#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Rencontre avec Fabrice Pliskin


Faites-vous partie du club � Bret Easton Ellis � ?

Non pas vraiment. J�aime bien Bret Easton Ellis, je le lis depuis 17 ans maintenant mais g�n�ralement dans la presse quand on veut comparer des �crivains, on cite des �crivains vivants comme r�f�rences. On ne parlera jamais de Dosto�evski, �a ennuie les lecteurs. Moi, j�ai moins lu Ellis que Dickens, Tchekhov et d�autres innombrables. Le fait que j�essaie de d�crire mon �poque et mon pays, ma ville Paris, on peut effectivement retrouver certaines analogies avec Ellis. La vie urbaine, le r�alisme. Je n��cris pas de romans historiques du 19� si�cle, je peins mon �poque et je m�attache aux d�tails. Ce qui m�int�resse le plus c�est la fa�on dont les gens sont ali�n�s par leur �poque.

Vous �tes journaliste en m�me tant que romancier. Ca vous apporte quoi ?

Le journaliste c�est un peu une caricature du citoyen, un super consommateur qui �coute plus de disques que les autres et qui voit plus de films. C�est l�aspect r�ceptacle du journaliste et de l��tre humain en g�n�ral qui m�attire. J�ai l�impression que l��tre humain est un r�ceptacle de l�information, de l�image et donc le libre-arbitre devient difficile. Regardez mon personnage, il est dans la passivit� pure, ce qui le rend � la fois burlesque et tragique.

Dans Toboggan, la presse est partout. Une obsession ?

C�est la presse f�minine qui est surtout pr�sente dans mon roman. C�est une presse qui est le symbole du monde de l�information dans lequel nous vivons. Moi-m�me je l�adore. J�en ai �norm�ment lu et puis au d�part, le principe de Toboggan, c�est que la vie n�est pas un roman mais un magazine f�minin. C�est la grille dominante. Youri, le h�ros travaille dans un magazine f�minin de t�l�vision que peu de gens regardent. C�est �a le fondement de mon roman. Les personnages lisent les magazines et croient y trouver le r�el. Mais toutes ces photos, ces fant�mes, ces articles dont je parle nous tourmentent tous et nous hantent finalement plus que les gens r�els.

Le titre ?

Le toboggan de l�Aquaboulevard, le th�me de la paternit�, la chute de reins de la plus belle donneuse de la porte de la Chapelle. Et c�est aussi la forme du roman. A la fin, le h�ros est au plus bas. C�est �galement la passivit� dont je parlais tout � l�heure. Dans un toboggan tout est programm� pour nous entra�ner jusqu�au bout. On n�est plus soi-m�me mais on devient le magazine f�minin qu�on est en train de lire ou l��mission de t�l�vision qu�on est en train de regarder.

Le corps ?

Oui c�est un th�me important. Aujourd�hui, j�aurais tendance � suivre la fameuse formule f�ministe � notre corps ne nous appartient plus ! �. A partir du moment o� l�on cherche � ressembler � des images, on hait son corps et il appartient � la ville. Vous vous s�parez de votre corps d�une certaine fa�on en voulant ressembler � une image qui n�existe pas. Vous ne pouvez plus �tre vous�m�mes. L��poque c�est la r�duction de beaucoup de gens � un corps et � un sexe. J�aime la pornographie mais en m�me temps, je trouve �a d�primant. Mais je ne pense pas � la d�cadence quand je dis �a. Je ne crois pas que �a a �t� pire avant et que ce sera mieux demain.

L�amour ?

Une �ditrice m�a dit qu�elle pensait que Youri, mon personnage, avait fait des horreurs � sa fille�Je ne le pense pas mais �a me s�duit comme interpr�tation. Youri essaie de faire en sorte que Yasmine ne devienne pas l�esclave des repr�sentations dominantes. En ce sens, il fait son boulot de p�re mais toujours dans son style � lui en se donnant en spectacle.

M�lange entre sc�ne porno et banal communiqu� de presse : d�calage ?

Oui j�explore la polyphonie. Ce qui m�int�resse le plus, c�est les d�tails bien plus que les lois g�n�rales. Je ne suis pas sociologue. Ce que vous appelez le sens du d�calage, c�est la dissonance. Bizarrement, on ne peut sentir la totalit� et le tout du monde o� l�on vit qu�� travers ce genre de rupture. C�est une sorte de th�ologie n�gative. Sentir le tout � partir du d�tail et sentir l�union � travers la s�paration. Le livre se termine sur un dossier de presse de la RATP, sur la station Madeleine. C�est Andy Warroll qui disait � Je ne suis que mon dossier de presse. � Bien entendu, c�est � la fois vrai et faux. S�il le dit, c�est qu�il ne l�est plus vraiment, qu�il est d�j� dans la distance mais l�on est dans ce d�chirement constant.

Alors ce dossier de presse ?

Je suis content que vous le releviez � nouveau. Il veut dire une chose et son contraire. C�est l�anti-humanit� par excellence et en m�me temps, c�est un parfum, le parfum Madeleine. On voit un monde o� pour faire dispara�tre le sentiment d�ins�curit�, on met du parfum. On ne s�attaque pas aux probl�mes mais � la fa�ade. Les gens ont des ennuis � Paris, les gens meurent l�hiver mais avec le parfum, on esp�re que tout ira bien et qu�on ira aux Jeux Olympiques !

Vous d�tes de la g�n�ration des 30 ans : � panique et inconsistance �.

J�ai repris une citation des Pens�es de Pascal. Oui, la panique c�est un sentiment tr�s familier. A un moment dans le roman, Youri apprend que le portable est canc�rig�ne et se place dans un questionnement profond. Et on est tous sans arr�t comme �a, moi le premier. Ces personnages ne voient la r�alit� qu�� travers le prisme de l�information et il n�y a donc pas de r�alit� proprement dite. La r�alit� est construite � travers les images des magazines. Il n�y a pas d�authenticit� et le mot le plus inauthentique est sans doute celui d�authenticit�.

Propos recueillis par Céline Mas


 
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