les villes sont trop petites Christophe Paviot J'ai lu (le Serpent � plumes)

Prix éditeur 4.88 euros

Ce n�est pas parce que Beigbeder l�a brandi � la t�l� dans Des livres et moi, dans l��mission sur le dernier livre de Sollers, qu�il faut en parler. Il faut en parler parce que c�est un tr�s bon premier roman, et que Paviot, il se d�brouille bien, le bougre.

Les villes sont trop petites est une esp�ce de conte urbain, qui retrace la pauvre vie, plus d�serte que le Sina� lui-m�me, de la jeune et tr�s sex Guizeh. Contrairement aux monuments qui portent son charmant pr�nom, la belle ne rec�le ni symbolisme, ni exaltation spirituelle ou architecturale, et encore moins de grands myst�res inexpliqu�s. Tout au plus un b�b� cach� dans le placard � dont on apprend qu�elle n�est pas la m�re, et qu�il est venu � elle dans de bien �tranges circonstances �, une grand-m�re qui roule aux somnif�res, une vie sociale normale, entre les coll�gues et les copains, entre bureaux et night clubs.

Philippe, son � coup � (moyen) du moment, est le martyre d�une histoire d�amour qui n�existe h�las que dans ses r�ves, � ce pauvre gar�on. Bouff� par une boule d��nergie quasi-chemical qui ne cache qu�un vide et un d�sespoir profonds. Qui est sans illusion, mais aussi sans grande lucidit� sur son existence, et sur l�Existence avec un grand E. On pr�f�re converser avec le poisson rouge Churchill plut�t que de se parler � soi, ou de parler aux autres.

Rien � comprendre. D�soeuvrement, absence de cr�ativit� ou de passion, des mots-cl�s qui s�appliquent ind�niablement � certaines g�n�rations dont Paviot se fait le chantre : Les villes sont trop petites est le roman d�une g�n�ration. Coups durs, mais belle estocade, vive et imag�e : le style est imparable tant il r�v�le cr�ment. Relevons aussi, dans le d�lire d�une construction qui n�est pas d�jant�e sans �tre pour autant r�guli�re, une ing�niosit� remarquable : n�en venons nous pas � d�tester la jeune anti-h�ro�ne, et � l�aimer profond�ment en ce qu�elle a de touchant, de fragile, d�enfantin, et de perdu ? N�en venons-nous pas, au beau milieu de l�horreur suscit�e par son rapport avec B�b�, � soupirer et � trouver des excuses � la folie ?

Un premier roman �dit� en poche � ne pas manquer. Suivi du Ciel n�aime pas le bleu (�ditions le Serpent � Plumes), et prochainement d�un recueil de nouvelles Missiles. Et autres souvenirs cardiaques, pr�vu pour le d�but de l�ann�e 2002.

J. L. N.