Aux Antipodes
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Trancher : est-ce ou n'est-ce pas un bon roman ? Epineux. Je dirais que pour un second roman c'est plutôt réussi, malgré quelques écueils.
Toile de fond : des îles paumées et ruinées au fin fond du Pacifique. Deux bobos d'âge moyen envoyés par la célébrissime agence Babel pour réaliser un reportage à caractère peuso-économique, destiné à attirer des investisseurs potentiels. Ils atterrissent dans un univers complètement décalé et hors du temps, qu'ils vont vivre à l'heure de leurs Rollex et des bras suaves d'autochtones plutôt accueillants.
On aime : principalement, les personnages. Adam et ses joutes intellectuelles sans fin. Adam et l'inanité de ses raisonnements, Clara et son babil plus que vide. Clara et ses battements de cils, son spleen capricieux. Clara et les leçons de sexisme qu'elle donne aux mâles trop empressés. Et puis, notez : d'un réalisme grinçant et tordant on passe à une trame abstraite, vécue sous forme de songe. Des discours un brin spiritualisant, mais surtout empreints d'une superficialité à couper le souffle. Et pourtant on sait que ces êtres ne sont pas des débiles en puissance. Frédéric Chouraki parvient à nous faire gober le contraste. Magistralement
C'est le semi-échec de la mission d'Adam et Clara qui les condamne à rester Aux Antipodes en attendant d'empocher la signature du Ministre. Qui les plonge dans une vile mais ô combien agréable torpeur (non sans rappeler une atmosphère à la 37°2), sur fond de violence ethnique. Les Antipodes sont sur le point de devenir le théâtre d'une guerre civile dont ils n'ont cure, mais dont ils ont peur.
Là où le bateau coule : un récit qui s'étire démesurément, on n'en voit pas la fin. Hôtel, partie de plongée, boîte de nuit ; hôtel, plongée, boîte, avec une variante " visite au ministre ". Ah oui, une petite visite sur l'île d'à côté. Plongée, dîner, dodo, récits des uns et des autres, qui titillent ceux qui n'ont pas la chance d'avoir de partenaire de jeux. Les caractères des uns et des autres ne cessent de s'accentuer, mais sans l'approndissement qui eût été nécessaire. Les personnages deviennent des sortes de bouffons plus tout à fait crédibles. On ne retient d'eux que quelques traits saillants et salissants, que l'auteur souligne et resouligne.
Malgré tout le livre vaut son détour. Il est drôle et drôlement bien léché stylistiquement. Un bol de farces et d'ironie, qui récuse toute fraîcheur de ton au profit de tournures désabusées au dernier degré. Et puis, faire l'impasse sur un roman parce qu'il pèche en longueur et en rythme n'est pas une raison suffisante : la première et la troisième partie sont bonnes. Plongez dans les vacances comico-tragiques d'Adam et Clara : il y a un début vif et amusant, un milieu pas toujours très palpitant, et une fin qui retombe sur ses pattes.
Jess De Visscher
Aux Antipodes
Frédéric Chouraki
Ed. Le Dilettante
221 p / 15 €
ISBN: 2842630424
Toile de fond : des îles paumées et ruinées au fin fond du Pacifique. Deux bobos d'âge moyen envoyés par la célébrissime agence Babel pour réaliser un reportage à caractère peuso-économique, destiné à attirer des investisseurs potentiels. Ils atterrissent dans un univers complètement décalé et hors du temps, qu'ils vont vivre à l'heure de leurs Rollex et des bras suaves d'autochtones plutôt accueillants.
On aime : principalement, les personnages. Adam et ses joutes intellectuelles sans fin. Adam et l'inanité de ses raisonnements, Clara et son babil plus que vide. Clara et ses battements de cils, son spleen capricieux. Clara et les leçons de sexisme qu'elle donne aux mâles trop empressés. Et puis, notez : d'un réalisme grinçant et tordant on passe à une trame abstraite, vécue sous forme de songe. Des discours un brin spiritualisant, mais surtout empreints d'une superficialité à couper le souffle. Et pourtant on sait que ces êtres ne sont pas des débiles en puissance. Frédéric Chouraki parvient à nous faire gober le contraste. Magistralement
C'est le semi-échec de la mission d'Adam et Clara qui les condamne à rester Aux Antipodes en attendant d'empocher la signature du Ministre. Qui les plonge dans une vile mais ô combien agréable torpeur (non sans rappeler une atmosphère à la 37°2), sur fond de violence ethnique. Les Antipodes sont sur le point de devenir le théâtre d'une guerre civile dont ils n'ont cure, mais dont ils ont peur.
Là où le bateau coule : un récit qui s'étire démesurément, on n'en voit pas la fin. Hôtel, partie de plongée, boîte de nuit ; hôtel, plongée, boîte, avec une variante " visite au ministre ". Ah oui, une petite visite sur l'île d'à côté. Plongée, dîner, dodo, récits des uns et des autres, qui titillent ceux qui n'ont pas la chance d'avoir de partenaire de jeux. Les caractères des uns et des autres ne cessent de s'accentuer, mais sans l'approndissement qui eût été nécessaire. Les personnages deviennent des sortes de bouffons plus tout à fait crédibles. On ne retient d'eux que quelques traits saillants et salissants, que l'auteur souligne et resouligne.
Malgré tout le livre vaut son détour. Il est drôle et drôlement bien léché stylistiquement. Un bol de farces et d'ironie, qui récuse toute fraîcheur de ton au profit de tournures désabusées au dernier degré. Et puis, faire l'impasse sur un roman parce qu'il pèche en longueur et en rythme n'est pas une raison suffisante : la première et la troisième partie sont bonnes. Plongez dans les vacances comico-tragiques d'Adam et Clara : il y a un début vif et amusant, un milieu pas toujours très palpitant, et une fin qui retombe sur ses pattes.
Jess De Visscher
Aux Antipodes
Frédéric Chouraki
Ed. Le Dilettante
221 p / 15 €
ISBN: 2842630424
Last modified ondimanche, 28 août 2011 19:43
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