#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Anarchie (copyright)

 Anarchie (Copyright)
Bruno Wajskop
�ditions Que
Prix éditeur
11.00 euros


Un titre, deux mots. Anarchie : libert� pour tous, utopie �galitaire ; (copyright) : droit individuel de l�auteur, propri�t� � l�anglo-saxonne faussement masqu�e par deux simples parenth�ses. Ici, Henri Tore imagine une �mission de t�l�vision subversive, o� la cr�ation deviendrait un rempart � la d�solation ambiante et dont le titre refl�terait l�oxymore de la soci�t� lib�rale-libertaire. Observateur de ses prochains, acteur et victime - consciente - de ses relations avec les autres, il se d�bat dans les mondes bessons des m�dias et de la communication entre les �tres. Relations, individu, parole... analyse, �criture... analyste, �crivain... toute inspiration trouv�e chez un auteur existant comme Bruno Wajskop, analyste, �crivain, ne serait que pure co�ncidence. "Les gens qui lisent, et dont on peut penser qu�ils ont un avis pertinent sur la litt�rature, sont si rarement capables d�imaginer qu�un auteur puisse imaginer" (ch. 26).

HENRI VEUT DEVENIR ECRIVAIN

Mais, comme m�ta-projet, l�apprenti-cr�atif conserve le souhait intime d��crire, qui �merge � toute occasion : Henri aimerait vivre une aventure pour la raconter dans une revue litt�raire branch�e, Henri s�accommoderait de l��chec de son entreprise audiovisuelle pour trouver l� un sujet de roman, Henri pourrait aussi etc.

Derri�re les cas de conscience de son personnage, Bruno Wajskop interroge surtout l�acte de cr�ation litt�raire et d�veloppe une th�se : la remise en question mezza voce de l�autofiction, forte tendance de la litt�rature � trouver dans la vie des auteurs le c�ur de toute cr�ation et dans le dolorisme son mode privil�gi� d�expression. Une �tape de sa r�flexion se lit dans le face-�-face d�Henri avec les tableaux d�Emma (qui, elle, a r�ussi � diffuser son �uvre). Retourn� � la feuille blanche apr�s avoir �t� confront� � son fantasme de cr�ation - authentique imagination dans un langage irr�ductible -, le h�ros est incapable de relater ses sentiments pour Emma : "l�imposture, c�est de dire le vrai tel qu�il vient d�arriver, et se croire capable de le chiffrer"(ch. 28).


UN ROMAN SUR LE ROMAN

Le livre de Bruno Wajskop se donne � lire comme une �tude en mouvement sur le roman jusque dans sa composition. Seules les consid�rations litt�raires aident ainsi � comprendre pourquoi Henri doute au d�but de sa propre existence. Dans les cinq premiers chapitres, pas d�intrigue. Par contamination, peu de verbes dans les phrases, et normalement, aucun personnage. Or Henri est l�. Et il subit le hiatus entre son existence litt�raire et l�absence d�histoire.

Au-del�, l�auteur propose une r�flexion syntaxique et po�tique sur la litt�rature, quand l�absence de roman flaubertien le conduit � d�truire aussi la phrase : jeux de sons ("pluie glac�e, plus de m�tro, pas assez de taxis", ch. 8), utilisation autonymique des mots, grammaire contest�e ("chez les ceux qui" ch. 27), etc. Et toutes ces manifestations de se rar�fier d�s qu�Henri dessine son projet. Et le roman de devenir traditionnel : une intrigue, des personnages... une normalit� dont le summum est atteint avec l��change th��tral d�Emma et Arnaud. On pense au Martereau de Sarraute utilisant un th�me banal du roman du XIX�me si�cle pour en d�truire les formes et en d�placer le centre. Wajskop, quant � lui, met en sc�ne un personnage-poncif de la litt�rature contemporaine : le m�le blanc, � la jolie petite amie (volage ?), qui travaille � la t�l� et cherche � devenir �crivain. Puis il le fait �voluer dans une structure romanesque d�truite, r�tive ensuite � la normalit�.

WAJSKOP LACANIEN ?

La th�orie litt�raire ne monopolise plus la critique si l�on se rappelle que Wajskop est aussi psychanalyste. Comment ne pas �tre tent� de d�celer, dans les probl�mes relationnels d�Henri, une traduction des enseignements de Lacan qui affirmait, dans �crits I, que "la conception de la psychanalyse [s��tait] infl�chie vers l�adaptation de l�individu � l�entourage social" ? Comme lui , Wajskop r�duit l�importance du v�cu pour mieux �tudier les murs qu�Henri �rige et d�truit entre lui et les autres. Comment ne pas qualifier de lacaniens des jeux de mots tels "plus personne n�est quelqu�un " ou "�N�allez pas, n�allez pas pas... Papa !" ? Pourquoi m�me ne pas analyser les monologues int�rieurs comme une repr�sentation de l�empathie de l�analyste ? Quand il donne acc�s � la pens�e du personnage, le narrateur omniscient devient une voix neutre et une oreille bienveillante. Parce que l�auteur ma�trise tous les ressorts stylistiques, psychologiques, po�tiques, de l��criture, Anarchie (copyright) s�offre comme un roman recherch�. De la litt�rature. Et qui nous crie : "lis tes ratures".

Olivier Stroh



 
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