#115 - Du 10 f�vrier au 01 mars 2009

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J�r�me Lambert contre son gr�

"Je ne pensais pas que la presse branch�e allait aimer ce livre." Au premier plan du tryptique litt�raire fran�ais propos� par les �ditions de L�Olivier en cette rentr�e litt�raire 2003, J�r�me Lambert ne conna�tra pas le m�me sort que ses accolytes Bertrand Robillard et Jean-Christophe Millois (auteurs, respectivement, de L'homme qui penche et Les beaux jours, dont nous vous parlerons cette saison). L� o� la hi�rarchie des talents n'a pas de sens - en litt�rature -, Lambert m�rite la distinction supr�me de plus grand chevalier nu.


Parce que la presse a besoin d�expressions, Olivier Cohen, pour d�finir son �curie a parl� de "jeunes gar�ons sensibles". J�r�me approuve vaguement. "Avoir trouv� ce slogan fait partie de son travail. Cela veut certainement dire quelque chose." Quoi donc ? "Comme dans le Fragment du discours amoureux de Barthes, je pense que la vraie subversion est de toucher aux sentiments." Pour reprendre un titre de Christophe Honor�, Lambert, une lance dans chaque main (Tous les gar�ons et les filles, son premier roman jeunesse, �d. L'�cole des loisirs, et La m�moire neuve) part � la conqu�te de La Douceur. Les ressemblances entre les deux auteurs est rapide, frappante, dangereuse : m�mes �diteurs, m�mes vestes en cuir, m�me g�n�ration, m�mes jeans d�lav�s, m�me indolence. Christophe pourrait �tre son p�re. J�r�me pourrait �tre son fr�re. M�me parent�.


N� en 75, 1 m�tre 82 au garrot, ce fils unique n'�voque sa famille qu'avec une prudente timidit�. Chaque jour, sur le chemin du lyc�e, il passe devant l'hospice de vieux chant� par Barbara (Nantes). Install� � Paris depuis quatre ans, les souvenirs de son enfance "heureuse, plut�t heureuse et compliqu�e", finissent par encombrer cette vie d'�crivain en red�finition constante. Il faut oublier, tout peut s'oublier, du moins que l'on "reste fid�le � soi-m�me et dans la progression. C'est peut-�tre �a grandir." Il ne gardera du pass� qu'une tendresse particuli�re pour son "troupeau de cousins" sur les chemins de la c�te Atlantique. L'affaire de l'enfance-adolescence est quasi-close : il �crira pour la jeunesse ("vivier pour exp�rimenter l'�criture") et travaillera consciencieusement pour l'Ecole des Loisirs, �diteur jeunesse : "les romans ne donnent pas de mauvaises id�es, ils exorcisent les pulsions". Il emploie ainsi le "je" pour la fiction jeunesse. Tous les gar�ons et les filles raconte l'histoire de Julien, un lyc�en p�d� : "Pour ce qui est de mes progr�s en mati�re de sociabilisation et de camaraderie virile, je suis en plein constat d'�chec." Tirant sur ses Gauloises blondes l�g�res, il pourrait en dire autant sur l'arr�t du tabac. "Les sujets comme la drogue, la mort ou la sexualit� ne sont des tabous que du c�t� des parents. Les �l�ves sont les premiers � dire que les histoires qu'ils lisent ne sont que des images." Pr�cisant bien que la litt�rature jeunesse, sans nostalgie, n'est plus ce qu'elle �tait, il conclut avec certitude, cheveux en bataille, bague au pouce : "Nous ne sommes plus � l'�poque des manuels de savoir-vivre !"


Tout juste sorti de son boulot � "L'Ecole", La m�moire neuve, roman "adulte", est un prolongement d�cid� de son travail empoignant les ar�ons d'une �criture seule et pr�venante : "Tu m'aides quand tu fais le plein d'essence, quand tu me regardes en croyant que je dors, quand tu mets la cassette, quand tu vas me chercher du Coca et quand tu ne me demandes aucune explication." Sur la banquette d'un lounge pas loin de chez lui, Lambert boit son Coca, d�tourne l'attention, parle des autres : Olivier Adam, Arnaud Cathrine ou Richard Morgi�ve. Quelques-uns qui pourraient, comme lui, faire pleurer pour une canette achet�e par amour dans une station-service. L'embrigadement dans la po�sie des "serviettes mouill�es", du "t�l�achat hollandais", de la "troisi�me cigarette" lui est propre : "Je mords dans le sandwich sans quitter Romain des yeux. Il encaisse, il accepte de jouer le chauffeur de mes envies. Tout �a parce qu'il m'aime. Tout �a parce que quand on baise ensemble on existe enfin. c'est comme si tout ce voyage en voiture, son sandwich, le Coca tout � l'heure, tout ne tenait qu'� ces minutes brutales quand je le tiens sous mon corps. Quand je l'embrasse en entier."

Quand la montre du J�r�me en question, une montre carr�e, bracelet cuir noir, lui dit de rentrer boire du Coca, quand il ne se passe plus rien, qu'on reprend le m�tro alors que lui, il rentre � pied, on relit des passages de cette M�moire neuve d'un homme � cheval. Sans selle. Sans �perons. Sans mors. La bouche ouverte, on relit cette phrase : "Je ne t'ai peut-�tre pas tout racont� mais j'ai essay�."



La m�moire neuve, J�r�me Lambert
L'Olivier, 156 pages, 15 �


Tous les gar�ons et les filles..., J�r�me Lambert
L'Ecole des loisirs, 112 pages, 8 �



Par Ariel Kenig

 
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