#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Rencontre avec �lisabeth Butterfly


Moi, �crivaillon amateur et journaleux, j'ai rencontr� Elisabeth Butterfly, �crivaine et journaliste professionnelle, pour lui faire faire une exp�rience �trange : sa premi�re interview. Pour un premier livre Lolita Go Home. Compte rendu d'une exp�rience tr�s "premi�re fois".


L�intrigue de votre roman se passe � Cambridge, o� vous avez fait des �tudes de Science Politique. C�est une sorte de vengeance personnelle ?

Pourquoi une vengeance ? L�ann�e que j�ai pass�e l�-bas �tait agr�able et studieuse. Elle ne ressemble pas � ce que je d�cris. La ville de Cambridge est aval�e par le campus, tout y est pens� pour les �tudes. Dans Lolita, go home ! j�ai fabriqu� un univers romanc� en accentuant la fa�on dont les �tudiants sont enferm�s dans leur propre sujet de recherche, et ne parviennent pas � en sortir, � communiquer avec les autres. Ce confinement devient alors po�tique.
Par ailleurs, je voulais me moquer de cette universit� dont les Anglais sont si fiers. Et s'il existe de nombreuses satires de la soci�t� fran�aise, il n'en existe pas de la "bonne" soci�t� anglaise qu'incarne si bien l'Universit� de Cambridge. Cet aspect du roman, cette r�appropriation, insolente, d'une tradition typiquement anglaise de satire sociale, type Oscar Wilde, a beaucoup plu � Florent Massot, mon �diteur.


Votre style est � la fois s�rieux et ironique, inqui�tant et l�ger, une sorte de � Club des cinq � pour adultes, c�est ce que vous vouliez �crire ? � Le club des cinq en troisi�me cycle �

Le style fait enti�rement r�f�rence � Nabokov, tout en �vitant que le lecteur qui ne conna�t pas Nabokov soit g�n� dans sa lecture. J'ai ainsi puis� dans ses m�taphores d�cal�es, dans sa fa�on de tutoyer le lecteur, dans ses provocations sociales. C�est pour cela que le style est � la fois recherch� et l�ger, mais reste avant tout un pastiche.

Votre titre : � Lolita, go home ! �, est aussi celui d�une chanson bien connue. Est-ce un heureux hasard ou bien un mariage forc� entre Nabokov et Gainsbourg ?

C�est un mariage forc�. En utilisant le concept erron� Nabokov = Gainsbourg, il s'agit d'�voquer les souffrances d'une jeune femme face aux st�r�otypes sociaux, et ici, d'une fran�aise. Car, malgr� nos efforts, malgr� l�Europe, les barri�res culturelles tiennent solidement.
C�est un constat d��chec, car ce n�est pas parce que � Lolita � a fait Cambridge que Cambridge lui a transmis une culture �litiste internationale, "europ�enne". C'est pourquoi elle rentre chez elle, en France. Heureux hasard, le titre de cette chanson est en anglais, accentuant le paradoxe.

Combien de temps avez-vous mis � l��crire ?

J�ai mis un an, il est m�me parti une fois enti�rement � la poubelle.

Comment �a � la poubelle ?

L��criture demande beaucoup de travail, la structure d'un roman est en perp�tuelle �volution. De plus, j�ai essay� de ne laisser que les passages essentiels, de ce fait le roman n�est pas tr�s �pais. J�ai enlev� quasiment 150 pages, la concision �tant mon objectif.

Dans votre roman, il n�y a pas de sexe, c�est anti-commercial non ? Etait-ce volontaire ?

Oui. D'une mani�re g�n�rale, toute la litt�rature qui utilise et revendique le sexe m�effraie. Ce qui ne m'emp�che pas de m'int�resser � une litt�rature �rotique, plus sensuelle.
Dans Lolita, il y a un c�t� charnel qui se substitue au sexe, on entrevoit des rapports ambigus entre les personnages. J�aime bien sugg�rer et le lecteur imagine ce qu�il veut. J�aime l�id�e de r�serve sexuelle ; lorsque le sexe est exhib�, je trouve que ce n�est plus int�ressant. Mai 68 est termin� depuis bien longtemps, et il faudrait s�en rendre compte. Pour r�sumer, j�ai voulu faire quelque chose de suggestif et pudique.

Et le deuxi�me ? Sera-t-il aussi divertissant, caustique et chaste ? Ou bien allez-vous, vous aussi, faire semblant de vouloir choquer pour vendre plus ?

Mon travail est un travail de long terme, de r�flexion. J�essaie de trouver un style en ad�quation avec le propos de mon livre, avec son univers. Ainsi j�aime beaucoup Corto Maltese pour cela, je voudrais entra�ner le lecteur dans des univers qui ne lui sont pas familiers. Je voudrais qu�on puisse ouvrir mes livres pour passer un bon moment et r�fl�chir sur le monde. Je cherche � ce que mes romans transportent, transcendent, sans ennuyer pour autant, et en toute modestie ; d�o� le style l�ger. La lecture doit avant tout �tre une chose plaisante. Et un roman n'est pas un trait� de philosophie.

Propos recueillis par alexandre Millet


 
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