#115 - Du 10 f�vrier au 01 mars 2009

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La femme visible

Olivia Rosenthal n�en est pas � son coup d�essai. A son actif, six fictions � elle h�site sur l�appellation de romans, avant tout per�ue comme une commodit� d��tiquetage �ditorial - et une pi�ce de th��tre, qui lui ont d�j� permis d�imprimer sa marque dans le sillon de la litt�rature fran�aise contemporaine. Pourtant, On n�est pas l� pour dispara�tre � titre on ne peut plus opportun - est certainement le livre qui la porte r�ellement sur le devant de la sc�ne litt�raire. Retenue sur la premi�re s�lection du prix Goncourt, elle demeure en course pour le prix Wepler. Rencontre avec cette �crivain dynamique et inventive.

� Je m�appelle Olivia Rosenthal. J�ai trente-neuf ans. Je suis n�e � Paris dans le neuvi�me arrondissement �

Tels sont les quelques indices, encore plus lapidaires que la biographie concoct�e par son �diteur, dont Olivia Rosenthal pars�me son dernier livre. D�cid�ment, si l�on souhaite en savoir un peu plus sur elle, il va falloir creuser au-del� de ces pages. Et pour cause, si ses �crits sont forc�ment teint�s par son exp�rience et ses souvenirs personnels, l�autofiction n�est pas sa tasse de th�.
L�autre, l�homme en g�n�ral, la fa�on dont il agit ou r�agit avec ses contemporains et les limites qu�ils lui fixent, le sens de la vie et comment s�accommoder de l�existence. Voil� plut�t les questionnements qui traversent l��uvre d�Olivia Rosenthal. Dans son dernier opus, c�est au cas d�Alois Alzeihmer qu�elle s�attache. Car la maladie de A. qu�elle a choisie comme fil directeur n�est autre que celle de la d�g�n�rescence des cellules � laquelle ce docteur allemand a donn� son nom. Olivia Rosenthal se serait-elle sentie investie d�une mission de pr�vention consistant � sensibiliser les plus jeunes aux souffrances de leurs a�n�s et � �veiller les consciences de ses concitoyens quant � ce qui les guette tous un jour ou l�autre ? � On n�est pas l� pour dispara�tre �, affirme-t-elle. � On �, c�est tout le monde. Car le probl�me avec Alzeihmer, c�est que s�il affecte corporellement et mentalement une personne, c�est l�ensemble de son entourage qui en souffre. Par cons�quent, on est tous, de pr�s ou de loin, concern�s ou amen�s � l��tre.
La question n�est donc pas pourquoi parler de cette maladie mais plut�t comment. Car, elle l�avoue elle-m�me, �crire sur cette maladie est impossible du fait � qu�au bout d�un moment les malades d�Alzheimer ne parlent plus. Prendre la parole � leur place et imaginer ce qu�ils peuvent penser est compliqu�. Il s�agit v�ritablement de b�tir une fiction, ce qui est une entreprise un petit peu d�sesp�r�e parce que l�on sait bien que l�on remplit des endroits qui sont vides. �
De tels commentaires, ajout�s au choix de la maladie comme sujet, la feraient passer pour aust�re. C�est tout le contraire. Pleine d�allant, curieuse, elle est sans cesse � l��coute des autres, m�me quand elle �crit. On n�est pas l� pour dispara�tre est d�ailleurs le fruit de ce savant m�lange d��criture �tay� par un travail de terrain compos� autant d��tudes documentaires que de prises de contact et de � discussions � avec les malades et leur entourage. Apr�s des r�cits, si ce n�est lin�aires, du moins plus classiquement litt�raires, ce texte marquerait-il l�entr�e d�Olivia Rosenthal dans le territoire du docu-fiction, genre bien c�t� chez les r�alisateurs du petit �cran ? C�est � une tout autre sorte de t�moignage qu�elle aspire � comment pourrait-on d�ailleurs oser parler � la place de ceux qui souffrent r�ellement ? Humaniste plut�t que sp�cialiste ou sociologue, elle entrechoque langues et langages afin de restituer un semblant de sens et de communication l� o� il semble avoir d�sert�. C�est d�ailleurs le tour de force qu�elle r�alise en composant un r�cit nourri de malheurs et pourtant r�solument optimiste. Une version r�aliste mais non lacrimale et d�nu�e de pathos de l�approche de cette maladie. Si on lui demande comment elle con�oit On n�est pas l� pour dispara�tre, elle r�pond qu�il traite de �la force de vie. Ce n�est pas un livre joyeux par le sujet, mais j�esp�re que l�on y comprend les types d��nergie que l�on peut mettre dans la vie pour accepter des choses qui sont de toute fa�on in�vitable. � Agir pour acc�der � quelque chose, faire surgir du sens. Une obsession qui lui semble n�cessaire et vitale. Une obsession qui requiert une m�thode qu�elle s�impose de suivre avec le plus de discipline possible.
C�est l� qu�on la d�couvre �galement joueuse. Etat d�esprit qu�elle souhaite communiquer � son lecteur en l�invitant � rompre l�unilat�ralit� de la lecture en se soumettant � un certain nombre de tests bien plus angoissants que ceux des mensuels f�minins. Car ni le d�can ni le soleil ne sont en jeu, mais bien notre m�moire. Celle qui fait de nous ce que nous sommes, nous ancre dans le quotidien et nous porte vers l�avenir. Cette chronologie qui nous guide et qui soudain peut s��tioler lorsque les neurones s�emm�lent. Donn�e d�autant plus cruciale pour un �crivain dont la t�te est l�outil m�me de son travail. La superstition ne serait-elle d�ailleurs pas la clef de l��criture de ce texte, ainsi qu�elle le laisse entrevoir � quelques moments ? Pour conjurer, le sort, rien de mieux que ce mode de lecture participative dont les vertus prophylactiques demeureront certes ind�montrables mais dont l�aspect ludique et pluriel recr�e une communaut� rassurante.
Sophistication pu�rile, mascarade intellectuelle que d�aucuns consid�rent avant tout comme aga�ante ? Pour elle, la provocation n�entre pas en ligne de compte. Elle est avant tout un d�clencheur d��criture et un aiguillon de lecture. A l�image de ses titres, qui remportent pour certains des records de longueur, d�incongruit� et d��laboration : L'homme de mes r�ves ou les mille travaux de Barnab� le sage devenu Barnab� le b�gue suite � une terrible m�saventure qui le priva quelques heures durant de la parole ou Les aventures de J.H. le s�mite. Pour Olivia Rosenthal, les titres pr�existent souvent au texte. Certains, comme le pr�c�dent, surgissent et s�imposent � elle comme une �vidence ou une contrainte � partir de laquelle elle doit construire quelque chose. On n�est pas l� pour dispara�tre serait plut�t l�exception qui confirme la r�gle. Il a �t� l�aboutissement plut�t que d�but, l�id�e �tant de tenter de cr�er un slogan, un refrain musical dont chacun pourrait se souvenir ais�ment et se rappeler fr�quemment. Ou comment s�orienter doucement vers d�autres modes et supports d��criture ? Si les concerts ne sont pas � l�ordre du jour, elle a entam� une tourn�e d�un autre genre, donnant � ses textes une seconde vie : une s�rie de lectures-performances au cours desquelles elle r�interpr�te et digresse autour de son dernier texte, seule ou accompagn�e, triturant et malmenant la m�moire.
On n�est pas l� pour dispara�tre, on l�aura compris. Pour ne pas faire mentir cet adage, Olivia Rosenthal multiplie donc les interventions. Au risque de s�y perdre ? Que l�on ne s�inqui�te pas du t�lescopage �ventuel de ses projets. Elle travaille actuellement son ubiquit�. Ainsi, lors de la derni�re Nuit blanche, elle �tait annonc�e � Paris pendant que d�autres l��coutaient � la Roche sur Yon. Aucune annulation n�a �t� signal�e. Quel est son secret ?...
En attendant de le percer, rendez-vous en 2008 au 104, rue d�Aubervilliers. Ces anciennes pompes fun�bres vont �tre transform�es en grand lieu culturel de la ville de Paris. Olivia Rosenthal a �t� charg�e d�y r�aliser un projet inaugural : � l�architecture en paroles �. On a h�te.

Laurence Bourgeon

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