Rencontre avec Martin Page

Interviews
On entend beaucoup parler de toi et de ton roman. Es-tu à l'origine de ces bruits ?

Non ! (rire) Je n'ai pas les moyens. Je ne connais personne dans le milieu. Je viens de la banlieue...

Alors comment expliquer ce succès ?

Je ne sais pas. Je pense qu'il est un peu atypique. C'est pourtant le moins atypique des romans que j'ai écrits. Il rentre assez facilement dans une case. D'ailleurs, c'est une des premières choses que l'on m'ait dite au Dilettante : il y a un discours sur "la société". Pour moi, tout ceci n'est qu'un prétexte.

Tu as été surpris par la réaction de la presse ?

Pour moi, la grande étape était de se faire publier. Ca faisait plusieurs années que j'écrivais. Comment je suis devenu stupide est mon huitième roman écrit, et le premier publié... Après, le fait que ça se vende, qu'on en parle dans les journaux, c'est du bonus. Je ne m'attendais pas à ça. En général, je n'espère pas. Ca me fait très plaisir. Même si la vraie reconnaissance aurait été d'être félicité par un écrivain que j'admire.

Par qui par exemple ?

Je ne connais pas bien la littérature contemporaine française. Et pour se faire féliciter par Vian, il faut être patient !

L'histoire ?

C'est l'histoire d'un individu qui manque d'intelligence pour vivre et qui l'attribue à son Intelligence. L'idée est qu'il deviendra plus heureux en devenant stupide.

Il y a aussi un autre personnage dont on ne parle pas beaucoup. As, un curieux phénomène...

Oui, c'est un personnage qui ne s'exprime qu'en alexandrins et qui présente la particularité d'être phosphorescent. Il n'y a pourtant aucun extrait de ses vers. Pour ne pas le réaliser complètement à travers le dialogue. Je voulais qu'il reste en dehors de la normalité.

C'est une des particularités de ton roman, ce côté un peu sauvage de l'imagination ?

Oui, et à la fois, tout est ancré dans la réalité. Il y a des explications rationnelles pour chaque chose. C'est pour ça que c'est bien différent du surréalisme. D'ailleurs, je ne pourrais pas appartenir à un "mouvement". J'aime intégrer les différents éléments. Dans Shakespeare, par exemple, il y a un peu de tout. Il y a même des fantômes qui apparaissent...

Il est écrit quelque part sur ton livre que "Martin Page essaye désespérément d'avoir une vie tranquille". Ce sera peut-être un peu plus difficile après ce roman, non ?

Non, je ne pense pas. Pour moi, une vie tranquille, c'est faire des choses qu'on aime. J'ai fait un boulot que je n'aimais pas pendant des années. Ce que je voudrais, c'est pouvoir vivre de mon écriture. Vivre de ce que j'ai choisis de faire, c'est ça une vie tranquille.

C'est un peu ce que recherche ton personnage ?

Une vie tranquille ? Oui. Le prix à payer de l'intelligence, c'est d'accepter de reconnaître les choses difficiles. C'est douloureux. A la fin, il acquiert un peu plus de légèreté. La légèreté n'est surtout pas le contraire de l'intelligence. La gravité, en revanche, est souvent prise pour de l'intelligence. La gravité est peut-être un prétexte pour ne pas devenir adulte...



Florian Zeller


Martin Page
Ed.
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Last modified onmardi, 21 avril 2009 23:21 Read 6988 times