Prix France Télévision: au cœur du jury

Depuis six semaines, j’ai pour mission de lire les essais que m’a aimablement envoyé la personne en charge de l’organisation du prix France Télévisions. Tâche dont je me suis par ailleurs acquitté avec probité et circonspection.

9H00 : J’arrive à l’entrée du salon. J’attends des amis, férus de littérature comme moi, venus à l’occasion de ce vingt cinquième salon du livre dont le thème central est la littérature russe. Ah ! Gogol, Pouchkine, Dostoïevski et vous mes chères Anna et Lili, que d’heures sublimes j’ai passé en votre compagnie !

9H20 : J’arrive devant l’entrée. Des personnes m’interpellent. Elles ont remarqué mon carton d’invitation à l’emblème de France Télévisions. Nous faisons connaissance et devisons gaiement sur les livres qui nous ont été proposés. Une dame d’un certain âge m’avoue discrètement être nouée du fait de l’enjeu de ce prix.

9H35 : Nous rentrons enfin dans ce sanctuaire de la littérature et nous mettons sur la piste du point de rendez-vous. Chacun tient son plan en mains. Nous nous égarons un peu. Le salon est encore assez désert cependant et le moral au beau fixe comme le temps à l’extérieur.

9H45 : Nous parvenons enfin au forum. Une collation matinale a été prévue. Chacun se rue sur le buffet. J’ai bien mangé ce matin. Je peux attendre et observer.

9H50 : Chacun cherche son nom et sa place pour s’installer.

10H00 : Bernard Pivot ouvre la séance, nous rappelant les consignes : se présenter et défendre le livre que nous avons choisi. Sont également présents : Françoise Xénakis qui officie dans « Télématin » (France 2), Olivier Barrot, chic et décontracté, qui anime « Un livre un jour » sur France 3 mais aussi Christian Tortel (L’Actualité littéraire /RFO) ou encore les croniqueurs littéraires des journaux de France 2 et France 3, soit respectivement : Geneviève Moll (Journal de la nuit/France 2) et Jean-Jacques Peyraud (12/14, 19/20 et Soir 3/France 3).
D’autres, eux aussi en charge d’émissions littéraires à France Télévisions n’ont pas fait le déplacement. Tant pis pour le jury !
Bernard Pivot, l’idole de James Lipton, demande alors à une personne située à sa droite de choisir une lettre de l’alphabet. Celle-ci opte pour le J.Aucune personne présente dans cette assemblée ne porte de nom débutant par cette lettre, c’est donc le K qui sera choisi. Une jeune femme d’origines irlandaises à l’honneur de faire débuter le tour de table, table autour de laquelle sont réunis vingt cinq jurés. Et après ça comment ne pas croire à la numérologie !

11H20 : Mon tour arrive enfin.Pivot regarde sa montre. Nous sommes en retard.
Je suis dans les derniers à parler. Que dire de plus ? Chacun a bien défendu le livre qu’il veut primer. D’excellents arguments ont déjà été donnés pour celui que j’ai choisi de défendre : Noirs dans les camps nazis de Serge Bilé. Mon intervention est donc courte mais percutante, du moins j’ose l’espérer. .

11H30 : Chacun a parlé, le choix peut commencer. L’organisatrice nous fait part de ses réserves quant au livre d’un auteur. Malaise ! Un des auteurs sélectionné apparaît et croit bon d’en rajouter.
Le premier tour commence cependant. Peu à peu le choix se précise.

12H00 : Le jury a déjà voté par cinq fois. Frédéric Ferney (« Le bateau livre/France 5)est arrivé lors du quatrième tour. Ce tour sera celui du choix décisif.
Reste en lice le livre de Serge Bilé et celui de Jean-Pierre Vernant. Pivot demande à deux personnes de se faire le défenseur de chaque ouvrage. Un homme, avocat de formation, se charge de défendre l’ouvrage de vernant. Sa plaidoirie se fait surtout diatribe contre le livre de Bilé. Pivot cherche un défenseur pour ce livre. Personne n’ose.
Bien qu’ayant un grand respect et une profonde admiration pour Vernant, je lève la main et je prends la parole afin de soutenir une nouvelle fois le livre de Bilé.

12H05 : Les derniers bulletins sont dépouillés. Vernant a gagné à une voix près. Je suis un peu déçu même si ce choix est très bon. Il est toutefois celui du consensus mou et de la frilosité française à ouvrir les pages de son passé colonial.

12H15 : L’auteur apparut à 11h30 traite le livre de Bilé d’ «ouvrage de propagande ». Bilé apparaît avec Daniel Picouly. Je vais les saluer et leur ré-affimer mon admiration et mon soutien. Une vive polémique s’enclenche entre Serge Bilé et Geneviève Moll à propos de l’attribution du prix.
Audrey Pulvar (Soir 3/France 3) fait une brève apparition. Elle illumine l’espace par sa seule présence.
Dommage qu’Elizabeth Tchoungui ne soit pas venue, mon bonheur eût alors été complet !

12H30 : L’annonce définitive du est faite conjointement par Marc Tessier, président de France Télévisions et de Bernard Pivot, président du jury, en direct dans le journal de la mi-journée de France 3. Jean-Pierre Vernant est absent. Il est représenté par le directeur de la collection dans laquelle a été publié son ouvrage au Seuil. Il parle bien tant de l’auteur et de l’homme. Une vraie émotion passe alors.

12H35 : Pivot nous convie tous à monter sur l’estrade pour la photo collégiale. Enfin, chaque participant est invité à se diriger sur le stand de France Télévisions afin de participer aux agapes de cette fin de journée d’attribution du prix essai France Télévisions.
Une nouvelle cohue joyeuse s’ensuit !

Christophe Chevaucherie

Charles Patin_O_Coohoon



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Last modified onlundi, 08 juin 2009 20:39 Read 3143 times