Mon vieux

Enquêtes
On ne pense jamais à lire l'essentiel. Toujours à chercher des lectures supposées intéressantes sur les conseils avisés de site ou magazines littéraires. Alors que l'idéal se trouve en bas de chez soi : le kiosque...
Et quand sur de grands élans de curiosité on se prend à aller droit devant le bastion hausmannien, on passe, quand même, à côté de ce qui est l'essence même de la narration et du journalisme : le Nouveau détective (ou Détective pour les plus de cinquante ans). Sorte de recueil de faits-divers qui s'inspire toujours des entrailles de la société et qui débute du genre " ce jour-là tout paraissait paisible dans la petite ville de Bezu St Eloi jusqu'au moment où les habitants se rendirent compte que leur avenir ne sera plus jamais le même après... " .

Thierry Jonquet lui au moins est un grand lecteur du Détective. Et il ne manque pas de le rappeler au début de son roman par un si " intrigant " " les ennuis - les vrais - commencèrent le lundi 19 mai 2003 .
Mais attention Mon vieux n'est pas un roman policier. D'ailleurs il n'a de policier que le nom de l'éditeur et à la rigueur un dénouement pas si imprévisible que ça .
Alain Colmont, devenue scénariste pour la télévision sur le tard cherche de l'argent pour faire opérer sa fille, défiguré par un accident de scooter. Daniel Tessandier, Rémiste erre dans le Belleville cher au coeur de Jonquet. Un vieil homme dans une jambre d'hôpital, des aides soignants et bientôt un mort .

Plutôt un roman social donc. Le livre, avant le chapitre premier, commence par une rapide description des personnages pour les situer dans un contexte... social. Ah ! le roman noir social ! " le portrait d'Alain Colmont est tout autre. Les ennuis lui tombèrent sur le dos dès son plus jeune âge, mais tout au long de sa vie il sut faire preuve d'une véritable rage pour surmonter les difficultés, les chagrins. La détresse qui marqua son enfance et son adolescence... "

Fahrenheit 03/2003

Et ici pas de serial killer (de quoi ?) de serial killer. Point de Norman Bates ou d'Hannibal Lecter pour brandir leur couteau ou leurs dents. Pourtant Mon vieux est roman armageddon avec un record de mort à la clef. Le coupable : la canicule, au statistique impressionnante : 15000 en un mois. Car l'intrique se déroule lors d'un certain été 2003.
Du coup on retrouve les tristes héros estivaux , Cantat et Trintignant . Rebelote avec Patrick Peloux, Abenhaim, Mattei et les autres. Démontrant que la société est suffisamment noire, Thierry Jonquet inscrit son roman dans le temps. Des dates et... des chiffres . Des chiffres pour rappeler la réalité, des dates pour la souligner et des faits-divers qui orchestrèrent notre si ensoleillé été 2003. Autour de la trame principale, de nombreuses descriptions, on découvre le milieu hospitalier, que Jonquet connaît bien pour y avoir travaillé, Belleville... Une plongée dans les rebords de la société française.
Au final trop de descriptions qui obscurcissent cette histoire française qui baigne déjà dans la moiteur de l'été. On ne serait trop conseiller de préférer parfois faire un tour chez son kiosquier.

Charles Patin O'coohoon


Mon vieux
Thierry Jonquet
Ed. Seuil policiers
323 p / 17 €
ISBN: 2020557908
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:53 Read 2220 times