22 Février 2004
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Arnaud Viviant, profession directeur
L\'hermaphrodisme en litt�rature
Lambert, portrait !
 
Arnaud Viviant, profession directeur


Le num�ro 11 du magazine Chronic\'art ressemble � une foire d\'empoigne familiale. Appartenant au tentaculaire L�o Scheer, le canard laissait une page � Dominique Carleton, auteur de D�position 713705, ouvrage vendu sous blister avec le magazine, et, bien s�r, �dit� par L�o Scheer. On pouvait y lire ceci : \"Je vous informe que vous allez lire un livre d\'une grande raret�. Mon livre, �crit dans une langue morte mais qui bande encore. Mon livre, qui inaugure, je me demande bien pourquoi, une Collection qui en rougit d\'embarras. Mon livre, publi� par L�o Scheer, sous la direction titubante d\'un direction de Collection improbable, que je ne reconnais pas pour tel.\" Cet homme \"improbable\" est Arnaud Viviant. Il pensait avoir publi� le meilleur livre de la rentr�e jusqu\'� lire le dernier Beigbeder (dont nous ne parlerons peut-�tre pas, qui sait)... Quelques semaines avant cette histoire incestueuse, nous l\'interrogions sur ses nouvelles activit�s. Arnaud Viviant, improbable ? Plus insaisissable tu meurs, c\'est lui, � l\'origine de cette photo de T�l�tubbies. Une ombre qu\'il cherche � flouter de plein gr�. Arnaud Viviant, c\'est lui.


Avec D�position 713705, Dominique Carleton essuiera les pl�tres de la nouvelle collection Chroniques (�d. L�o Scheer), dont vous assurez d�sormais la direction. Apr�s vos collaboration aux Inrocks, � l\'�mission Arr�t sur Images, au magazine H�l�ne et � l\'�criture de vos propres ouvrages, votre ubiquit� est-elle une r�ponse � l\'ennui ?

Une r�ponse � l\'ennui, certainement pas. J\'aime m\'ennuyer. Mais j\'aime aussi apprendre. Action et contemplation se disputent en moi. Parfois, c\'est l\'une qui gagne, parfois c\'est l\'autre. Mon banquier adore quand c\'est la premi�re, mais c\'est une autre histoire. Disons que, ne faisant pas confiance dans l\'actuel gouvernement, je m\'occupe personnellement de ma formation professionnelle en continu, que l\'aide de camp du Medef, M. Raffarin, pr�ne � longueur de discours soporifiques.

Comment d�finiriez-vous ce nouveau r�le de directeur de collection ? Quelles exigences cela n�cessite-t-il ?

Mon exp�rience est encore courte, mais je dirais � vue de nez que pour �tre un bon directeur de collection, il faut �tre assez stalinien. J\'avais en hypokh�gne un prof d\'anglais qui disait : \"La d�mocratie s\'arr�te � la porte (de la classe)\". Je dirais volontiers la m�me chose : la d�mocratie s\'arr�te � la porte de ma collection. Il faut bien s�r quelques autres qualit�s, mais elles sont moins importantes.

D\'o� vient l\'id�e de cette collection ? Qu\'en est-il de sa diffusion en kiosque ? Est-ce une d�marche plus commerciale (on sait L�o Scheer> tr�s fort sur ce plan) qu\'id�ologique - pensez-vous que tous les moyens sont bons pour relancer la machine litt�raire ?

Je rappelle pour information que le roman de Dominique Carleton est vendu pour moiti� en librairie et pour moiti� en kiosque, et ce, au m�me prix. Pour le reste, la vente en kiosque d�coule bien �videmment d\'une r�flexion id�ologique sur le r�le actuel des libraires. Le prix unique du livre les place dans une situation de monopole contraire � l\'id�ologie capitaliste dans laquelle nous baignons, h�las. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les libraires n\'�taient pas les vecteurs inconscients d\'une censure id�ologique des livres. Alors que contrairement aux discours propag�s par deux ou trois imb�ciles, la critique litt�raire fran�aise fait bien son travail, et rep�re � chaque fois les livres importants, le libraire, lui, impose ses choix et continue � vendre ce qu\'il veut bien vendre. Pas le meilleur, disons-le tout net, comme le classement des meilleures ventes nous l\'indique chaque semaine. On peut donc croire que les kiosquiers, habitu�s � vendre des journaux, autrement tout le spectre des sensibilit�s id�ologiques, seront moins censeurs que les libraires.

Zone-litteraire vous interrogeait � la sortie de vos carnets, Ego Surf (cf. ci-dessous). Vous d�clariez alors : \"Je me fous compl�tement du tirage, d\'une cible, du chiffre de vente et autres d�tails de ce genre. C\'est le job et le souci de mon �diteur, moi j\'�cris. Je me soucie bien plus du processus de cr�ation lui-m�me.\" En tant que directeur de collection, �tes-vous amen�, aujourd\'hui, � vous contredire ?

Disons qu\'il me plairait assez que Dominique Carleton vende suffisamment pour ne plus toucher le RMI, comme c\'est son cas actuellement. J\'ai mes pauvres, moi aussi.

Par ses ennuis judiciaires (Une b�te de somme racontait comment l\'auteur se faisait envoyer gratuitement des produits de luxe), par ses ennuis �ditoriaux (Deno�l lui demanda le remboursement de ses �-valoir), Dominique Carleton n\'est-elle pas trop market�e pour jouir d\'une r�elle cr�dibilit� litt�raire ? Son pass� a-t-il influenc�, ne serait-ce qu\'� la marge, votre choix ?

Dominique Carleton est la personne la moins market�e que je connaisse. personnellement, je la surnomme Louise-Ferdinande C�line, c\'est dire. C\'est un grand �crivain. Et c\'est aussi un grand personnage comme tous les grands �crivains.

Comment d�finiriez-vous ce premier livre ? La d�marche stylistique semble venir avant toute chose. Est-ce une r�ponse aux romans de plus en plus lin�aires ?

La haine de la soci�t� vient avant toute chose chose chez Carleton. Et son livre est pour moi une r�ponse aux romans de plus en plus compromis politiquement et socialement.

Le mot \"chronique\", �tymologiquement, d�signe ce qui est relatif au temps. Pour vous, quelles sont les caract�ristiques d\'un roman contemporain ?

Le roman ne m\'int�resse pas en soi. Le deuxi�me livre de la collection n\'en sera d\'ailleurs pas un. A para�tre en octobre-novembre, ce sera un document, un livre de journaliste. Sujet top secret. Quant � la chronique, c\'est une maladie chronique chez moi.

Maintenant que les bouquins de la rentr�e sortent, pouvez-vous nous donner une impression sur les nouveaut�s ? Y.D. a fait la une des Inrocks ; la question de l\'Islam serait-elle d�finitivement au centre de la r�flexion romanesque fran�aise ? Tous les prochains septembres donneront-ils leur lot de romans estampill�s 11 septembre ?

La rentr�e 2003 est un excellent mill�sime. Les gens �crivent de mieux en mieux. J\'ai lu au moins six tr�s bons livres, ce qui n\'est pas rien. Le plus important est le Beigbeder. A c�t� de lui, Carleton a l\'air d\'�crire en ancien fran�ais, comme je n\'ai pas manqu� de le lui dire... Et portant, qu\'est-ce qu\'elle �crit bien... J\'ai aussi �t� tr�s impressionn� par Amoureux & vendus de Basile Panurgias chez Fayard. Quel immense �crivain! Le Jauffret est impeccable. Quant � mon ami YB, il n\'a pas failli � la t�che de faire rire un pays qui allait depuis longtemps au cin�ma pour �a.

Enfin, la sortie de plusieurs centaines d\'ouvrages vous donne-t-il � r�fl�chir sur le r�le des journalistes quant � la question du d�frichage ? La presse n\'est pas � son mieux... question de connivences ?

J\'ai d�j� r�pondu � cette question. La critique litt�raire fran�aise est l\'une des meilleures au monde, sinon la meilleure. Il faut au moins habiter Grenoble pour ne pas s\'en rendre compte. Chaque ann�e, nous avons le droit aux m�mes d�plorations sur le nombre de livres publi�s, � croire que certains r�vent que les �diteurs soient soumis comme les agriculteurs � des quotas de production fix�s par Bruxelles! Et pourquoi pas � des plans quinquennaux... Personnellement, je remarque simplement que les faillites de maisons d\'�dition sont assez rares dans ce pays. Preuve qu\'il n\'y a pas surproduction litt�raire...

Propos recueillis par Ariel Kenig


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