#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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inscription
d�sinscription
 
Jules Ferry intra-muros

 Entre les murs
Fran�ois B�gaudeau
Verticales
Prix éditeur
16.00 euros

Enseignement et d�boires avec Francois B�gaudeau que
nous suivons � Paris intra-muros, au c�ur d�un coll�ge public
du 19�me arrondissement. Pas facile tous les jours, m�sieur
!


Enseigner, quel beau m�tier ! Peut-�tre le plus beau du monde
� ce qu�on dit... La transmission du savoir, le partage, autant de
sources de r�jouissances... Bien des choses ont chang�
pourtant depuis les blouses obligatoires et les phrases de
morale quotidiennement affich�es au tableau. � pr�sent ce sont
les marques am�ricaines et les num�ros des footballeurs
f�tiches qui ornent tour � tour le dos des coll�giens. Eux-m�mes
aussi charmants et bigarr�s que l�origine de leurs pr�noms et le
panachage de leur vocabulaire.
Mais il n'y aurait plus de respect de l�autorit� ni des anciens
d�plorent certains. N�oublions pas non plus que les parents de
Souleymane, de Tarek ou de Mezut ont certainement connu une
enfance un tantinet diff�rente de celles des Fran�ais "AOC".
D�racinement g�ographique, r�insertion culturelle et sociale, et
souvent perte de la langue maternelle, in�vitablement, �a
brouille certains rep�res. Aussi les nouveaux hussards noirs de
la r�publique en charge de la transmission du sacro-saint
"socle commun de connaissances" se trouvent-ils fort
d�pourvus lorsqu�ils se voient en charge de pr�parer p�le-m�le
au Brevet des Chinois arriv�s de fra�che date et d�autres
"sauvageons" plus int�gr�s. Les circulaires et r�unions au
sommet ont beau se multiplier, les d�cisions jargonnantes qui
en r�sultent tendent � demeurer lettres mortes. Du coup, c�est
derri�re l�instauration d�un rituel quasi-policier qu�ils se
r�fugient, faisant du remplissage des fiches d�incident et des
rappels � l�ordre un v�ritable leitmotiv.

Docu-fiction

Entre les murs : roman ou t�moignage ? Un peu des deux,
�videmment. Alternant les confrontations avec les classes et les
conversations entre membres de la congr�gation enseignante,
B�gaudeau t�moigne avec une sympathie satirique du quotidien
de ces professeurs, souvent apparent� � un labeur et un
combat r�p�titif. Ce qui est un peu pesant parfois pour le lecteur
qui aimerait une �volution plus rapide mais �prouve ainsi toute
la pesanteur de leur quotidien... � qui la faute pourtant ? � ces
jeunes si dissip�s ou � ces professeurs m�ritants � qui la
patience fait toutefois fr�quemment d�faut ?
Avec une ironie fil�e, B�gaudeau ne se prive en effet pas de
questionner la R�publique sur l�ad�quation de ses valeurs aux
mutations de la soci�t� fran�aise, et surtout de titiller la sinc�rit�
des profs. Certains semblant plus attir�s par le fonctionnariat et
ses avantages que par une vocation de
p�dagogue. Le profil du premier de la classe tant appr�ci� a
peut-�tre disparu. mais rien n�est moins s�r. Et les professeurs
sont loin d��tre irr�prochables.

On reprend pour les deux du fond

C�est en effet bien de la langue de Moli�re dont il est aussi et
d�abord question dans cet ouvrage profond�ment oral dans sa
composition o� les dialogues l�emportent. Nul hasard donc � ce
que ce soit � un professeur de fran�ais que Fran�ois
B�gaudeau ait choisi de s�attacher plus particuli�rement. Plus
qu�en p�dagogue, c�est en interpr�te qu�il se doit d�agir. � l�art
de manier l�euph�misme et le politiquement correct de nombre
de ses sup�rieurs, il doit associer et arbitrer le naturel sans
vergogne de ces jeunes parfois d�courageants mais finalement
souvent attachants dans leur sinc�rit�. � l�encontre du conseil
prof�r� � un de ces �l�ves pour la r�alisation d�une r�daction,
B�gaudeau �crit donc comme on parle. Un peu paradoxal pour
un �crivain de prime abord. Profond�ment efficace en r�alit�
puisqu�il parvient ainsi � lier les langues de bois de ses
sup�rieurs aux langues de vip�res des coll�giens.

Ainsi produit-il un v�ritable plaidoyer pour la langue comme
vecteur d�int�gration et base fondamentale des �changes
humains et fondement de l�identit� dans les possibilit�s de
r�appropriation qu�elle offre. Le r�alisateur Abdellatif Kechiche
avait d�j� propos� ce pont qu'est le langage dans son tr�s beau
film L'Esquive, sorti en 2004. Aussi tritur�s, d�form�s, et
recompos�s qu�ils soient, les mots demeurent au c�ur de tout
�change et forme de communication humaine. S�ils t�moignent
in�vitablement d�un certain d�calage entre g�n�rations et
classes sociales, ils sont surtout le signe de l��volution de la
mati�re langagi�re. Ce qui est malgr� tout un bon signe
d�adaptation et de r�sistance du fran�ais en ces temps
d�anglicisation et de mondialisation. D�tourn� ou en verlan il
r�siste et demeure l�objet d�un profond respect. En t�moigne
l�obstination touchante de cet �l�ve qui s�obstine � r�clamer des
dict�es � chaque cours de fran�ais.

Au terme d�un constat quelque peu s�v�re, au cours duquel le
lecteur a parfois tendance � s�essouffler, une certitude toutefois :
les gentils petits diables d�aujourd�hui ne demandent qu�� �tre
entendus et compris. Et si les scores des matches de leurs
�quipes favorites rythment l�ann�e avec plus d�efficacit� que les
contr�les, il est clair que chacun doit apprendre � peser ses
mots.

Laurence Bourgeon



 
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