#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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J'irai prier sur ta tombe

 J�irai prier sur ta tombe
Raphaël Stainville
Fran�ois-Xavier de Guibert
Prix éditeur
20.00 euros


� la page 577 du Robert, s��tend sur deux colonnes la signification d�un verbe qui, suivi d�un compl�ment d�objet indirect, acquiert une dimension particuli�re : "Croire �, en : SP�CIALT Accorder par conviction son adh�sion ; �tre persuad� de l�existence et de la valeur de (un dogme, un �tre religieux)". Si cette d�finition sp�cifique est digne d��tre comprise litt�ralement, Rapha�l Stainville croit en Dieu, en est la cr�ature. Et pour crier cela � qui veut l�entendre, il vient d��crire le r�cit de son p�lerinage effectu� en 2000, "� pied, de Paris � J�rusalem" selon les mots du sous-titre.

L�esprit de d�votion qui anima l�auteur �claire chacune des phrases de ce qui se donne pour �tre le compte-rendu subjectif d�une exp�rience personnelle. Car solitude et ferveur se nourrissent mutuellement chez le croyant, surtout quand il se sait entour� par les pens�es de ses proches : "il n�est pas d�exp�rience plus collective qu�un p�lerinage solitaire". Au commencement est donc le voyage : quitter la statique Paris pour les routes d�ici et d�ailleurs, dormir sous un pont d�s la premi�re nuit, �crire sur les murs pour y laisser des bribes d�humanit� et finalement reconsid�rer sa vie, sa ville, son mouvement vain et pourtant perp�tuel.

S�il d�crit le p�lerin, l�auteur narre aussi le p�lerinage et ses d�cors comme l�envo�tante Anatolie, dont l�horizontalit� devient l�" �preuve de l�infini". Parcours sinueux dans les m�andres des paysages, l�essence du p�lerinage se trouve aussi dans les rencontres : avec un ath�e qui porte en bandouli�re une conception particuli�re du voyage, avec les cohortes de cass�s de l��me qui peuplent les bars de la France d�en-bas ou les rues de la Syrie assadienne, avec les pr�tres et les s�urs des monast�res d��tapes, et tant d�autres. L�Humanit� avec un grand H quand l�Histoire travaille, selon Perec, "avec une grande h�che".

Tous l�aident et se confient � lui comme � un �tranger qui leur apporte sa diff�rence et pourrait emporter ce qui leur est trop lourd. Reconnaissant, l�auteur loue leurs actions, leurs personnalit�s mais ne peut s�emp�cher de justifier, par leurs attitudes, la v�rit� de son explication catholique du monde. Car, finalement, le r�cit de Rapha�l Stainville est celui d�un fervent catholique que seuls les fervents catholiques peuvent pleinement recevoir. Passe encore qu�il close son r�cit sur un po�me de Robert Brasillach, collabo notoire mais litt�rateur �rudit (la litt�rature catholique ne compte-t-elle pas de plus grand h�raut que celui-ci, ou la parole d�une des personnes rencontr�es n�aurait-elle pas �t� plus vraie ?) Mais pourquoi ce ton aussi na�f que triomphateur quand il mentionne que certains lui demandent de prier pour eux, m�me s�ils sont ath�es ou d�une autre confession ? Pourquoi ne donne-t-il pas � lire sa conversation avec l�imam, pr�s de Gebze, en Turquie, comme t�moignage d��change ? Pourquoi s�attendrit-il plus envers les deux jeunes Roumains rencontr�s pr�s de Tekirdag une fois d�couverte leur chr�tient� ? Que signifient ces lignes o�, lisant le r�cit de p�res j�suites sur les massacres de chr�tiens par des musulmans, au d�but du XX�me si�cle, il commet un amalgame indigne : "c��tait comme si je prenais conscience d�une culture de la violence et de la barbarie. En m�me temps que je lisais ces sc�nes d�hyst�rie collective [�], je voyais plus loin un veau qu�un boucher saignait [�et] les enfants jouent avec le globe cireux du veau qui agonise. C�est abject "? Sous-entend-il que l�islam est, dans sa pratique et, par contamination, dans ses dogmes, une religion sanguinaire ? Que les musulmans sont des �tres plus violents que les chr�tiens ? Plus loin : "il n�y avait peut-�tre pas de liens directs entre ce que je lisais [�] et les sc�nes de rues [�]. Et pourtant, je m�interrogeais". Poursuivez votre interrogation et apprivoisez le verbe : l� est la seule voie du dialogue interreligieux que vous admirez dans ce monast�re de la fronti�re libano-syrienne (chapitre "L�h�tel Dieu").

Sinc�re, ce r�cit est aussi celui des actes manqu�s envers le non-chr�tien d�sireux de comprendre. Rapha�l Stainville aurait pu s�adresser � l�universel. Il aurait pu �tre didactique en tenant c�te-�-c�te deux postures : appr�hender l�id�e-m�me de voyage et exposer les fondements religieux de son p�lerinage. Mais celui qui n�est pas son fr�re de foi referme le livre en se demandant si Stainville aspirait � lui parler.

Selon son �tymologie (du latin eccl�siastique pelegrinus), le p�lerin est le voyageur, l��tranger. Un homme parmi les hommes. Son exp�rience de foi � J�rusalem conserv�e par l�auteur, une galerie des visages rencontr�s durant ces six mois termine le r�cit. L�auteur croit en Dieu. On aurait pens� qu�il cr�t autant au genre humain, qu�il aurait su faire passer cette dimension pour s�adresser � son prochain. Mais on doute de ceci et on n�a finalement pas lu cela.

Olivier Stroh



 
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