Rencontre avec Sergi Pàmies, écrivain espagnol

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Par quoi avez-vous commencé ?

Poésie, encore de la poésie jusqu'à 20 ans. Au service militaire, dans l'armée, j'ai découvert le plaisir d'écrire des lettres pour les soldats qui ne savaient pas écrire et qui, surtout, ne savaient pas que dire à leurs fiancées (ça arrive !). Je suis donc devenu Cyrano Pàmies, et j'ai découvert le plaisir de parler des autres avec ma voix, faire tomber amoureux les fiancées des soldats... Cinq ans plus tard, j'ai écrit mon premier livre de nouvelles, édité chez Jacqueline Chambon : Aux confins du fricandeau.

Les influences : amis, grands écrivains ?

Des amis, oui, des auteurs amis, oui, même des auteurs ennemis! Le cinéma, la publicité, la musique, le football : j'aime bien chercher les modèles narratifs autre part que dans la littérature. J'apprend à écrire pas seulement en lisant mais aussi en regardant un match de foot, les meilleurs pubs de l'année ou en écoutant, par exemple, Il est cinq heures, Paris s'éveille, chantées par le grand, l'inimitable Jacques Dutronc.

Vos activités dans l'écriture sont multiples : vous écrivez pour vous, pour un public qui ne s'intéresse pas forcément à la littérature (éditorialiste sportif pour El Pais) et pour d'autres auteurs (en tant que traducteur). Dispersé ?

Je n'écris pas seulement pour l'écriture mais aussi pour m'amuser. Ce n'est pas un péché, j'espère ! Traducteur, éditorialiste sportif, et je travaille aussi à la radio. Il est agréable de se faire payer pour accomplir les choses que je ferais même gratuitement. Alors comme j'aime écrire et le football, quand on m'a proposé d'écrire sur le championnat espagnol et la réalité du F.C.Barcelona, j'ai accepté, enchanté. Pour les traductions, simplement : je lis des livres que j'aimerais voir traduits, je les conseille aux maisons d'éditions qui me demandent alors bien souvent de les traduire moi même. J'ai traduit Apollinaire, Agota Kristof, Jean-Philippe Toussaint et Jean Echenoz en catalan, Amélie Nothomb en espagnol. Prochainement Frédéric Beigbeder, également en espagnol. Je crois que j'en n'oublie aucun...

Vous sentez-vous proche d'un quelconque courant littéraire ?

L'unique courant que j'aime, c'est le courant d'air. Je me sent beaucoup plus proche de Boris Vian que de Houellebecq, et d'Éric Cantona que de Beigbeder. J'ai vu peut-être trop de courants... Et j'ai admiré beaucoup d'écrivains. Maintenant, j'en admire moins. John Irving, Quim Monzó, Julio Cortázar, Donald Westlake... Pourquoi ? Je me souviens d'une pub quand j'étais môme. Un pub d'huile, je crois. Elle disait : Pourquoi ? Et bien parce que...

La situation de l'écrivain espagnol : différente du français ?

L'écrivain n'as pas beaucoup de prestige en Espagne en comparaison avec la France. Cela donne une production plus sélective et les écrivains espagnols, même ceux qui écrivent beaucoup, écrivent moins que les écrivains français.

La traduction : une expérience épanouissante ? Angoissante ?

La traduction, pour moi, est un exercice de nostalgie. En traduisant, je récupère mon contact avec le français et j'apprends a écrire à la manière d'un autre, ce qui me désintoxique de moi-même. L'angoisse ? Bon, si ce n'est pas l'angoisse d'être infidèle à l'écrivain traduit, c'est l'angoisse d'être infidèle à autre chose. Il y a toujours une infidélité dans l'air, vous ne croyez pas ?

Votre prochaine oeuvre, qui ne devrait pas tarder à sortir en France ?

Mon dernier ouvrage s'appelle Le dernier livre de Sergi Pàmies. Il y a là de l'ironie. Je voulais réfléchir sur la disparition des titres. Les gens entrent dans les librairies et demandent "Le dernier roman d'Echenoz", on oublie les titres, on se trompe de titre, alors c'est une manière de prévenir les lecteurs : attention, les titres existent! C'est un livre de nouvelles. Neuf histoires tristes mais que les gens lisent avec un sourire sur les lèvres...



Jessica Nelson


Sergi Pàmies
Ed.
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