Tout s'avale Hubert Michel Le Dilettante

Prix éditeur 15.00 euros

Difficiles, les deuxi�mes romans ; surtout lorsqu�ils sont pr�c�d�s d�un premier salu� quasi unanimement par la critique. Requiem pour une hu�tre avait �t� qualifi� de � perle � et de � livre d�lectable � ; Hubert Michel d� � inventif � � habile � et � cruel � : prometteur pour la suite. Nous nous sommes donc int�ress�s et interrog�s � la suite. Et dans Tout s�avale, l�auteur tient parole, ne d�cevant en rien ceux qui avaient aim� ses �crits pr�c�dents, ne d�rogeant pas � ses objectifs, encore un peu plus affin�s et aboutis pr�sentement.

Un sc�nario simple : notre narrateur est un homme � l�existence un peu inexistante et vide. Sa rencontre avec la d�licieuse Iris ne va pas changer le cours de sa vie, mais l�invite au voyage, � la sortie de soi parmi les beaufs des beaufs (voir les descriptions irr�sistibles de ceux qui fr�quentent les Club Med et Cie). Aux c�t�s de cette jeune fille enceinte et sensuelle, il passe deux semaines � l�h�tel la Fortezza de Mondello, Sicile. Et l�histoire, ce sont ces deux semaines sans complication, farniente insouciante et sans lendemain pour toutes pens�es, sans contrainte aucune. Le r�ve quoi. Un pur moment de d�tente, de moqueries (on vous le dit, la client�le de ce genre d�endroit�) ; jusqu�au jour o� arrive Kl�vtill, ancienne amourette du narrateur, qui va focaliser par sa d�sinvolture et sa beaut� tous les d�sirs et l�attention en mal de cristallisation (on ne va pas s�attarder sur le vieux � tuba de la piscine � vagues) de notre h�ros pas si repus qu�il le para�t.

Mais tout cela n�est que pr�texte � un d�ploiement stylistique et verbal sans pr�c�dent : la jubilation linguistique prend le pas sur l�absence de sc�nario � p�rip�ties initiatiques comme on en a l�habitude, et s�affranchit des n�cessit�s narratives, s�installe confortablement. Le talent d�Hubert Michel se d�couvre pr�cis�ment ici : faire d�une construction absente un vrai d�lice de descriptions et d�ironie. On passe au peigne fin le mythe de l�homme moyen � qui tout et/ou rien n�arrive, celui des Papy-Mamy en vacances, le caract�re insupportablement r�p�titif des idylles d��t�. On se moque, on fait grincer les dents en mettant le lecteur dans le panier de crabes si banal, on ne raconte rien en disant tout.

Mais Hubert Michel fait passer la pilule, ligote et chatouille. Donc on en rit sans plus d�arri�re pens�e (peut �tre � tort). Car tout s�avale : m�me une histoire sans histoire, qui vous met entre des parenth�ses incommodes, d�une temporalit� peu commune. Le temps d�une lecture perl�e de sarcasmes singuli�rement fascinants (ouf, moi qui croyais ne pas �tre en mesure de placer cette perle�)

Louise de Visscher