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Les zombies se livrent

Chroniques

Cantonné auparavant dans la littérature de genre, le personnage du zombie devient une figure incontournable pour les scénaristes et les romanciers. À la clé : suspense et dénonciation du genre humain.

Les premiers zombies de l’ère contemporaine remontent à 1968, quand La Nuit des morts-vivants de l’Italo-Américain George A. Romero sort sur les écrans. Un film culte pour toute une génération, qui fait la synthèse parfaite de la société de consommation : dans sa suite Zombie, les créatures butent, décervelées, dans les travées d’un centre commercial où sont réfugiés les derniers humains. Le thème est aussi une métaphore puissante de notre peur de la contamination, de la fin du monde. Le zombie a en cela remplacé l’atome à la première place des peurs d’autodestruction de l’humanité. Trente ans après les films de Romero, ces affreux ont envahi les scénarios : The Walking Dead, Resident Evil… les films, séries et jeux vidéo qui en comptent sont innombrables. Mais la mode fait aussi des émules parmi les écrivains « classiques », qui relisent ce mythe moderne, en y ajoutant, c’est le cas de le dire, un petit supplément d’âme. Passons sur le potache Orgueil et préjugés et zombies du pasticheur américain Seth Grahame-Smith, paru en 2009, une parodie enlevée du classique de Jane Austen, avec de vrais morceaux de goules à l’intérieur. D’autres prennent la chose plus au sérieux, comme Pit Agarmen, alias de Martin Page, ou Julien Péluchon, auteurs de deux romans, qui revisitent totalement le thème (voir chroniques ci-dessous).


Le goût des autres

Une histoire de zombies qui se passe vers Rouen au xxe siècle vaut-elle le détour ?… On vous laissera trouver une réponse après avoir parcouru Pop et Kok, deuxième roman de Julien Péluchon, sorti l’été dernier. Les deux héros éponymes parcourent un monde désolé, comme il se doit, et y survivent tant bien que mal. L’originalité du roman tient avant tout au traitement tout à fait surréaliste de l'histoire par l'auteur, avec notamment des centrales électriques où les zombies pédalent afin de produire du courant. Ami lecteur, on t’aura prévenu ! ❙

Pop et Kok,
Julien Péluchon, Ed. Seuil,
162 p., 16 euros.


Questions de survie
Le texte commence comme le mythique roman de l’écrivain et scénariste Richard Matheson, Je suis une légende : un homme survit seul à une invasion zombie. À ceci près que tout se passe dans un appartement haussmanien et que le héros n’a pas le profil de l’emploi. Ce roman de Martin Page, qui se cache sous ce pseudo en anagramme, remet les pendules à zéro. La survie n’est pas une défense contre l’extérieur mais bien une lutte contre l’ennemi intérieur. Trop court mais dense, voilà en tout cas une lecture pour apprécier à nouveau la compagnie des gens. ❙

La nuit a dévoré le monde,
Pit Agarmen, Robert Laffont,
228 p., 18 euros.

Last modified onsamedi, 15 décembre 2012 11:17 Read 3459 times
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