#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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Les murmures du temps qui passe

 Les Brumes du pass�
Leonardo Padura


Trois questions � Leonardo Padura :
"Une population qui est pr�te � se s�parer d�une biblioth�que remplies de souvenirs afin de pouvoir manger ce sont des choses qui marquent un romancier."


Zone : Dans ce roman, on retrouve avec plaisir Mario Conde, qui est un peu votre double litt�raire, est-il le messager de vos pens�es.

Leonardo Padura : Je crois que le Conde et moi avons beaucoup de points communs, une sensibilit�, un go�t pour les histoires, une m�me vision de la soci�t� . Mais il est un personnage de fiction et moi je suis r�el ! A Cuba, les gens le consid�rent comme quelqu�un de r�el et me demandent de ses nouvelles, comment il va, s�il va se marier bient�t, etc. Ils sont attach�s � lui comme je le suis aussi. A travers ses �motions, je peux faire passer ma vision des choses et mes histoires. C�est pourquoi Conde s�est retrouv� li� � l�intrigue de cette chanteuse de bol�ros, histoire que je voulais �crire depuis tr�s longtemps. Conde partage aussi ma vision de Cuba et me permet d��tablir , dans mes romans, un �tat des lieux des maux de l�Ile.

Ce roman offre en effet un nouveau constat lucide et d�senchant� sur Cuba. Comment a-t-il �t� re�ut l��bas ?

Vous savez, ma vision de Cuba ne pla�t pas � tout le monde mais tant que je peux faire mon travail, �tre �dit� l�-bas, et y �tre lu, je suis heureux. Il y a une semaine j�ai re�u pour la premi�re fois un prix litt�raire � Cuba. Les choses avancent et je fais mon travail, en marge des probl�mes politiques. J�essaie dans mes romans de parler des duret�s de cette ville qui me touchent, comme le manque de nourriture qui � de l�importance dans Les Brumes du Pass�. Une population qui est pr�te � se s�parer d�une biblioth�que remplies de souvenirs afin de pouvoir manger ce sont des choses qui marquent un romancier. Je voulais parler de la valeur unique, sentimentale et mercantile d�un livre et de ce qui surgit dans l��me des gens qui sont contraints de s�en s�parer. C�est une situation tr�s d�licate qui touche tout pays dans le besoin.

Donnez-nous des nouvelles du Conde. Pouvons-nous esp�rer qu�il va, dans le prochain roman, se lancer pour de bon dans cette aventure de l��criture qu�il remet encore � plus tard dans les derni�res pages des Brumes du Pass� ?

Le Conde devrait un jour devenir un personnage de film. Nous avons d�j� une adaptation de pr�te mais c�est tr�s compliqu�, vous savez, de trouver les fonds n�cessaires pour tourner un film. Il y a aussi le probl�me du tournage. Une production nord-am�ricaine n�aurait pas la permission de tourner � Cuba. Je suis donc sollicit� par des productions latines et fran�aises. Si je choisissait aujourd�hui un acteur pour incarner Conde, ce serait Jorge Perrugoria, l�acteur de Frase et chocolate. Mais rien ne presse. Lorsque je vois dans vos rues les affiches du film Le Grand Meaulnes, je me dis que rien ne sert d��tre press�. En attendant je travaille sur mon prochain roman qui traitera de l�assassinat de Trotski, et Conde n�y sera pas pr�sent. Par contre, je peux vous dire que mon tout dernier roman, ce sera Conde qui l��crira ! Mais ce n�est pas demain la veille !

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Le dernier roman de l��crivain cubain Leonardo Padura est de ces r�cits qui vous attrapent d�s la premi�re page, vous embarquent dans un flot d��motions et ne vous l�chent pas totalement une fois la derni�re page tourn�e.

Mario Conde, personnage attachant et attach� � la plupart des romans de l��crivain cubain, est encore une fois le principal protagoniste de ce nouveau roman. Ici, le Conde n�est plus policier comme auparavant, il s�est retir� pour se convertir en un dr�le de vendeur de livres.
Noble promotion pour ce r�veur parfois d�sabus� qui se prom�ne de romans en romans dans l'univers de Padura. Conservant son temp�rament sensible et � l��coute de ses pr�monitions, Conde, � qui l�on ne peut s�emp�cher de pr�ter les traits du visage de l��crivain, revient avec une nouvelle intrigue m�lant, avec une tr�s grande justesse, des �motions poignantes. L'ancien inspecteur Conde plonge dans un pass� qui se disperse en brumes douces, obscures et enivrantes. Son nouveau m�tier consiste � racheter des biblioth�ques particuli�res aux cubains dans le besoin afin de les revendre � des am�ricains fortun�s ou de riches cubains. A chaque nouvel achat, il est t�moin de poignantes confessions rapportant la vie des livres, les histoires qu�ils ont travers�, conservant entre leurs pages us�es certains lourds secrets. C'est dans cet univers particulier et � l�occasion d�une nouvelle biblioth�que � acheter que vont surgir en lui des �motions enfouies depuis des ann�es. En tombant sur le portrait de Violeta del Rio, ancienne chanteuse de Bol�ros, dans un livre pr�cieux, l'�me de l'inspecteur se r�veille en lui m�l�e � un de ses pressentiments ent�tants et il sait d�sormais qu'il lui faudra en savoir plus.

La litt�rature contre l�amn�sie

Au fil des pages, ces brumes enveloppent le lecteur d'une douceur et d'une m�lancolie qui ne nous quittent pas. Mais derri�re l'intrigue d�licieuse, nous avons devant les yeux un bilan assez terrifiant de ce qu' est devenu Cuba , entre mis�re et in�galit�s, course aux dollars et combines en tout genre. Encore une occasion pour Padura de nous parler clairement de cette ville qui �avance trop vite et dont je ne sens plus le pouls comme le dit le Conde.
Le constat se tisse entre d�sillusions et trafics port�s par la nouvelle g�n�ration qui n'a pas froid aux yeux et qui se damnerait pour quelques billets verts. Padura fixe noir sur blanc une �poque et ses tourmentes lorsque son Conde tente d�en d�chiffrer une autre. Et derri�re, en toile de fond, r�gnant comme un reine sur les �motions et les sensations des personnages : la litt�rature, � qui il rend un merveilleux hommage. L�amour des livres et leur force, les tr�sors qui demeurent ou meurent entre des pages, des liens consid�rables entre des g�n�rations : autant de jolies r�v�rences faites dans ce roman au monde livresque et � la culture.
Padura sait manier tr�s justement le m�lancolique et le suspens dans une �criture m�lodieuse, habit�e par le rythme de l�air de bol�ro qui avance aux c�t�s de l�intrigue.

Olivia Michel



 
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