#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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La musique d'une vie

 La musique d'une vie
Andre� Makine
Seuil
Prix éditeur
12.04 euros

Comment une vie qui se destinait aux notes devient esclave de l'Histoire, comment un homme perd la m�lodie du d�sir.

L'univers de Makine est p�n�trable et p�n�trant, chacun le sait. Le talent de cet auteur nous a tous ou presque port�s au fil du Testament fran�ais (prix Goncourt et M�dicis 1995) et au gr� de la Confession d'un porte-drapeau d�chu (1992). De la m�me mani�re que nous valserions sur un grave requiem pour l'Est : entre l�g�ret� et pass�, gravit� et paradoxes.

Ici le monde dans lequel on �volue est semblable. Un �tre sans nom et au visage lointain, en attente dans une gare anonyme de Russie : Alexe� Berg, devenu Sergue� Maltsev, se souvient, devant les touches d'un piano muet, de celui qu'il a �t�. Ne sait plus pr�cis�ment celui qu'il est, ni m�me s'il est encore autre chose que cet homo sovieticus sans pens�es. Issu d'une famille d'intellectuels qui a travers� sans trop de dommages le climat de terreur des ann�es trente, le jeune homme semblait promis � une grande carri�re de pianiste. Son premier concert est programm� pour le 24 mai 1941. Rien ne se passe comme pr�vu, l'arrestation de ses parents le plongent dans le monde du silence, � mille lieues des �chos des applaudissements. Un monde bluff� par le bruit des canons et des bottes de l'arm�e si patriotiquement myope de Russie.

Contraint de se cacher, de s'exiler, de voler l'identit� d'un autre, Alexe� enfonce de la ouate dans ses oreilles et part se battre sur le front. Et il vit cette guerre en sourdine, englu� dans une bulle ferm�e � toute sensation, sa chair � la merci des canons. Jusqu'au jour o� la guerre s'arr�te : la torture du jeune homme, automate bris� mais dont la m�canique est bien huil�e, ne s'arr�te pas, elle. La fuite, les boucheries auxquelles il a pris part, la perte de son nom, de ses racines, de sa musique, tout lui explose sans retenue et sans cesse au visage. L'amour ne le sauvera m�me pas, lui qui a perdu sa voix, son d�sir, et donc sa capacit� � retenir l'autre.

Un voyage sublime dans le c�ur d'un homme qui met � nu ses pulsations � d�faut de retrouver ses pulsions et sa voix. Un narrateur discret, vous, moi, Makine, une conscience peut-�tre, recueille ce t�moignage simple et d�chirant, �l�gant tant il est l�ger et semble ne vouloir s'arr�ter sur rien. Pas d'apitoiement. Alexe� traverse tout sans avoir recours au moindre focus, les d�go�ts s'envolent et ne reste qu'une douceur ramollissante, effarante. Sa jeunesse s'�puise et on le retrouve vieillard errant, sans objectif, sans soleil. Tout son courage, son �nergie vitale et sa force de r�alisation se sont essouffl�s � construire une forteresse de r�sistance certes indispensable, mais que d�sormais rien ni personne ne pourra plus forcer. A part peut-�tre, fugitivement, un air familier et ancien venu d'ailleurs, chant� par un �tranger qui ne sait pas et ne juge plus, qui s'�loignera avec le prochain train. Ne rien retenir.

Makine est une fois de plus exceptionnel dans son t�moignage de l'introspection et de toute la violence qu'elle n�cessite, dans le t�moignage de la m�me violence qui perdure apr�s l'�preuve. L'�criture est d�pouill�e, vraie et vibrante, au service d'un id�al : rendre la parole � ceux qui l'ont perdue, rendre la musique � ceux qui l'ont oubli�e. Rendre la vie autour des morts, effacer les pass�s qui ont effac� les �tres, afin qu'on se souvienne d'eux malgr� leur absence. L'homme imaginaire et parall�le nous mart�le : lui qui a quitt� la vie et s'est mis en �tat de guerre lorsque ses notes lui ont �t� �t�es, et nous les orphelins r�volt�s de chaque jour qui passe et qui nous supprime une parcelle, un quelque chose ; nous qui passons � c�t� des armistices. Mais son histoire peut nous parvenir et r�sonner, malgr� la ouate dont nous laissons assi�ger, enfin, gr�ce � la po�sie des mots de l'auteur.

O.M.



 
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