#0 - Du 20 f�vrier au 15 mars 2008

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Vies d'artiste


Journ�e portes ouvertes dans le petit monde de l�art contemporain. Entrez dans Tout est beau, vous serez ensuite guid�s par Marc Solal et d�couvrirez les ateliers d�artistes sous une lumi�re nouvelle, celle de l�ordinaire merveilleux. Rencontre.

Marc Solal, pourriez-vous vous pr�senter en quelques mots � nos lecteurs ?

Je suis artiste plasticien, une appellation assez obscure, j�en conviens. Il y encore vingt ans, un artiste �tait soit peintre, soit sculpteur, soit graveur, soit photographe... Aujourd�hui, il peut choisir parmi toutes ces disciplines celle qui servira le mieux son intention. C�est pour cette raison que mon travail prend la forme d�installations o� j�utilise la photo, le texte et parfois m�me la vid�o. C�est �galement pour cela que Tout est beau est n�. Dans ce cas pr�cis, l��criture semblait �tre le medium le mieux adapt� pour exprimer mon imaginaire. Avec le temps, je me suis rendu compte que j��prouvais autant de plaisir � �laborer une histoire qu�� r�aliser une image.

Tout est beau est votre premier recueil de nouvelles. Comment est-il n� ?

J�ai �crit ma premi�re nouvelle il y a environ dix-neuf ans. � l��poque, j�avais install� dans mon atelier un cercle de plumes blanches pos�es � m�me le sol. Quand les visiteurs marchaient trop vite, certaines plumes s�envolaient. Du coup, ils ralentissaient leur pas. De cette observation est n�e l�id�e d�une nouvelle qui se trouve dans le livre. Par la suite, il m�est arriv� d��crire de petites histoires, toutes mettaient en sc�ne un artiste. Il y a deux ans, j�ai ressenti la n�cessit� d�en �crire davantage et je me suis enti�rement consacr� � ce travail. Certaines nouvelles sont rest�es inchang�es, d�autres ont �t� remani�es. Une heureuse rencontre avec Charles P�pin qui dirige une collection chez Hachette Litt�ratures a ensuite permis � ce livre d�exister.

Pourquoi avoir privil�gi� la nouvelle � la forme romanesque ?

C�est difficile de r�pondre car je n�avais aucune intention litt�raire. Je voulais simplement raconter des histoires, de celles qui font voyager loin. Il me semble toutefois que le texte court est plus proche de l�image ou du geste.

En quoi vos activit�s d�artiste plasticien nourrissent-elles votre cr�ation litt�raire et inversement ?

Je ne crois pas en une interaction unique entre art plastique et �criture. Un livre, un film, un op�ra, une musique, une sc�ne surprise dans la rue ou dans un caf� peuvent nourrir mon imaginaire. Depuis dix ans, mon travail de plasticien tourne autour du th�me de l�identit�. Un jour, alors que je me trouvais dans une salle d�attente, je suis tomb� sur une revue � people �. La une du magazine �tait consacr�e � une starlette au physique quelconque qui d�clarait : � Maintenant, j�ai droit au bonheur �. Je me suis alors demand� pourquoi on consacrait une couverture � ce type de platitudes alors qu�autour de moi, �voluaient des personnes dont les vies, les physiques et les r�flexions �taient bien plus int�ressants. De ce constat est n� un travail que j�ai appel� Doubles vies (Le Point du Jour �diteur). Le principe de cet ouvrage �tait simple : un m�me portrait photographique accol� � deux curriculum vitae dissemblables, l�un r�el, l�autre imaginaire.

Avez-vous, en art plastique comme en litt�rature, des mod�les ?

Ce ne sont pas des � mod�les � � proprement parler, mais il me semble �vident que des personnages comme Marcel Duchamp ont laiss� un h�ritage immense. Duchamp a par exemple donn� aux artistes le droit de se lib�rer des contraintes de l��motion. En litt�rature, Cl�ment Rosset a sans doute beaucoup enrichi mon travail. Surtout Le R�el et son double et Fantasmagories.

Vous avez publi� plusieurs livres pour enfants. Voyez-vous beaucoup de diff�rences entre �crire pour la jeunesse et �crire pour un public adulte ?

Non, je n�en vois aucune. Une id�e me vient, je l��cris et ce n�est qu�ensuite que je vois � quel public elle est destin�e. Des livres comme Jamais (�d. Motus) qui raconte l�histoire d�un petit gar�on qui ne veut pas vieillir ou Le Petit roi (�d. Motus) qui montre les limites de la toute puissance, abordent des th�mes qui parlent � chaque g�n�ration. Quand j�ai r�alis� les images du livre La T�te dans les nuages (�d. Motus), j�ai constat� qu�il fonctionnait aussi bien avec des enfants de trois ans qu�avec des personnes �g�es.

Revenons � Tout est beau. Chacune de vos histoires nous introduit dans le monde de l�art contemporain. Pourquoi avoir choisi une telle toile de fond ?

Tout simplement parce que c�est la toile de fond de ma vie professionnelle depuis vingt ans. Je crois que j��tais moins effray� par l�id�e d��crire sur un domaine familier. En r�gle g�n�rale, quand un artiste �crit sur l�art, le r�sultat est excessivement th�orique, voire r�barbatif. Dans Tout est beau, l�art est surtout un pr�texte pour parler de l�humain. D�ailleurs des personnes �trang�res au monde de l�art contemporain m�ont dit avoir pris beaucoup de plaisir en le lisant. Cela me rassure car je me dis que je pourrais peut-�tre �crire sur d�autres sujets�

Vous semblez partager avec des auteurs tels que Delerm et Fleischman, le go�t pour l�humour absurde et le quotidien r�enchant�. Avez-vous le sentiment d�entrer dans une famille d��crivain ?

S�il s�agit de � famille litt�raire �, celle que vous me proposez me convient tout � fait !

S�enfermer dans la cr�ation est-il un moyen d��chapper au r�el ? Malgr� les efforts qu�ils font pour s��lever, vos personnages sont-il condamn�s � �tre happ�s par l�ordinaire ?

S�enfermer dans la cr�ation, ou dans un tout autre travail d�ailleurs, peut �tre une fa�on d��viter le r�el. Mais ce n�est pas du tout ma d�marche. T.S. Elliot disait : � L�artiste sera d�autant plus parfait que seront compl�tement s�par�s en lui l�homme qui souffre et l�esprit qui cr�e. � Je suis un homme de l�instant. Ce sont les petits d�tails du quotidien qui me font r�ver : une cravate oubli�e sur un banc public, une ombre port�e ou une lumi�re sur un mur.... J�aime conserver une place pour l��tonnement.

Pour lesquels de vos personnages avez-vous le plus de tendresse ? Certains d�entre eux vous ressemblent-ils ?

Je crois que m�me si certains sont moins sympathiques que d�autres, je me retrouve un peu dans tous les personnages de ce livre. Cependant, j�ai une tendresse particuli�re pour cet artiste enferm� dans une prison turque, qui dans l�isolement et le d�nuement le plus total, r�alise pendant des mois une oeuvre invisible aux autres.

Pour finir, pourriez-vous nous parler de vos projets ?

Je vais d�abord dig�rer l�aventure qu�a repr�sent�e l��criture de ce livre. Ensuite, je t�cherai de revenir au calme pour laisser les id�es me tirer de ma paresse naturelle!

Propos recueillis par Ellen Salvi


 
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