Alice la Saucisse Sophie Jabès Verticales

Prix éditeur 14.00 euros

"Au d�but, il y avait les jambes d�Alice. Fines. Fusel�es. Cousues mains. Aristocratiques." Alice travaille comme biblioth�caire chez les Dominicains. Alice passe le reste de son temps � fl�ner dans la ville de Rome. Alice reste chez elle � s�enduire de cr�me. "Alice avait un corps de r�ve qui faisait bander les jeunes gens qui fl�naient pr�s de la gare de Termini et ceux qui sirotaient affol�s leur cappuccino, piazza Navona."

Narcissique Alice. "Alice ne se laissait pas toucher. Regarder, oui. Mais toucher, non. Elle seule avait le droit de caresser sa peau douce et tendue qu�elle admirait pendant de longues heures devant la glace." Pour le moment rien de bien palpitant me direz-vous. Et pourtant ! Alice revoit son p�re trop souvent absent. Et l�, c�est le drame !

Papa, coureur de jupons, en bon clich� italien qui se respecte, revient dans sa vie lui dire "Tu n�es pas belle, il faut donc que tu sois... gentille, je ne vois pas d�autre mot, mais alors tr�s gentille avec les hommes." Merci papa ! Alice, manquant d�j� d�affection paternelle va prendre comme paroles d��vangiles les dires d�un homme qui passe sa vie dans celles des autres ! Elle compensera ce manque de "beaut�" en mangeant. Et pour manger, elle se prostituera, d�couvrant les douces joies du "cornet glac�" de ces messieurs, moyennant nourriture... Qu�y a-t-il de plus gentil que cela ?!

Et Alice, tranquillement, se transforme alors en saucisse p(o)ur porc.

Limpide...

"Ceux qui n�avaient jamais essay� Alice s�empressaient de r�clamer leur tour entre ses l�vres pour pouvoir donner leur avis sur la question." Malgr� certaines lourdeurs et longueurs... "Elle vit pour la premi�re fois ses joues boursoufl�es, son double menton en jabot, ses bras enfl�s, son ventre pliss�, son derri�re flasque." Dr�le et assez atypique... jusqu'au moment o� l'on se souvient des Truismes Darrieussecquiens. N�anmoins, ici, la diff�rence s�appelle Alice, jeune romaine au c�ur tendre, na�ve comme il en est rarement permis et aussi boulimique qu�une jeune chatte. Enti�rement d�vou�e � un malheur sous vide, son manque de r�flexion est pour le moins humoristique.

Toutefois, � vouloir all�ger le th�me de la mal-bouffe d�Alice, l�auteur ne serait-elle pas rest�e un peu superficielle ? Anorexie verbale naturelle ou cuisine trop �labor�e ? La nuit d'un lecteur se termine parfois dans un frigo.

Carine Pigny