#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Petit d�jeuner chez Tyrannie (suivi de Le cr�tinisme alpin par Pierre Jourde)

 Petit d�jeuner chez Tyrannie (suivi de Le cr�tinisme alpin par Pierre Jourde)
Eric Naulleau
La fosse aux ours
Prix éditeur
16.00 euros


A bien regarder le macrocosme litt�raire fran�ais pourrait nous prendre l�envie de relire La guerre des boutons de Louis Pergaud, "observateur savoureux de la vie des b�tes [...] et des m�urs paysannes" comme il est �crit dans l��dition 1989 du Petit Larousse, ainsi que l�int�grale de la s�rie culte des ann�es 80, � savoir l�in�narrable Dallas. Nul besoin de faire de comparaisons h�tives ici, il suffit juste de regarder l�original, et presque tout y sera. Mais ne mettons pas de l�huile sur ce feu qui n�est ni de Dieu ni de paille, mais plut�t de pacotille et sans cotillons pour les uns, et d�urgence spirituelle et d�int�grit� bafou�e pour les autres qui signent l� un second volet en r�ponse aux premiers qu�il n�est plus besoin de citer (au moins, tout risque de proc�dure juridique sera �cart�).

"Et c�est reparti pour un tour !" s�exclamerait n�importe quel trublion � l�humour un peu absurde. Mais le trublion � qui nous avons affaire s�appelle Pierre Jourde, et il a la v�rit� de l�intelligence � ses c�t�s, telle un chien de garde beaucoup plus redoutable que les tentatives de censure exerc�es sur eux, c�est-�-dire sur le trublion en question et la v�rit�. Car le mot v�rit� est m�me un peu trop fort dans le cas pr�sent : � l��re de l�autofiction, pourquoi ne pas parler tout simplement de r�alit� ? Dans son ouvrage intitul� La litt�rature sans estomac, l�auteur-trublion s��vertue juste � d�crire une situation donn�e. Comme en un rapport qui serait plus m�ditatif qu�administratif. Mais il ne faut pas confondre m�ditatif et m�disant : tout est l�. Dire le mal serait donc m�dire, pour certaines personnes dont il est question dans ce livre paru � L�Esprit des P�ninsules au printemps dernier. Soit. La linguistique est une science parfois d�routante, n�importe quel universitaire un peu sens� vous le dira, surtout quand on s�attarde sur le comportement de certains individus qui se permettent de faire d�vier le sens plus vite que la musique, surtout quand l�air ne leur pla�t pas. Quitte � devenir orduriers, dans la plus factice des bonnes fois.

Eh oui, c�est �a aussi, le milieu litt�raire fran�ais, ces petites escarmouches dont n�aura jamais vent, par exemple, untel jeune de banlieue trop occup� � suivre des s�ries t�l� aussi insipides que peuvent �tre ingrates ses conditions de vie. C�est v�rifiable : r�soudre le probl�me d�alcoolisme du p�re ainsi que le deuil du grand fr�re qui finit ses jours en prison, sans parler de la d�pression de la m�re qui s�ensuit, tout cela existe �galement, m�me si on nous r�torque que �a sonne rudement m�lo, voire path�tique (" C�est bon pour un t�l�film ou un long m�trage de Ken Loach, moi je n�y peux rien, j�ai ma vie qui me pose d�j� pas mal de probl�mes vous comprenez, etc. " pourrait r�pliquer n�importe quelle personne sans compassion). Et m�me chez les fran�ais moyens, voire chez ceux qui ont un peu plus de moyens, para�t-il que le malheur peut s�vir. Alors les infortunes de ceux qu�on n�oserait citer nous poussent � sourire avec indulgence. "On croit r�ver", diront les gens de bon sens. Eh non, ce n�est pas un r�ve, c�est �crit noir sur blanc, en cent six pages par Eric Naulleau, et en quarante-sept par Pierre Jourde. Laissez-vous inviter � ce petit d�jeuner, m�disez, euh m�dites, euh non, m�ditez sur la condition humaine et allez marcher un peu partout, parmi les rues et les faubourgs. Prenez la temp�rature de l�air ambiant, qu�il fasse froid ou chaud, vous verrez, la b�tise r�ussit toujours � envahir un peu l�atmosph�re. Mais il est une riposte qui fait mouche, c�est l�esprit critique. Et il faut croire que la critique est devenue une p�ninsule peu visit�e, o� pourtant poussent de beaux fruits de raisonnements et, oserons-nous ce mot, allez, oui, d�intelligence. Nous apprendrons ainsi que la critique n�est pas forc�ment le fruit de l�aigreur, mais peut tout aussi bien provenir "de l�envie de s�amuser, de l�irrespect, de la col�re devant de fausses valeurs ou tout simplement du d�sir de donner son avis", ce qui, pour toute personne au Q.I raisonnable, est une �vidence (p. 141).

H�las, certains forcent Pierre Jourde � l��crire ; c�est vrai, on avait t�t fait de l�oublier, notre esprit critique, vu l�aplanissement et l�affadissement de l�autre PAF, le Paysage Artistique Fran�ais (il n�y a pas que la t�l�vision qui aurait droit � son paysage). Pierre Jourde donne son opinion et voil� comment certains, malgr� eux, puisqu�ils s�affichent victimes de viles accusations (l�aspect de vilenie n�engage qu�eux, et le terme accusation a vite fait de remplacer l�id�e de constat), nous font oublier que nous vivons dans une R�publique, et que d�autres nous le rappellent avec comme seuls soucis la probit� et l�int�grit�, valeurs l�g�rement en voie de disparition ces derniers temps. Il serait donc judicieux de lire, dans la foul�e, les �uvres du m�me ordre : Le cadavre bouge encore, collectif sous la direction de Pierre Bottura et Olivier Rohe, Chronic�art/L�o Scheer, 2002, Le Pari litt�raire, Editions Esprit, 1994, et Qui a peur de la litt�rature ?, du m�me Jean-Philippe Domecq.

Toutes ces histoires de d�tractions peuvent ainsi donner lieu � une saga d��pisodes de plus en plus rocamburlesques, surtout quand les diffam�s usent � leur tour de diffamation (le concept de "correspondance priv�e" comme preuve imparable risque de faire des �mules : attention, d�autres pourraient s�en servir... Mais la col�re, souvent due � une culpabilit�, ne perturbera pas leur sagesse : ils n�en feront rien). Tout cela sent la stupidit� de la discorde, �clair�e par les auteurs qui n�en voulaient pas autant et qui ont le m�rite de signer leur engagement dans ce combat presque truqu� � leur insu. Car finalement les lecteurs du journal cit� dans leur texte continueront d�acheter leur quotidien avec l�int�r�t du lecteur-voyeur qui sommeille en eux, alors que Naulleau et Jourde r�vent d�un lecteur-voyant, tout du moins �clair�. Tout cela se passant loin du r�el o� se d�bat le jeune de banlieue dont nous parlions, loin du r�el de la plupart des citoyens qui n�en sont plus vraiment puisqu�ils s�en fichent pas mal, de tout cela, notamment de la probit� et de l�int�grit� de ceux qui les informent. Ils ont d�autres chats � fouetter, c�est un fait, mais ceux dont il est question dans ce Petit d�jeuner valent tout de m�me le d�tour pour mieux revenir � la r�alit�.

Et la r�alit�, c�est bien � la mode (t�l�visuelle, entre autres), pourtant ? Notamment pour ceux qui aiment s�en servir (surtout celle qu�on invente... "Tout est vrai puisque je l�ai invent�" disait Vian) pour la rendre encore plus r�elle, proche de nous, avec ce joli regard de Gorgone qui cherche � nous p�trifier. Pas de chance, elle pue de la gueule en ce moment et certains poss�dent encore le r�flexe salvateur de tourner le visage, et de nous le dire.

Richard DALLA ROSA



 
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