Enqu�te sur mon assassinat Bruno Masure Chifflet & Cie

Prix éditeur 15.00 euros

Sur le mode du journal intime, Bruno Masure se place volontairement en ma�tre du second degr� et tisse une fiction bourr�e de bons mots et de r�parties spirituelles� Un livre amusant, sans plus.


Pourquoi faire compliqu� quand on peut faire simple ? A l�instar d�un Morandini en mal de bien-�tre m�diatique, Bruno Masure manque d�imagination et choisit purement et simplement la facilit� : le � tapage sur la t�te des autres �, pourrait-on dire. Pass� ma�tre dans l�art de la chiquenaude, le gentil (?) trublion triture les personnalit�s publiques, et s�en donne � c�ur joie dans la vanne facile � voire lourdingue. Dans sa farandole de c�l�brit�s, le journaliste (?) rappelle les brouilles pass�es, remet au go�t du jour les vieilles querelles, et assaisonne les petits secrets qu'on aurait eu bien tort de rel�guer dans l�oubli�
En somme, sous couvert d�humour subtil et de d�rision toute spirituelle, notre po�te d�sordonn� s��clate � � casser de la star � : tout le monde en prend pour son grade, du politique le plus haut perch� au plus jeune des chroniqueurs de la bande � Ruquier. Le tout sur fond d�affaire criminelle qui demande � �tre �lucid�e � sa propre mort. Si si.

Calembours et calembredaines

Langue de pute et fier de l��tre, Bruno Masure ? Franc et d�complex�, plut�t. Car on aurait sans doute tort de ne s�arr�ter qu�� la surface pol�mique de ce roman fourre-tout : l�ex pr�sentateur vedette du JT tiendrait finalement plus du je-m�en-foutiste total que du "people" qui n�aurait pas dit son dernier mot. Avec Masure, d�ailleurs, c�est bien simple : les personnalit�s ne sont que des personnes alit�es, affubl�es de leurs seules initiales pour conserver leur anonymat (elles n�ont rien demand�, les pauvres) : PPDA, BHL et autres DSK� Les calembours c�toient sans cesse des extraits de po�mes, plus ou moins fameux, et billeves�es et calembredaines s�encha�nent � en donner le tournis. De quoi parfois extraire des soupirs de lassitude, devant l�outrance des proc�d�s de rh�torique ! On se rappelle d�ailleurs fort bien ses interventions dominicales, chez Drucker, toujours tr�s sucr�es-sal�es : comme � l��poque, le bonhomme sait m�nager ses ennemis et jongler avec le politiquement incorrect, sans jamais trop se mouiller pour autant. L�art de ne pas y toucher, en quelque sorte, dans une attitude tr�s � second degr� � qui permet de se mettre en avant sans pour autant se montrer trop gonfl�.
Et l�enqu�te sur sa propre mort �volue ainsi, parcourue d�allusions plus ou moins fines sur sa propre vie et celle des autres. On en apprend, �a c�est s�r, et de d�nigrements en r�v�lations, on ne s�ennuie jamais vraiment� Ce qui n�est pas si mal.
Enqu�te sur mon assassinat n�est donc pas qu�un simple � polar narcissique � : � l�image d�un bon jeu de mots, finalement, il n�emm�ne jamais tr�s loin mais sait distraire dans l��ph�m�re.

Julien Canaux