#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Lieu Commun

 Lieu Commun
Bruce Bégout
Allia
Prix éditeur
6.00 euros


En refermant la porte d�une chambre anonyme, il ne lui restera plus qu�� s�endormir... et repartir, demain. Le client du motel est ainsi : pour lui, aucun but au voyage. Les quatre murs ne l�emprisonnent m�me pas ; ils ne peuvent que l�accueillir, toujours en transit dans une soci�t� elle-m�me instable. Du motel ou de cet " hoboh�me", on ne sait qui a engendr� l�autre.


ESSEULEMENT ET INDIFFERENCE

Vide de sens, le motel s�emplit toujours de destin�es qui se croisent mais ne se regardent pas. On sait qu�il y a un autre, on le voit au fond du couloir, on l�entend tousser � travers la cloison mais on ne lui parle pas. Endroit d�sordonn� o� r�gne l�ataraxie. Il s�en faut toujours de peu pour qu�une syllabe ne disparaisse au petit matin : ne resterait alors que l�ataxie. "Involontairement ou non, le motel nous renvoie � l�exp�rience primordiale mais difficile � d�crire de la sociabilit� subversive : l�esseulement et l�indiff�rence."(chap. 11)

Satur� de neutralit�, cet h�tel pour for�ats de la route d�gueule pourtant de couleurs et de propositions ind�centes : celles des n�ons de l�enseigne criarde, celles des distributeurs de sodas dans le hall - vide n�cessairement - , celles des rendez-vous secrets exp�di�s en dix minutes et d�une soci�t� o� la loi du march� impose toujours de s�adapter. Au moins, dans le motel, pas de question : comment s�adapter au n�ant ?


WELCOME TO A NOUVEAU DEPART

Celui qui entre dans le motel sait donc d�j� qu�il va en sortir : "Check in, check out, l�autoroute � c�t�" selon Pierre, consommateur, itin�rant fran�ais rencontr� l�-bas par l�auteur. Dans son petit livre dense, Bruce B�gout montre aussi en quoi le motel donne acc�s � une r�alit� urbaine cr��e par les �tats-Unis o� d�socialisation, mobilit� et uniformit� sont identifi�es comme les g�nitrices de son objet d��tude.

Mais, par un r�flexe d�audace esth�tique, il r�ussit enfin � esquisser une signification de ce qui ne se r�duit pas � un b�timent et cultive en m�me temps une banalit� ali�nante. Car il est rare que l��tre humain vive une exp�rience sans lui donner un sens : ainsi les motels sont-ils souvent incubateurs de nouveaux d�parts.


AVEC HITCHCOCK ET BAUDRILLARD

Le texte de Bruce B�gout se donne � lire comme une �tude compl�te sur une �uvre d�art investie par des clients qui s�accommodent de cette "machine � produire de l�ennui". Une analyse pertinente du film Psychose ici, une digression sur les serial-killers l�, l�expos� clair d�une pens�e de Baudrillard plus loin d�montrent que la pens�e en mouvement de l�auteur tient du r�el raisonnement mais s�adresse aussi aux non-initi�s. L� est la victoire d�un tel essai : dans un style clair, nourrir une r�flexion objective. O� de r�elles recherches stylistiques r�v�lent une plume : quand B�gout �tudie, par exemple, l�uniformisation des attitudes, l�anonyme "on" s�impose subrepticement (chap. 9).

En ethnologue, B�gout d�livre in extenso des t�moignages d'anonymes hoboh�mes quand everyone has something to say. L'essai donne un sens � la banalit� de ces paroles. B�gout, philosophe pratiquant. � la crois�e des �tudes de l�auteur sur la quotidiennet� et de son pr�c�dent essai sur Las Vegas (Z�ropolis), Lieu commun explique et donne � vivre le motel. Le r�cit d�un mythe moderne ou Barthes dans une chambre de 10m� le long de la route 66.

Olivier Stroh



 
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