Max Jacob, la croix et son ombre

Chroniques
De l’Arrestation et la Mort de Max Jacob à Maxi-Maxou, la Différence publie coup sur coup deux beaux ouvrages sur le poète Jacob, disparu le 5 mars 1944. Soixante ans plus tard il convient de ne pas voir en Max Jacob un simple esthète du verbe et du langage mais également l’homme de la transfiguration d’une vie partagée entre la croix et son ombre.

Né d’une étoile qui tragiquement deviendra jaune et mort la croix sur le cœur, la religion Max… La religion. Des quartiers de Paris à vos quartier de Saint Benoît, du dandysme mondain à la retraite spirituelle, deux vie Max, deux personnes.

Votre histoire débute sur les hauteurs de Paris, sur les hauteurs de la ville. Montmartre.
Ah, la Montmartroise ! Vous l'avez rencontrez la bohème montmartroise! Adopté même. Avec vous, Picasso, Poulenc, Radiguet et tant d'autres. La rue Ravignan et les cœurs enlacés de ses portes-drapeaux où les jolies filles et les beaux garçons se promènent chaussés d'espadrille, vous l'aimiez n’est-ce pas. Et le Bateau-lavoir ?
Le monde qui vous entoure, l’art. Des peintures, une certaine Histoire du roi Kaboul Ier et du marmiton Gauvain, vous êtes de toutes les parties artistiques, de tous les paris littéraire...
On vous aurait même volé le surréalisme.
Mais bientôt les vapeurs de l'éther vous empêchent de voir et au bout de quelques instants, vous croyez entendre un murmure vague et il semble que tout l'intérieur de votre corps devient léger, léger comme l'air, qu'il se vaporise.

Et puis il y a cette matinée de 1909 où le Christ vous apparaît. Certains diront que c'est simplement une illusion visuelle provenant du reflet d'un ouvrier venu changé une lucarne. Pour d'autres, ce n'est que la perception du tableau que vous peigniez, au moment de vous endormir ou une hallucination par la drogue. C'est faux. Hein Max. Qu'importe ! Cinq années plus tard, c'est au tour de la Vierge de vous rendre visite. Résultat, les fonds baptismaux et Picasso qui vous arrose.

A l’ombre d’un autel

Vous êtes montré du doigt. Désignez comme Adam en son temps par une certaine intervention divine chez un certain Michel-Ange. Vos deux doigts se rencontrent, la grâce vous touche. Adieu Panam, adieu dandysme. Vous voilà à Saint Benoît-sur-Loire. Durée du traitement spirituel : 7 ans. Un séjour de quelques années dans votre Paris et vous retournez définitivement à Saint Benoît. Nous sommes en trente-six et l’Europe a mauvaise mine.
Hélas la guerre, que vous redoutiez tant, éclate. Malaise, douleur. L'étoile jaune au bras, mais la croix sur le cœur.
Vous, tragique chroniqueur d’une mort annoncé, disiez déjà "mais peut-être aussi mourrai-je en exil et sans prêtre catholique ou en prison, ou dans un camp de concentration. C'est bien possible. Me voici avec la face de la mort. Lèvres blanches, yeux enfoncés, plus de tromperies qui vaillent, plus de mensonges diplomatiques, la mort est dur moi, la mort est en moi".

La Guestapo vous arrête un jeudi 24 février 1944. Direction Drancy. Direction la mort.
Tous s’agitent autour de votre libération. Mais rien n’y peut. La poésie perd. Max est mort.

Charles Patin O’Coohoon

Arrestation et mort de Max Jacob
Editions de la Différence,15 euro
Maxi-Maxou
Editions de la Différence, 8 euro

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Last modified onlundi, 26 avril 2010 18:52 Read 4883 times
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