#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Cahier d�ubiquit�

 Cahier d'ubiquit�
Yann Kerninon
�ditions Hermaphrodite
Prix éditeur
16.00 euros


� Pour un humain, [l�ubiquit�] consiste � penser et � vivre tous les domaines de la vie et de la pens�e �. Ainsi parle la quatri�me de couverture du Cahier d�ubiquit� de Yann Kerninon, dada�ste microbien, lecteur de Nietzsche (qu�il a compris, � la diff�rence de certains qui ont d�voy� sa pens�e), adorateur d�Hundertwasser, penseur du bas (l� o� l'homme se trouve) parce que le haut est bien trop haut(ain).

Vingt-trois textes mis bout � bout auraient pu n�offrir qu�une pens�e-kal�idoscope o� l�auteur se serait successivement int�ress� au cyclisme, � l�architecture, � la procr�ation et � un certain 21 avril. Mais Yann Kerninon expose d�s les premi�res pages son but et sa d�marche, quand une pens�e par le � je � permet d�appr�hender le sort des autres, quand une telle r�flexion conduit au refus de se soumettre au post-esclavagisme moderne, quand la lucidit� sur une vie condamn�e � la mort n�emp�che pas de vouloir enchanter chaque minute de celle-ci.

Un implacable constat

L�auteur appr�hende donc les domaines les plus divers de la vie, avec pour ultime posture: � garder en vue la mort � lucidit� totale � et la sale gueule du monde tel qu�il est devenu, mais aussi et pourtant continuer la vie �, c�est-�-dire la transmettre � un enfant (� De l�enfant �). Mais l��lan a beau �tre entra�nant, le constat est implacable : les fondements de notre monde sont ceux du cynisme cach� derri�re le � s�rieux technologique � (� Pour un dada�sme microbien �), croisement hybride entre un totalitarisme mou h�rit� de la noirceur du XX�me si�cle et une propagande sur l�utilisation � par la soci�t� � de tout homme. M�me l��cole a abandonn� ses Lumi�res en renon�ant � former des citoyens pour modeler des travailleurs adaptables au march� de l�emploi.

Singuli�re mais prot�iforme, cette pens�e peut engendrer des �crits aussi diff�rents et n�anmoins convergents que � Amor fati incarn� � et � Exp�rience chaos � : quand le premier r�cit donne � lire l�explosion po�tique op�r�e par le cerveau de l�auteur, dans l�implacable atmosph�re d�une agence ANPE, le deuxi�me d�nonce la perte indolore, par chacun, de sa capacit� � r�ver... c�est noble, un r�ve... mais si, un r�ve, souvenez-vous... ce qui ber�ait vos nuits avant que vous ne mettiez un genou � terre face au rouleau compresseur de la spirale norme sociale - travail - fa�ade maritale...

Po�sie de l'inutile

Comparant notre rapport au monde � celui de nos a�euls de 1914, Kerninon pr�ne donc une r�volte contre le tragique, identique � celle du dada�sme. D�brancher la goutte-�-goutte de l�anesth�siant ambiant et, debout, fier, conqu�rant, redevenir capable de faire � n�importe quoi, n�importe quoi, n�importe quoi ! �. Affirmer son droit � �tre inutile, � ne pas servir (surtout la machine sociale contemporaine)... en un mot, � �tre po�tique. Comme ces deux moiti�s d�abat-jour, abandonn�es dans l�orgiaque Foire de Paris, plus insolentes et essentielles que ce � D�r�gulateur [� la majuscule si ridicule] hyperlaxe sans phosphate pour �laguer les enclumes �.

Ayant r�ussi � desserrer, par des micro-actions, l��tau de l�utilisable (jamais loin de la servitude, voire de la servilit�), l�homme se lib�re de son attribut du sujet : il est, sans �tre utile. Il peut se d�couvrir, s�ouvrir aux autres. Comme le po�te, accoucher le monde.

A suivre...

Insaisissable, le ton est aussi incantatoire, immodeste, qu�il est � d�autres moments ironique, enfantin. Le style est aussi classique qu�il est � des endroits irr�v�rencieux : un point d�exclamation devant une virgule et le signifi� se donne � lire de mani�re limpide (� une fois m�me, je chutai !, me relevant amus� �).

Cette pens�e �gotiste bouscule. Parfois brutalement comme cette condamnation constante (sauf dans � Exp�rience chaos �) de ceux qui se laissent emporter par la spirale vis�e plus haut. Parfois sans m�me tendre la main pour aider � se relever quand elle semble crucifier l��cole et ses professeurs (Nietzsche et l'ultra entertainement font difficilement bon m�nage). Mais n��tait-il pas temps ? L�auteur incite d�abord � r�fl�chir, � se demander � pourquoi ? � avant de pleurnicher � comment ? �. Puisse le tome 2 na�tre rapidement pour prolonger la r�flexion : voil� qui serait un esth�tique pied de nez � la face du monde.


Olivier Stroh



 
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