Exposition François-Marie Banier


Ne cherchons pas à placer le si prisé « isme » à la suite de Banier. Il est de ces artistes où la perpétuelle remise en question d’un style le classe chez les inclassables. La maison Européenne de la Photographie dresse une exposition de ces clichés de gens de la rue ou de Sophie Marceau…



Développement du cliché Banier : tirage du négatif noir et blanc.
Temps d’exposition : 15 jours.
Révélation : novembre 1991.
Fixation : considérable.
Arrêt : non programmé.
On entend ça et là que la photographie est une interprétation de la réalité, impossible à décrire avec des mots. François-Marie Banier semble y trouver le juste compromis.

Depuis plus de dix ans, il invite écriture et peinture dans ses photographies. Car écrire sur la photographie, c’est prendre la parole et la donner à ses sujets une dernière fois. La ligne d’encre est pareil à la veine alimente le cœur. L’écriture alimente l’image.
D’abord c’est le monde des livres où il s’introduit à l’âge de 22 ans avec un premier roman Les Résidences secondaires en 1969 et le très remarqué Balthazar, fils de famille en 1985. La suite est sur les planches avec des pièces de théâtre. Jusqu’au jour où, stupeur, il présente une série de photographies à Beaubourg en 1991. Dans l’ombre, il réalise une œuvre depuis des années de portraits anonymes devenues légendes.

A star is born

« Et pourquoi n’en profiterai-je pas, du détour de cette exposition tant voulue, pour ce qu’elle représente de rencontres avec tant d’inconnus - sans parler de cette réhabilitation de moi-même à mes yeux, qui ne voient plus rien quand noyés dans les mots d’un roman que j’écris ils ne voient plus rien - pour livrer quelques secrets qui n’auraient pas grand intérêt si ce n’était pour mieux me connaître ». Banier justifiait ainsi sa première exposition « Inattendu ». Anonyme quand tu nous tiens. Salvateur. Son atelier, c’est la rue. Grand loft, belle luminosité, bien agencé. Charges non comprises. La fiction se fait réalité et la Maison Européenne de la Photographie donne, à travers les yeux de Banier, toute sa raison à la photo où le cliché est appelé à réaliser sa mission, celle d’arrêter le temps et de récupérer l’instant où le bonheur nous a échappé. Merci.


Les autres

L’œuvre de Banier est assurément tournée vers les autres. S’accorder une visite à la MEP, c’est un dernier tango avec Mastroianni, attendre Godot avec Beckett, un défilé avec Yves Saint Laurent ou modestement croiser les Autres, sculptures vivantes de l’art quotidien. La vie des autres est devenue son histoire. Par ses approches, ses incursions, le rêve redonnent à se sujets une dernière fois la parole. Mais la date d’expiration tombe dans deux semaines. C’est suffisant pour lire les livres recommandés par Zone ou pour trouver un cadeau pour la sempiternel fête paternelle. Mais pour Banier, c’est un peu court. Vous devriez déjà y être.

Charles Patin O’Coohoon


Exposition François-Marie Banier
Jusqu’au 15 juin 2003
Du mercredi au dimanche, de 11h à 20h
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris
Tel 01 44 48 75 00


A noter : les catalogues d'exposition du photographe sont disponibles chez Gallimard.


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Last modified onlundi, 26 avril 2010 18:53 Read 10814 times
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