#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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Acide gastrique

 A l'estomac
Chuck Palahniuk
Denoel
Prix éditeur
25.00 euros

Trois questions � Chuck Palahniuk
� Je suis un sociologue �


Zone : Votre oeuvre se rapproche un peu du journalisme �gonzo�, la description brute et subjective des recoins de notre soci�t�. Pourrait-on dire que vous �tes sociologue ?

Chuck Palahniuk : Oui. Ou plut�t comme un historien cherchant � pr�server des petits bouts de notre culture ignor�s de la plupart. Dans le futur, nos descendants pourront ainsi conna�tre nos vies dans leur int�gralit�. Je d�teste l�id�e que toutes ces histoires pourraient mourir avec nous et soient perdues � tout jamais.

Apr�s avoir fait vomir et rire vos lecteurs, est-ce que vous avez commence � �crire ce roman dont vous � r�vez � et qui ferait pleurer les gens ?

J'essaie toujours, mais il est moins compliqu� d'�viter les sentiments, comme je le fais, que d'en g�n�rer chez le lecteur. Parmi les �crivains que je connais, seule Amy Hempel y arrive tr�s bien. C'est d'ailleurs pour cela que je l'adore. (Amy Hempel est une journaliste/�crivain am�ricaine, sp�cialis�e dans les nouvelles: son style est qualifi� de minimaliste, tout comme celui de Chuck Palahniuk NDLR)

Est ce que Rant, qui sortira en mai 2007 aux USA, sera aussi violent que � l�estomac ? Ou retournerez vous vers la face plus douce de votre �uvre ?

Rant a choqu� mes amis, mais il n�est pas aussi extr�me que Haunted (A l�estomac en VO, NDLR). J�essaie de varier en intensit� de livre en livre !
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� Il y a plein de belles histoires dans le monde, mais ce n�est pas celles que je raconte �. En un mot comme en cent, la meilleure naus�e que vous ayez connu. Pr�parez le sac � vomi.

Physique. La lecture du dernier Palahniuk est physique. Les dizaines de personnes qui se sont �vanouies pendant les lectures que l�auteur a fait de Tripes, la bien nomm�e premi�re de la trentaine de nouvelles qui composent son dernier roman, peuvent en t�moigner. L�am�ricain �volue dans la m�me jugulaire que Greg Mac Lean ou Thomas Clay, cin�astes respectifs de Wolf�s creek et de The great ecstasy of Robert Carmichael, avec pour fil rouge un discours paradoxal par rapport � la violence : elle est partout, elle vous impr�gne � un point que vous ne pouvez imaginer. Pourtant ce que vous appelez violence n�en est pas. Celle des films est stylis�e, celle de l�info est �loign�e, en Irak ou au Darfour. Et le veau qui a gueul� sous les coups de matraques �lectriques du boucher l�a fait � bonne distance de votre assiette. La violence sourd, s�insinue et, quand elle jaillit dans sa forme la plus pure, elle fascine : celui qui a vu l�ex�cution de Daniel Pearl ou les photos d�Abou-Ghra�b ne les ont pas oubli�, persuad� d�avoir vu LA v�rit�. Enfin. Les l�gendes urbaines autour des snuff movies sont l� pour le prouver. Ecrire ou filmer la violence � la vraie, la sale � serait donc �uvre de salubrit�.

Tare acad�mie

Alors en voil� une dose : A l�estomac ne fera qu�empirer votre ulc�re naissant. Journal Intime �tait d�j� alambiqu� dans la forme, le petit dernier de Palahniuk l�est encore plus : il alterne po�mes, nouvelles et le m�tar�cit qui relie tous ces organites litt�raires. Palahniuk tend d�ailleurs de plus en plus � l�exp�rimentation stylistique, le talent aidant. Le pitch, quant � lui, est simple : une petite annonce appelle ving trois �crivaillons � se retirer tous frais pay�s pour produire le chef d��uvre de leur vie. Nourri, log�, blanchi, pour des scribouillards en manque de reconnaissance : le r�ve. Tous produiront du verbe� � leur corps d�fendant. Jusqu�� retourner l��uvre contre eux, � lui appartenir. La vision qui sous-tend toute l��uvre de Palahniuk est crypto-anarchiste : enlever le vernis soci�tal et il ne restera de l�homme qu�une boursouflure de son propre ego. � Faire de sa vie quelque chose que l�on peut vendre �, comme cela est crument r�sum� dans son dernier opus. Le plus effrayant est le flou volontaire que l�auteur entretient sur son r�le : historien, sociologue ou reporter ? Le bougre est dipl�m� de journalisme et l�on conna�t son attachement � la folie ordinaire. Son pr�c�dent recueil de reportage Le festival de la couille, avec de vrai morceau de crasse dedans, est l� pour en t�moigner.

G�ne et plaisir

Difficile de ne pas voir beaucoup de complaisance dans cette d�marche : certains critiques aux USA s�en sont donn�s d�ailleurs � c�ur joie, la morale toujours � port�e de plume. Violence gratuite ? Etalage opportuniste ? Chuck Palahniuk raconte volontiers, avec un sourire gourmand, avoir �t� copieusement engueul� par son agent pour avoir racont� en public des histoires de masturbation d�enfants. Pas de p�dophilie, mais une gamine de sept ans d�couvrant le plaisir gr�ce � un coussin vibrant/chauffant : � le meilleur orgasme de ma vie, jusqu�� ce que je sois surpris par ma m�re �, dira-t-elle � Palahniuk, confident de beaucoup d�histoires de ce genre. Pourquoi les rapporter ? � Parce que c�est la v�rit� �, r�pondrait-il avec une douceur en totale contradiction avec les projections glaireuses de ses phrases. En grossissant le trait de l�ignominie jusqu�au grand guignol, A l�estomac flatte le sale gosse en nous, celui qui torturait les mouches et faisait fumer les crapauds jusqu�� explosion. Sa lecture vous fera patauger sans bottes dans une fange que tout le monde n�aime pas remuer. Vous �tes pr�venus.

Laurent Simon



 
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