Max Monnehay
Max Monnehay DR

Pierrot le fou

Chroniques

Longtemps attendue, puis presque oubliée. Max Monnehay, l'un des meilleurs espoirs littéraires féminins de la rentrée littéraire 2006 avec Corpus Christine, a pris son temps pour sortir son second roman. Révisons ensemble cette Géographie de la bêtise.

C'est ainsi qu'après six ans de quasi-absence, la jeune femme sort son second roman. On ne peut que lui connaître un certain talent pour les personnages borderline et les situations originales, tant dans le décor que dans l'action elle-même. Encore une fois, Max Monnehay propose un texte aux antipodes du roman auto-fictionnel, allant jusqu' à oser la semi-fable poétique.

Ce qui saute aux yeux à la lecture de ce roman, c'est un style. Déjà remarquée dans son premier roman, Corpus Christine, la Monnehay's touch est intacte: des phrases qui swinguent, un style presque sauvage. Chaque mot, employé selon une intelligente minutie, vient s'entrechoquer contre le précédent pour former des phrases étonnantes, décalées et drôles. On passe facilement de phrases très soignées à des expressions loufoques ou même des onomatopées, tout cela dans une singulière cohérence de ton et de style. Libre, Max Monnehay ose les jeux sémantiques et les ruptures brutales.

Plus belle la vie, au pays des idiots

Nous voilà dans un monde parallèle: le village des idiots. Drôle de cadre pour ce qui se révèle finalement assez vite comme une sorte de conte allégorique autour du thème des préjugés. Le roman interroge ainsi sur la quête de sens et d'idéal. Au coeur de la trame narrative : le devenir et la normalité.

Au départ donc, il y a Pierrot, qui se lance dans une entreprise insensée: parcourir la France pour recruter des idiots afin de créer un village de fous qui s'apparentera au paradis. Il y a aussi Bastien, le narrateur, âgé de vingt-deux ans. Puis il y a les autres, les faux idiots qui auront néanmoins envie de pénétrer dans ce village d'idiots. L'entrée du village est interdite, par principe, aux intelligents vite identifiés et repoussés suite au test de QI inversé qui leur est imposé, destiné à démasquer les faux-idiots. Ainsi doivent-ils, par exemple, répondre à la question: "Combien font trois fois quatre?". Selon Pierrot: "Il est peu d'idiots ignorant la réponse. Mais il est peu de malins sachant que peu d'idiots ignorent la réponse."

Elle est libre, Max

Très vite, on retient l'intention plus que le contenu, qui se perd dans les tribulations burlesques d'une drôle de bande, menée par un idiot assez riche pour créer un village d'idiots. L'intrigue peine à décoller, même lorsqu'il s'agit de l'histoire d'amour entre Bastien et Elisa ... Quant au style, si fin et travaillé, il ne colle pas complètement avec le contexte narratif. Demeure néanmoins un roman étonnant, qui n'est pas déplaisant à la lecture.

Géographie de la bêtise
Max Monnehay

Le Seuil
225 p. - 17 €

Last modified onlundi, 24 septembre 2012 12:22 Read 3270 times
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