Rencontre avec David Foenkinos

Interviews
Inversion de l'Idiotie (de l'influence de deux Polonais), est-ce un livre stupide ou un essai phénoménologique sur la Pologne?



C'est une vraie ambigüité, mais il faut se souvenir de la phrase de Zappa : ce qui est complétement idiot se révèle aussi être génial.



C'est l'histoire d'un simple d'esprit : est-ce un roman autobiographique ?



Alors merci, on parle d'un simple d'esprit, et toi, directement, tu penses à moi. Non, ce n'est pas autobiographique, mais j'aurais souhaité que ça le soit. Quand on observe un simple d'esprit, il y a une certaine fascination. On a même envie de devenir un simple d'esprit. Il y a tellement de gentillesse dans cette simplicité... Cela renvoie à un stade primitif où tout n'était qu'amour ou haine, à une palette très restreinte.



Alors qu'est-ce que c'est, l'inversion de cette idiotie ?



Je considère que cette palette, justement, c'est un cercle. C'est vrai pour tous les sentiments que l'on pousse à l'extrême : tu es dans une colère noire, et subitement, tu peux toucher un calme blanc ; si tu marches trop vite... eh bien, au bout d'un moment tu t'arrêtes... non, non, ça, c'est n'importe quoi ! Avec l'idiotie, c'est la même chose.



Mais tu dis : "c'est dans la mascarade que tout s'inverse".



Oui, il faut un déclencheur : ce sont les Polonais. Ils arrivent sur scène, et tout tombe dans la bouffonnerie surréaliste.



Pourquoi des Polonais ?



C'est presque du Boulevard. Il faut essayer l'expérience... Prenez deux Polonais, ramenez-les chez vous, et vous verrez ce qui se passe. Et puis, j'ai toujours eu l'impression, en relisant Proust, qu'il manquait un petit quelque chose, et ce quelque chose, c'était justement les Polonais.



Alors, finalement, tu es allé te finir chez Gallimard ?



C'est vrai que c'est une petite maison, il fallait les aider. Ils ont plus vraiment d'auteurs de qualité. Je me suis dit que c'était pas mal de les aider à se relancer. Parce que moi, c'est vraiment pour les aider.



A part aider Gallimard, quel était ton objectif ?



L'objectif se trouve dans le divertissement. En écrivant, j'espère faire rire les autres. Et pourquoi ? Parce que tous mes souvenirs importants en littérature sont des souvenirs de rire. Mais tout ceci se fait malgré moi. J'invente des personnages, ils sont là, et ils disent des bêtises. Ce n'est pas de ma faute...



Est-ce qu'un écrivain peut se contenter de faire rire?



Non. L'important pour moi, c'est l'écriture. Parfois, certaines phrases s'imposent vraiment à moi. Après, il m'arrive de composer un chapitre ou une partie autour d'une de ces phrases. C'est aussi pour ça, je crois, que mon livre est un livre littéraire.



Ta lectrice idéale ?



Ma femme.



Ton univers en quatre mots ?



Je vais d'abord reprendre Le Monde du vendredi 4 janvier 2002 : "délicieux et loufoque". Puis mon éditeur : "fou et mou"...



Toi, en quatre mots ?



Fatigué, épuisé par moi-même, épuisé par les autres, et pas vraiment moderne.



On a l'impression que tu mènes une enquête perpétuelle dans ta vie. Que cherches-tu ?



Savoir qui j'étais avant.

Florian Zeller

Inversion de l'idiotie
David Foenkinos
Ed. Gallimard
216 p / 15 €
ISBN: 2070763986
Last modified onlundi, 04 mai 2009 20:07 Read 4025 times