La Mort de C.

Chroniques
Avec ses deux nouvelles, Sérénissime Assassinat et La Mort de C., Gabrielle Wittkop nous offre de nouvelles variations sur l'un de ses thèmes de prédilection, la mort. Ainsi la Mort de C. propose diverses "radiographies d'un meurtre". Un inconnu, dont on ne saura presque rien, sinon qu'il est assassiné à Bombay. Et, là, les multiples scénarii proposé par l'auteur ne permettent jamais de savoir ce qui s'est réellement passé... En fait, le seul intérêt que présente C. dont l'identité n'est pas définie, c'est son agonie.

Wittkop nous entraîne dans les méandres de la création littéraire où tout est possible : C. a-t-il été assassiné dans un accès de jalousie, au cours d'une bagarre dans un bouge mal famé, ou encore au cours d'une agression ? Mais l'histoire finit toujours de la même manière : "La lame transperce ses vêtements, troue la peau, s'enfonce dans la paroi adipeuse, dans la paroi musculaire. Elle (....) plonge dans le foie...puis fait deux demi-tours sur elle-même....détruisant le tissu hépatique,... le réduisant en une bouillie brune et noire ; la lame tourne encore une fois, rageusement, avant de quitter la plaie avec un sifflement mat, et de revenir à son maître, chaude encore du sang de C."

Cet épisode, qui se répète sans cesse, est tout ce que le lecteur connaîtra, avec certitude, de la vie de C. La complexité des sensations, les volontés contrariées, tout est "véridique", selon l'auteur.

Véridique, certes, mais il n'y a rien de vrai. D'ailleurs, doit-il seulement y avoir une vérité en littérature ?

En revanche Le Puritain Passionné ne nous offre même pas cette possibilité. Utilisant à nouveau la polyphonie comme structure narrative, l'auteur manipule Denis et ses certitudes, nuance, voire réfute purement et simplement ce qu'il croit savoir. Seule sa passion pour le tigre, incontrôlée et incompréhensible, semble réelle ; mais une passion n'implique-t-elle pas un refus de la réalité, donc, de la vérité ?

La manipulation incessante du personnage donne cette connotation ironique qui, pour Wittkop, est un art à part entière, et trouve son apogée dans les dernières pages, bien sûr en relation avec la grande faucheuse.

Constance De Ayala

La Mort de C.
Gabrielle Wittkop
Ed. Verticales
189 p / 12 €
ISBN: 2843350174
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:39 Read 1100 times