Le sourire des enfants morts

Chroniques
Dès le premier coup d'œil , nous étions prévenus: la couverture annonçait bien un chapelet d'horreurs à égrener joyeusement. Un chapelet, puisqu'il s'agit d'un recueil de nouvelles, un recueil de perles littéraires.

Il faudra s'habituer à pénétrer dans des imaginaires toujours surprenants, toujours intrigants, à accepter le fantastique, le morbide, le délirant, le sarcastique ; il faudra s'habituer, mais rassurez-vous, rien n'est plus facile. Le sourire des enfants morts est un de ces livres qui ne vous laissent pas en paix.

Un exemple pris au hasard, la première nouvelle, qui commence "très simplement" : le narrateur se coupe le doigt avec un cutter. En voulant le sucer, il est confronté à une expérience étrange, retour au primitif et à l'autarcie de l'être, qui le poussera à désirer sa propre chair. Un autocanibalisme pour renouer avec le fantasme narcissique de la négation de l'autre.

On se croirait presque à la fin des années quarante dans la toute nouvelle Série Noire de Gallimard. Au moment où l'intrigue à l'américaine débarquait timidement en France. Nicolas d'Estienne d'Orves nous ramène avec talent à l'essence de la narration. Pour des histoires qui grincent et qui dérangent.

Florian Zeller

Le sourire des enfants morts
Nicolas d'Estienne d'Orves
Ed. Belles Lettres
182 p / 13 €
ISBN: 2251771603
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:21 Read 2234 times