#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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L��ge de sable

 L'�ge de sable
Dzevad Karahasan
Robert Laffont
Prix éditeur
22.71 euros

Roman d�amour, roman � tiroir, parabole : comment croiser les voies litt�raires dans une qu�te � vocation philosophique ?

La quatri�me de couverture annonce s�rement �uvre �pico-philosophique. Parabole sur la folie de l�homme � travers les �ges et sur la place de la femme dans l�univers, L��ge de sable se pr�sente comme un "conte" � tiroir, � la mani�re des Mille et Une Nuits� Ni compl�tement �pique ou philosophique, mais effectivement parabole et roman � tiroir, nous avons ici un texte hybride, aux facettes plus ou moins attirantes, mais surtout au sens qui demande � �tre d�voil�. Livre � le�on dont la le�on n�est pas �vidente. A d�finir�

Tout se d�cide � la fin en g�n�ral. Dans le roman de Dzevad Karahasan, la lettre qui vient conclure le roman est plus une d�marche � suivre qu�une r�ponse aux questions suscit�es par la lecture : "Si tu souhaites encore me lire, viens me rejoindre. Aupr�s de moi, tu peux, tu dois �tre le texte et son sens � la fois".

Voil� ce qui pourrait r�sumer une partie de ce roman : une histoire d�amour assez traditionnelle dans laquelle se trouvent stigmatis�s les d�saccords d�un jeune couple vou� � l��chec. Faruk est un id�aliste, un jeune homme qui se vit comme marginal ; Azra est une jeune divorc�e ; ils se sont rencontr�s en hurlant � la lune, un soir : c��tait peut-�tre le seul moment de r�elle harmonie entre eux (c�est du moins ce qu�est amen� � croire le lecteur pendant toute la premi�re partie du roman). Faruk aime Azra, mais � sa mani�re, sans r�ussir � lui faire vraiment comprendre � quel point elle compte pour lui; Azra est fascin�e par Faruk, mais sans pouvoir pour autant s�abandonner � celui qui dresse involontairement une barri�re entre eux ; leurs affinit�s n�occultent pas le sentiment d�incompr�hension qui s�pare Azra de Faruk ; enfin, Faruk parle, de lui, du monde ; et Azra �coute, cherche � comprendre et ne peut saisir celui qui lui �chappe � travers ses discours.

L��chec de l�histoire d�amour ne se dit qu�indirectement, par le biais de ces �changes quelque peu abstraits o� Azra prend conscience de ce qui la s�pare de Faruk. Car Faruk est ce qu�on pourrait appeler un "bavard philosophique" qui se perd en ratiocinations souvent vaines et futiles (r�flexion sur les meubles modernes, sur la danse, sur la neige). Et c�est bien ce qui peut emb�ter : voil� Faruk qui parle et qui parle, voil� Faruk qui d�bite raisonnements pseudo-philosophiques sur raisonnements pseudo-phlosophiques, voil� Faruk qui risque de devenir antipathique� Faut-il cependant prendre ces consid�rations au s�rieux ? Faut-il y lire de simples �chos des pens�es de Faruk ou y trouver des paraboles qui doivent tirer leur sens de l�ensemble du roman ? A chacun son avis� A chacun son interpr�tation�

Si, parabole il y a dans L��ge de sable, c�est par le syst�me m�me du roman � tiroir. Azra apr�s sa s�paration avec Faruk s�installe chez ce dernier qui lui a laiss� en "h�ritage" un manuscrit. Il s�agit d�un r�cit qui se d�roule au 16�me si�cle et qui raconte une initiation qui finit mal. Ce r�cit contient lui-m�me un autre r�cit qui ouvre sur un autre temps. C�est sans doute ce dernier niveau dans la lecture qui se r�v�le le plus int�ressant parce qu�il offre une illustration l�gendaire � la difficult� de l�id�alisme dans le monde corrompu � travers l�histoire d�un "djinn" qui cherche � se faire homme � travers l�amour mais qui par innocence, na�vet�, et puret�, ne le deviendra que dans la mort.

La construction du roman fait donc r�gresser le lecteur vers un temps mythique o� se joue le destin de l�id�alisme et celui de la femme qui a d�cid� de suivre celui qui l�incarne mais qui garde sa lucidit�. La fin du roman op�re une remont�e vers le temps pr�sent : la boucle est boucl�e et la parabole peut fonctionner � plein : Faruk devient un "djinn" des temps modernes, celui qui n�a pas sa place dans ce monde et Azra appara�t comme la femme qui n�a pas su retenir celui-ci dans son monde. Ce n�est alors pas un hasard si l�histoire d�Azra et de Faruk qui se d�roule � Sarajevo commence avant l�encerclement de la ville par les forces serbes et s�ach�ve sous les bombes : un monde s��croule et Azra peut comprendre et appr�cier, mais trop tard, la valeur de l�id�alisme.

"Tu peux me comprendre, toi, mon ami, puisque comme moi tu es toujours en qu�te de l�endroit o� tu te sentiras � ta place, suffisamment au moins pour pouvoir en partir".

Dans le roman de Dzedan Karahasan, tout est question de place, c�est tout ce qu�on peut dire�

Sylvain L.



 
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