Le prix sonneur des Lilas

Interviews
Entretien avec Emmanuelle de Boysson, présidente du jury du prix des Lilas

Comment est né le Prix Lilas ?

Tout a commencé par une boutade entre Jessica Nelson et moi. C’était il y a trois ans, au cours de la remise du prix Décembre : « Et si nous montions un nouveau prix de femmes ? » L’idée était lancée. Nous nous sommes donc réunies, Cécile David Weill, Nathalie Rheims, Tatiana de Rosnay, Jessica et moi-même autour d’un déjeuner. Nous voulions créer un jury éclectique, composé de femmes issues d’horizons différents. À l’époque nous pensions nous adosser à un journal. Nous avons donc pris contact avec un magazine qui a accepté de créer un prix de l’essai. Mais, très vite, nous avons réalisé que nous nous étions un peu éloignées de notre envie de départ et de notre volonté d’indépendance. Nous sommes donc revenues à notre première idée en créant le Virginia’s Club (en hommage à Virginia Woolf). Nous nous réunissions régulièrement dans des cafés pour évoquer nos coups de cœur littéraires. Et surtout, nous constations que la plupart des prix littéraires sont remis à des hommes par des hommes et qu’il était temps qu’un prix exclusivement féminin existe, le Fémina couronnant des romans masculins. Peu de temps après, nous avons parlé de notre projet à Carole Chrétiennot, la responsable de la communication du Flore et de la Closerie des Lilas, qui, par chance, souhaitait également monter un prix de femmes à La Closerie et redonner à ce lieu mythique tout son prestige littéraire. Elle a accepté avec enthousiasme de nous accueillir au sein de la Closerie et le
prix est devenu « Le Prix Lilas », un nom finement suggéré par Jessica.

Votre jury se compose d’un bureau de cinq membres permanents (Tatiana de Rosnay, Jessica Nelson, Carole Chrétiennot, Stéphanie Janicot et vous-même) et d’un jury tournant. Pourquoi un tel choix ?

En fait, nous étions trop nombreuses ! Nous avons contacté beaucoup de personnalités (écrivains et journalistes) et la plupart d’entre-elles ont répondu oui. Parce que nous aimons toutes ces femmes, il était important pour nous que chacune d’entre-elles participe à cette aventure. La solution du jury tournant s’est imposée d’elle-même. Les
jurés de cette année le seront d’ailleurs peut-être une nouvelle fois dans deux ou quatre ans. Elles sont ainsi plus libres de leurs choix. Et puis, tous les prix littéraires sont fixes et c’est ce qui pose bien souvent des problèmes. Chaque année, ce sont les mêmes personnes qui choisissent le même type de livres et qui finissent par perdre leur enthousiasme du départ. Le roulement permet donc plus de souplesse, plus d’indépendance.

Pourquoi un prix exclusivement féminin ?

Nous souhaitons rétablir un équilibre entre des jurys littéraires majoritairement masculins et le lectorat, largement féminin. En effet, les lectrices d’aujourd’hui ne se reconnaissent pas toujours dans les choix des jurés masculins. Par ailleurs, les femmes écrivains sont de
plus en plus présentes dans la production littéraire. Le Prix Lilas contribue donc à refléter la place grandissante des femmes dans la littérature qu’elles soient écrivains ou lectrices. Bien entendu, il ne s’agit pas de s’opposer aux les autres prix mais de proposer une
nouvelle approche, plus jeune, plus féminine. Nous avons donc fait une première sélection d’une douzaine de romans de la rentrée de janvier, puis six et enfin le Prix Lilas. Nos débats sont très passionnés et se font dans un excellent esprit. Nous avons tout le temps été très proches les unes des autres, à l’écoute des sensibilités de chacune. Parce que le Prix Lilas, c’est avant tout une histoire d’amitié, de solidarité et de respect.

Ellen Salvi


Emmanuelle de Boysson
Ed.
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Last modified onjeudi, 23 avril 2009 17:41 Read 2262 times
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