#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Leadership

 Leadership
Rudolph Giuliani
Buchet-Chastel
Prix éditeur
20.00 euros



Giuliani, surnomm� Rudy par ses partisans, nous livre une combinaison calcul�e entrela�ant l��uvre de sa vie de maire exemplaire, un essai sur l�id�ologie r�publicaine am�ricaine, l��loge de la police et des pompiers. Manuel du bon leader ? Sur la couverture : un homme confiant, l�air bon, responsable et honn�te. Bref, ce qu�on attend d�un politicien am�ricain. A l�int�rieur, m�me chose avec le c�t� chaleureux en plus. Tout en lui refl�te l�Am�ricain : petit-fils d�immigrants italiens, il garde ses valeurs morales et familiales tout en respectant l�American Dream, et mettant de cot� ses passions au profit de l�action : "Je crois aux faits plus qu�aux th�ories, aux r�sultats plus qu�� la rh�torique". Franc. Simple. Dynamique. Transparent. Un discours si transparent qu�il fr�le souvent la lapalissade : "Savoir �tre un bon leader n�est pas inn�. C�est une chose qui s�enseigne, s�apprend, se perfectionne."


LES FACES CACHEES DU MAIRE

"L�Am�rique, la terre des hommes libres et le pays des braves, cet endroit si exceptionnel. C��tait une vision id�alis�e, romantique sans aucun doute. Mais en venant ici, mes anc�tres et tant d�autres ont �galement apport� quelque chose � l�Am�rique, qui est devenue encore plus exceptionnelle gr�ce � eux, parce qu�ils ont travaill� dur pour rendre ce pays meilleur, plus juste et plus prosp�re pour eux et leurs enfants." Ces longues tirades flattent l�ego populaire, ne nous trompons pas, et font mine de sortir des plus beaux sc�narios Hollywoodiens. Et c�est avec cynisme que nous nous donnons le droit de ricaner, ouvertement : "Nous sommes unis par notre foi dans la d�mocratie, notre foi dans la libert� religieuse, notre foi dans le capitalisme, dans le lib�ralisme[...]. Nous sommes unis parce que nous respectons la vie humaine et parce que nous respectons les r�gles du droit." Au patriote Rudy de r��crire le Credo am�ricain. Mais son ton et son discours plaisent. La preuve : Leadership est rest� plusieurs semaines num�ro un au box office am�ricain.

Mais un leader reste un homme. Un leader est sensible, m�me si, au long de sa carri�re, les d�mocrates et les communaut�s afro-am�ricaines et hispaniques tenterons de le d�mentir. Rudy a des amis, certains mourront le 11 septembre, mais un leader doit toujours aller de l�avant. Enfin, un bon leader est un h�ros : il ne doit pas pleurer sur son sort, masi au contraire agir, montrer l�exemple. Quelqu�un qui malgr� son cancer de la prostate doit continuer � se montrer in�branlable. Prot�ger sa famille et sa ma�tresse, aussi bien que des inconnus.

Rudy le familial. "Il y a plus de cent ans, quand mon grand-p�re Rodolfo Giuliani, dont j�ai h�rit� le pr�nom, quitta l�Italie pour l�Am�rique, il n�avait que vingt dollars en poche." Sa m�re lui a appris la sensibilit� et le pouvoir par l�intellect. Son p�re � rester calme et � se dresser face au danger (en d�autres termes : "be a man my son !").
Rudy le pieux. Malgr� sa ma�tresse, son soutien � l�avortement et sa "conception exp�ditive de la justice" [in Courrier International du 6 septembre 2001, Harold Hyman, ndlr], Giuliani demeure "un fid�le de la Sainte Eglise apostolique et romaine". Il bazarde par-ci par-l� quelques r�f�rences � Lui, Dieu, le seul vrai leader. Et c�est l� qu�au d�tour d�une petite conversation, il vous l�che un "que Dieu vous garde", ou plus famili�rement un "nom de Dieu !" risquant de lui faire perdre sa place, l�-haut, au paradis des h�ros.
Rudy el hombre. En faisant la liste de ses grands amis, des personnes qui l�ont influenc� et des grands patrons, Giuliani se laisse tenter � la flatterie : les amis d�un h�ros sont forc�ment nos amis. Mais rendre un hommage posthume aux victimes du 11.09 est sans doute ce qu�il fait de mieux : "Je connaissais ces hommes �Bill, Pete, Ray et le p�re Judge- depuis des ann�es, je les estimais, j�avais �pingl� des m�dailles sur leur poitrine. Je les aimais. Je ne me doutais pas que je les voyais pour la derni�re fois. Ils moururent tous les quatre ce jour-l�." Son chapitre sur le 11 Septembre reste un passage �mouvant et poignant de r�alisme : "Il sauta et je suivis toute sa chute jusqu�� ce qu�il s��crase sur le toit du 6, World Trade Center. "


ETRE MAIRE OU COMMENT ETRE MOI

Cependant, au-del� de ces images en trompe-l'oeil, il est � noter que jamais un maire ne s�invest�t autant pour sa ville, pour la r�affirmer aux yeux du monde et la soulever des d�combres. Les chiffres le prouvent : New York est pass�e du statut de ville dangereuse � celui de ville la plus s�re des Etats-Unis. Le nombre de d�lits a chut� de 44% et celui des meurtres de 61%. Finalement, la soci�t� ultra-polic�e et la campagne de "Tol�rance Z�ro" a pay�. Et pour nous inspirer, Rudy nous en donne les clefs : se d�barasser avant tout de la d�linquance, car comme il le dit : "une personne qui ne penserait m�me pas � lancer une pierre contre un �difice intact h�sitera moins � casser un carreau l� o� il y en a d�j� un de bris�. Ensuite, en voyant ces carreaux cass�s, un troisi�me individu pourra facilement commettre des d�g�ts plus importants, s�il sent qu�il n�y a personne pour s�opposer au non-respect de la loi."

Pour Rudy, un policier par d�finition, ne peut pas faire de mal. Ce qui attirera les critiques de nombreux new-yorkais : il a, par exemple, couvert des bavures � caract�re raciste. Rudy n�a jamais cherch�, non plus, � s�attirer la sympathie de la communaut� et des repr�sentants afro-am�ricains. Il para�t, d�apr�s tous les noms mentionn�s dans son livre, tr�s proche des communaut�s juive, italienne et wasp. Mais les hispaniques et les afro-americains sont en tout petit nombre parmi son entourage professionnel et personnel. Les Am�ricains se font un plaisir � fouiller dans la vie personnelle des grands hommes et de leur reprocher de ne pas �tre parfaits. On lui reprochera �galement d�avoir introduit sa ma�tresse chez lui, devant sa femme et ses enfants.

Dramatiquement, c�est le 11 Septembre qui le hissera � l�apog�e de sa gloire. Son h�ro�sme fera de lui le quasi-superh�ros de la situation. Alors que les tours s�effondraient, il s�est imm�diatement rendu sur place. Peut-�tre par t�m�rit� plus que par courage, il s�est trouv� dans des situations dangereuses, parfois sauv� par ses gardes du corps : " John Huvane se jeta sur moi pour me prot�ger et me poussa devant lui sur un tiers de bloc, environ." Mais il �tait l� pour soutenir ses policiers et ses pompiers, ses habitants et ses amis. A d�faut de mourir en h�ros (ou en martyr), il a jou� au cow-boy. Le 13 f�vrier 2002, Elizabeth II le sacra chevalier de la l�gion d�honneur.

LE FRIC DE L'AMERIQUE

"Je me suis efforc� autant que faire se peut d�administrer cette ville comme une entreprise" : transparent. Etre un leader c�est diriger une mairie, une ville comme on dirige une compagnie d�assurance ou une �quipe de Base-ball. Finalement New York n�est qu�une grande entreprise avec ses employ�s, ses b�n�fices et ses r�unions matinales. Ce mode d�emploi pour leaders en herbe vaut tout aussi bien pour un PDG d�une multinationale que pour une chef-h�tesse du salon de l�automobile. On y apprend comment diriger un team, comment organiser les r�unions, comment �viter le favoritisme, comment donner des ordres. Secouant les services publics, il accorde une confiance absolue aux d�bats et d�cisions publiques et aux statistiques. Dur avec les immigrants, mais pour la diversit� sociale. Enthousiaste pour les m�thodes et philosophies du business, mais peu enclin � parler id�ologie. Giuliani parle de "management program" pour �voquer sa fa�on de diriger la mairie. Il appara�t comme le DRH des situations de crise. Sans tout � fait critiquer son pr�d�cesseur... Tout en diminuant les crimes, il fait prosp�rer la ville. De 2.2 milliards de $ de d�ficit, il passe � 500 millions de $ de b�n�fices. Il cr�� 450 000 emplois dans la ville dont 180 000 dans le secteur priv�.

Arm� de son slip rouge et de sa cape bleu �toil�e, il r�ussit � relever New York de sa d�ch�ance d�avant 1993 (juste avant son premier mandat). Il se consacre leader des leaders, chef d�orchestre dans un monde o� un violoniste peut d�cider d��tre harpiste. Il est la bonne �me des assoiff�s de pouvoir. Mais tout en gardant une certaine humilit�, il nous prouve combien il a �t� un bon maire et un bon chef. Id�ologiquement, politiquement, �conomiquement, c'est ind�niablement un leader.

Sophie de Laboulaye



 
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