#101 - Du 25 juillet au 20 ao�t 2007

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Nicolas Pages et Ariel Kenig


Nicolas Pages est n� � Lausanne. A 34 ans, apr�s une trilogie autofictionnelle, il publie son dernier roman all�gorique, Super G. Ariel Kenig est n� en r�gion parisienne. A 21 ans, il publie Camping Atlantic. A part �a, ils acceptent l�id�e d�une interview crois�e entre deux stands du Salon du Livre.

Chapitre I : La rencontre
Qu'est-ce qui a d�cid� votre rencontre ? Deux auteurs ont-ils forc�ment des choses � se dire ?


A.K. : C�est Guillaume Robert, l'�diteur de Nicolas, qui s�est charg� de tout. Il savait que j�aimais ton travail � tr�s pur, tr�s simple, mais avec ses revers sombres, d�un arrach�. Et cela me donnait envie de voir qui �tait derri�re.

N.P. : De mon c�t�, je n�ai jamais eu l�envie particuli�re de rencontrer des �crivains. M�me quand j�appr�cie leur travail, je ne sais jamais quoi leur dire. Je me sens plus � l�aise avec des artistes contemporains. Et puis j�ai lu ton livre� Pour Ariel, c�est la rage qu�il y a dans son livre, ce cot� pas lisse. J�ai trouv� son livre exceptionnel pour un premier roman, et tout cela a facilit� la rencontre.

A.K. : C�est marrant, mais je n�arrive jamais � comprendre qu�on ne cherche pas rencontrer les auteurs que l�on aime. Surtout de la part d�un auteur. C�est vrai qu�il existe un risque �norme d��tre d��u, mais il y a tellement de choses � prendre, tellement de clefs. C�est la jeunesse qui me fait dire �a, mais je regrette tellement d�avoir d�couvert la litt�rature trop tard, d�avoir perdu du temps. Aujourd�hui, quand il y a une dizaine d��crivains primordiaux pour moi, je me dis qu�ils peuvent vraiment m�en apprendre�

Chapitre II : Les personnages
Vos deux romans se focalisent sur un personnage principal : Louise pour Super G, Adonis pour Camping Atlantic. Vous souhaitiez r�habiliter des h�ros ?


N.P. : Apr�s avoir �crit trois livres au "je" [Je mange un oeuf, Les choses communes et Septembre], je souhaitais passer au "tu". Ce qui impliquait n�cessairement un seul interlocuteur. Et le personnage de Louise est venu naturellement. Elle synth�tisait les femmes que j'ai connues. Et le regard que ces femmes portent sur les hommes et leur destin. Elle �tait assez forte, assez dense, pour que je n'aie pas � superposer plusieurs personnages.

A.K. : Elle ne s'ennuie pas vraiment...

N.P. : Elle est dans la tourmente. Pour larguer ce qu�elle doit larguer, elle a compris que ce sont les virages et les contours qui font le chemin de chacun, les passages oblig�s. Elle ne se tourne plus vers son pass�, qui l�immobilise. Elle fait � la fois du sur place et de la descente, sans jamais vraiment tomber. Et surtout, elle ne sait pas o� elle va arriver.

A.K. : Pourtant, dans ton livre, il y a pas mal de moment o� on pense qu�elle va tomber� Tu voulais montrer une succession d��preuves ?

N.P. : Tu la vois aussi victime que �a ?

A.K. : Non, parce qu�au final, elle plie mais ne rompt pas.

N.P. : En fait, tous les �l�ments qui arrivent dans sa vie, elle les prend. Soit comme un signe, soit comme une simple justification de vivre ces aventures-l�. Comme elle a conscience de �a, elle continue effectivement son chemin tout droit. Les gens, finalement, qu�elle rencontre ne sont que des gens de passage.

A.K. : Je me suis demand� si le fait que Louise reste droite n��tait pas une propre injonction. Un moyen de te donner confiance, de te rassurer pour les ann�es � venir. Une mani�re de te convaincre que tu ne tomberais pas.

N.P. : Effectivement, �a me donne confiance. C�est le fantasme du positif. Pour la premi�re fois, je voulais quelque chose de positif. Alors je me suis accroch� � la lame du rasoir, � la cime. Mais pour Camping Atlantic, c�est vrai qu�Adonis fonce dans le tas : dans la famille et dans le camping. Il va tout droit.

A.K. : Le plus beau reproche qu�on m�ait fait, c�est que les personnages n�avaient pas le choix, qu�ils �taient dans un d�terminisme total et que jamais je ne leur donnais la libert� de s�en sortir. Mais en m�me temps, si j�ai fais �a, c�est par r�action au � tout relatif �. Au � tout est possible �. Le pape a beau mourir, tous les chemins ne m�nent pas � Rome, m�me si on peut en avoir l�impression. Mon passage oblig�, c��tait d�y aller frontalement et de d�valer la pente.

N.P. : Adonis est plus impulsif, il fonce dans les murs. Louise, c�est vrai, est plus retenue. Elle se cache �norm�ment. Adonis comprend, il est compl�tement actif alors que Louise est dans la r�action.

A.K. : C�est clair qu�Adonis, de par son �ge, a moins v�cu. Et le contexte joue. Il se d�bat dans une caravane, alors que Louise se d�bat dans une sorte de temple... dans la for�t.

N.P. : Dans ton livre comme dans le mien, l�environnement bouleverse les choses.

A.K. : Les choix spatiaux ont un vrai sens. Louise et ses voyages, Adonis et son petit camping. D�un c�t�, il y a une m�moire qu�il faut atomiser, �parpiller dans le monde pour se soulager, et de l�autre, une m�moire vide, d�instinct. Et c�est normal : tu as la m�moire lourde, plus lourde que moi, quoique tu t�en d�barrasses � chaque livre. Dans Les choses communes, �videmment, qui est fait de � je me souviens� �, mais aussi dans le reste.

N.P. : �a�

Chapitre III : Les influences
La transition est faite... vous nous parlez de vos influences ?


N.P. : Il y a eu Marguerite Duras, Bret Easton Ellis� J�ai �crit Je mange un �uf � la suite de �a. Puis il y a eu Joe Brainard, plus que Georges Perec, qui a inspir� Les choses communes, et, ensuite, un �crivain absolument incroyable : Agota Kristof, qui a fait quatre petits livres qui furent une grande claque. Je viens des arts plastiques et Je mange un �uf, qui �tait un support, a fait que j�ai continu� � �crire.

A.K. : En fait tu as toujours �t� d�complex� vis-�-vis de la litt�rature�

N.P. : Bah� � chaque fois, c�est de l��criture conceptuelle. Je me fixe un cadre puis je remplis. C�est pour �a que je travaille avec une date butoir. Je d�construis le livre avant de le construire.

A.K. : Evidemment Ellis est g�nial, m�me si on se l�approprie dans tous les sens. Duras, aussi, qui a le rire communicatif, parfois, mais niveau influence, il y a eu Nicolas Pages� et puis c�est tout, non ? (Rires) Plus s�rieusement, j�aime tellement de livres. Ce qui est diff�rent des influences proprement dites : on peut �tre influenc� par trois lignes d�un auteur que l�on n�aime pas sp�cialement.

N.P. : Et c�est quoi tes trois lignes que t�as pr�f�r� dans mes livres alors ?

A.K. : C�est � Nicolas Pages est n� � Lausanne. Il a 34 ans. Super G est son quatri�me roman. � �a claque trop.


Super G, Nicolas Pages, Flammarion
A noter : sortie en poche de Je mange un oeuf, de Nicolas Pages, chez J'ai Lu

Camping Atlantic, Ariel Kenig, Deno�l



Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon

Propos recueillis par


 
Françoise Bourdin
Gideon Defoe
Leonora Miano
Gérard Berréby
Ariel Kenig
Begaudeau, Bertina et Rohé
Karine Tuil
Emmanuelle de Boysson
Ornela Vorpsi
J�r�me Lambert
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