#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

Actu Entretiens Zoom Portraits Extraits

  Interalli�s J - 4  
  Le D�cembre pour Zone  
  Cusset , Goncourt des lyc�ens  
  Renaudot pour Mon�nembo  
  Goncourt pour Rahimi, la P.O.L position  
  Le Flore pour Garcia  
  Mort de l'�crivain am�ricain Michael Crichton  
  Femina et Medicis: c�t� �trangers  
  Melnitz et Vollmann meilleurs �trangers  
  Blas de Robl�s M�dicis�  

inscription
d�sinscription
 
Les murs vivants

 Les murs vivants
Jean Cav�
Actes Sud
Prix éditeur
13.57 euros

La guerre des colos : un roman clos, enferm� sur lui-m�me, sur des murs dot�s d'une vie pr�sente mais impalpable. Frissonnante.

Paris est violent, venteux : l'orage auquel nous allons assister est d'une toute autre nature ; exasp�r�, proche de la crise nerveuse. L'histoire d'un jeune couple qui ne se supporte plus entre les quatre murs d'un sordide appartement de Belleville. V�ritable bo�te. Tout dans le logis est un leurre : le manque de lumi�re, le papier-peint qui se mue au gr� des humeurs, les portes qui se verrouillent seules, les colos - b�b�tes d�go�tantes, inoffensives (?) - qui rampent. Et cette lettre jamais envoy�e au propri�taire, qui reste sur la table ainsi qu'une pi�ce � conviction : nous sommes infest�s. Par quoi ?

Elle pour lui : une mante religieuse. Lui pour elle : un iceberg. Tout est l�, malaise et incompr�hension de ceux qu'un mouvement trop impulsif a unis trop vite, pour qui les sentiments r�ciproques sont d�mesur�ment envahissants ou trop fuyants. Les trop grouillent, et le couple est � l'image de ces insectes qui les envahissent jusqu'� l'extermination totale. Humanit� envol�e, on se regarde le nombril, on ne sait qu'examiner la laideur d'une mue conjugale impr�vue, on ne veut ni ne peut d�cafardiser cette d�tresse aux antennes acerbes. L'autre a toujours tort. Les colos d�goulinent de toute part ainsi que les insultes qui fusent � mesure que l'agacement et la d�testation croissent.

Tout ici est �tonnant. Le sujet : on ne peut plus simple. Un couple en d�rive. Mais attention : on entre sans m�me s'en apercevoir dans un fantastique kafka�en qui vire au gore le plus d�concertant. M�tamorphose d'une relation, d'un univers qui de cocon devient termiti�re, hostile et larv�e, o� tout ce qui arrive est bizarre, horrible, mais o� le questionnement n'intervient jamais. Si ce n'est ce g�missement sempiternel et aga�ant : Tu ne m'aimes pas. Tu ne m'aimes plus. Tu ne m'as jamais aim�e - toi encore moins. Il est absurde de se laisser envahir par la haine, par le colo, de se faire colo, mais pas de remise en question. La vie l'impose, continuons donc � halluciner.

Cav� nous ponge dans cette sourde angoisse de la mani�re la plus insidieuse qui soit, � petites touches, � coup de petits riens. L'auteur semble avoir atteint une parfaite ma�trise de la m�taphore fil�e, parfaitement embo�t�e dans un r�cit qui vous rend claustro et vous fait des torticolis. On s'efforce d'y examiner les murs centim�tre par centim�tre, dans un suspense �crasant : o� vont-ils, colos comme locataires ? Cav� poss�de cette �criture qui effleure, ainsi que le ferait un insecte qui vous court sur l'avant-bras, et que vous ne remarquez qu'apr�s vous �tre pos� la question : Qu'est-ce que c'est ? La r�ponse est �coeurante. Et la r�action aussi : on a envie de leur taper dessus, sur Mona comme sur Louis. Et finalement, qu'ils meurent dans leur d�lire collectif, et que les murs qu'ils ont invent�s pour mieux se crever les yeux les massacrent nous est bien �gal.

O.M.



+ Lire le portrait de Jean Cav�

 
B�tes sans patrie
Uzodinma Iweala 
Sans elle
Alma Brami 
Crack
Tristan Jordis 
Son absence
Justine AUGIER 
Tribus modernes
J�r�me Baccelli 
Mill�naire � Belgrade
Vladimir Pistalo 
Une jolie fille rien que pour moi
Aur�lie Antolini 
Festino ! Festino !
Elodie Issartel 
La porte des Enfers
Laurent Gaud� 
Jerusalem
Gon�alo M. Tavares 
Lacrimosa
R�gis Jauffret 
H�ros, personnages et magiciens
Vincent Ravalec 
L� o� vous ne serez pas
Horacio Castellanos Moya 
Crossfire
Miyuki Miyabe 
Keith Me
Amanda Sthers 
  ARCHIVES
 
contact | © 2000-2008  Zone littéraire |