Les cendres de mon avenir Eric FAYE Stock

Prix éditeur 12.50 euros

Nous voici face � une �nigme � la Maupassant : Solange Brillat. Aussit�t, une expression se colle � son nom comme une sangsue impudique : briller par l'absence. Car devenir le d�tective de notre propre �nigme est un jeu p�rilleux o� nous pouvons devenir " les exil�s de notre propre destin ". Se fondre dans " l'int�rieur des terres " rel�ve de l'audace la plus� romanesque.

Eric Faye, � ce titre, remonte l'estuaire de sa propre veine litt�raire en donnant la parole � celle qui avait disparu au d�tour d'une de ses nouvelles fantastiques, au c�ur de son recueil intitul� Les lumi�res fossiles (�ditions Corti). Il ne l'avait pas fait dispara�tre, elle avait disparu d'elle-m�me, ou du moins allait dispara�tre d'elle-m�me. Surtout apr�s la r�v�lation finale de cette intrigue quasi m�taphysique tendue sur le fil d'une (en)qu�te personnelle inspir�e d'un fait divers. Il y a une Solange Brillat qui patiente en chaque Horla que nous sommes. Tout le travail alchimique d'Eric Faye se tient l�, dans ce va-et-vient incessant de son encre partie des racines du r�el pour irriguer les ultimes feuilles de sa fiction.

Il a su cr�er un univers o� l'ordinaire invite po�tiquement l'extraordinaire, et lire Les cendres de mon avenir est une invitation cordiale : ses livres s'interpellent comme des �chos franchissant leur propre logique interne. Cette logique est celle d'une " civilisation contemplative " qui cultiverait le plaisir des histoires et la sublimation de la po�sie en tant qu'acte cr�ateur. L'instinct g�n�sique est r�ellement � l'�uvre ici. Nous assistons, page apr�s page, � une naissance n�cessaire de la phrase. " L'�trange devait avoir de la gueule, de la majest� " �crit-il, et cette id�e lance sa propre image au visage du roman m�me : dans ces temps de faux-semblants litt�raires, nous tenons l� un v�ritable �crivain qui ne se fourvoie pas et nous respecte par la m�me occasion, en conf�rant de la majest� � une prose simple et pertinente, brillant par sa pr�sence.

Richard Dalla Rosa