran�aise - qui fait, par ailleurs, r�f�rence ? Nul est cens� ignorer la loi, alors autant l�apprendre dans ses exceptions qui la rendent aussi int�ressante que d�cevante, parfois, quand Goudemare et Pierrat font �cho des susceptibilit�s des hommes qui, tour � tour, la font et la subissent. A remarquer, encore, une documentation fine et synth�tique des auteurs. Ainsi citent-ils un extrait de l�Evangile de l��dition selon P�guy, � testament spirituel � de Bernard Grasset venant, en 1953, de perdre Montherlant : � L��re des grands d�vouements d��diteurs est close. Nul, apr�s votre arr�t, monsieur le juge, ne s�ent�tera dans cette gageure qu�est un risque personnel, accept� tout le long d�une vie, pour mettre le talent � l�abri de tout risque. �

Ah... b�ni sera le temps o� les tribunaux seront des maisons closes.

Ariel Kenig



 
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